D’un bout à l’autre du spectre politique, ne se passe pas un jour ou presque sans que la laïcité ne soit brandie comme un étendard ou un repoussoir, selon la sensibilité.
A gauche, à l’exception notable d’une poignée d’irréductibles proches de Manuel Valls et du Printemps républicain, la laïcité est brocardée en survivance du néocolonialisme français et blanc. A droite, les ténors, de Xavier Bertrand à Marine Le Pen, ont adopté la définition traditionnelle de la laïcité. C’est-à-dire, outre la séparation des cultes et de l’Etat, la séparation entre espace public, neutre, et espace privé, libre d’être confessionnel. Cependant, la loi de 1905, qui, rappelons-le, ne fait figurer le terme de laïcité à aucun endroit du texte législatif, est souvent mis en avant comme un « idéal d’émancipation ». Ce qui correspond en effet à la volonté de ses inspirateurs, radicaux-socialistes et libres penseurs.
Certains voudraient faire de la laïcité un athéisme d’Etat, à l’instar de l’Albanie communiste d’Enver Hoxha, « premier Etat athée au monde »
C’est là que le bât blesse. La laïcité n’est pas une fin en soi. Elle est un mode d’organisation de la société, qui permet, par la neutralité confessionnelle de l’Etat et la séparation stricte entre le politique et le cultuel, la paix et la concorde civile, en évitant les guerres de religions. En outre, si l’Etat a légitimement un droit de regard sur la pratique des cultes, via les articles de la loi de 1905 relatifs à la police de ceux-ci, il ne s’ingère pas dans leur fonctionnement interne. La liberté de culte est donc légalement garantie. Certains voudraient faire de la laïcité un athéisme d’Etat, à l’instar de l’Albanie communiste d’Enver Hoxha, « premier Etat athée au monde ».
Ce n’est pas l’objet de la loi de 1905. Car si ses pères-fondateurs voulaient séculariser l’espace public, jamais, ô grand jamais, il n’a été question d’interdire purement et simplement l’exercice du culte. De même, la distinction entre cultuel et culturel est fondamentale. Si l’Etat est neutre cultuellement, il ne l’est pas culturellement. Le Général De Gaulle expliquait cette nuance par une formule lapidaire : « La République est laïque, la France est chrétienne ».
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N’est-ce pas d’ailleurs la République qui institua la « fête de Jeanne d’Arc et du patriotisme », « Sainte de la Patrie », comme fête nationale en 1920 ? N’est-ce pas le très laïque Clemenceau qui, s’il refusa d’assister au Te Deum d’action de grâce à Notre-Dame de Paris le 11 novembre 1918, déclama le même jour à la Chambre des Député un discours magnifique sur la France « hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité, toujours soldat de l’idéal » ?
Pendant quasiment un siècle, entre 1918, après la fin des tensions avec les catholiques suite à la promulgation de la loi de 1905, aux inventaires, et à l’expulsion des congrégations, et 1990, avec l’affaire du voile de Creil, la France a connu une longue période sans tensions religieuses. La loi de 1905 est donc une réussite, et est d’ailleurs plébiscitée, à raison, par les Français.
La République est laïque parce que la France est chrétienne
Nous savons ce qui crée aujourd’hui de nouvelles crises, ferments d’une nouvelle guerre de religions. C’est la présence, inédite, de l’islam sur le sol français. A cet égard, la question du culturel doit donc se poser. Et notre culture est, quoi qu’en disent certains amnésiques, massivement imprégnée de christianisme, et plus singulièrement de catholicisme. La phrase de Charles De Gaulle précédemment citée mériterai donc une légère modification. Proposition : La République est laïque parce que la France est chrétienne [...]
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