« À chaque fois que vous vous retrouvez à penser comme la plupart des gens, faites une pause et réfléchissez ». Cet aphorisme de Mark Twain pourrait être pour chacun une invitation à la survie.
Les dirigeants, les « élites », les gens de spectacle, les médias bien-sûr, les footballeurs même de ce pays nous mobilisent constamment pour des guerres saintes : pour l’Ukraine, pour les femmes iraniennes, pour l’antiracisme, pour la démocratie, pour le féminisme, pour la tolérance, les chats et la planète.
Leur péan est toujours accompagné de gestes puissants, dont on ne sait trop ce qu’il faut admirer le plus, du courage ou de l’audace. Tels mettent un genou à terre dans un stade ou portent un brassard arc-en-ciel ; telles se coupent solidairement une mèche de cheveux ; telle autre brandit les mains en Assemblée nationale, en faisant un geste symbolisant un vagin ; tel autre, dans un répertoire plus élevé, fait le pantin à l’ONU, à grands renforts de coups de menton ; tel autre se résout à ne manger que de l’herbe ; tel autre encore, pousse l’exemplarité héroïque jusqu’à porter un pull à col roulé.
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Il est à craindre, hélas, qu’il y ait des gens que tout cela suffit à émouvoir et à mobiliser. Pensez, en particulier : les pauvres ukrainiens, les pauvres iraniennes, les pauvres discriminés ! D’aucuns vibrent à ces gestes, portés par le formidable appétit de moralisme dont ils sont eux-mêmes déjà contaminés. Ils ne désirent rien tant, prosélytes à leur tour, que de le voir s’étendre au monde entier : à ce que l’on doit dire, à ce que l’on doit faire, à ce que l’on doit penser, aimer ou haïr, comme un air à respirer à pleins poumons, pour que ce monde régénéré par tant d’intelligence et de vertu démocratiques soit enfin délivré du mal qui l’étreint. [...]
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