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Législatives : Nupes à taux constant, le RN grand vainqueur

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Publié le

15 juin 2022

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Alors que la classe médiatique et politique s’égosille depuis dimanche sur la « victoire » de Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour des législatives, une analyse fine des résultats suggère plutôt que c’est le Rassemblement national (et la droite) qui en est sorti grand vainqueur. Explications.
MLP

Depuis dimanche soir, la classe médiatique et politique n’a d’yeux que pour Jean-Luc Mélenchon, qu’il s’agisse de l’encenser ou de récriminer ; de le monter en porte-drapeau d’une grande révolution des mœurs ou d’en faire le sectateur d’une entreprise de destruction nationale. Une analyse plus fine indique pourtant des résultats tout autres.

Gauche radicale : une victoire en trompe-l’œil

Car la somme des gauches en ces législatives 2022, réunie cette fois sous la bannière Nupes, dépasse à peine ses résultats passés. En 2017, le bloc de gauche obtenait 25,49% (5 772 313 électeurs) si l’on additionnait LFI (11,03%), le PS (7,44%), EELV (4,30%) et le PCF (2,72%). En 2022, alors même qu’il n’est plus d’homme de gauche qui puisse être perdu en macronie par fidélité hollandienne comme en 2017, elle grimpe péniblement à 26,11%, et ne séduit donc que 150 000 électeurs supplémentaires. Contrairement à tout ce qui a pu être dit, la dynamique du bloc de gauche est donc fort modeste – et ce alors que la campagne de Jean-Luc Mélenchon a été unanimement, et à raison, saluée, ce dont l’on conclut, sauf à démentir ce que l’on vient juste d’avancer, qu’il a réussi à mobiliser son électorat. De fait, en imposant pendant plusieurs semaines l’idée qu’il pourrait devenir Premier ministre, il a réussi à faire croire – tout en sachant que c’était proprement invraisemblable – et a fait de la Nupes le grand événement politique des deux derniers mois.

Lire aussi : Jacques Bompard : « La défaite de la droite est le fruit de la bêtise et de l’idiotie »

Si Nupes semble être arrivée en tête des résultats, c’est donc bien en raison de l’élection en jeu, du mode de scrutin, de la configuration politique et de la forte abstention, bref d’une distorsion entre la réalité de l’opinion et la superstructure politique censée la représenter. Ainsi, le scrutin majoritaire à deux tours, la logique des trois blocs issus de la présidentielle et l’abstention qui rend plus difficile la qualification au second tour favorisaient nécessairement les grandes alliances dès le premier tour. C’est pourquoi, à part d’opinion constante, Nupes va transformer ses 72 députés en 150-190 députés, du seul fait de l’union. À la proportionnelle intégrale, l’effet Nupes est tout de suite moins visible : de 159 députés en 2017, la gauche radicale serait passée à 167 en 2022. La thèse d’une victoire de la Nupes et d’un retour fracassant (d’autant qu’il était inattendu) de la gauche est donc tout simplement faux.

Le RN, véritable vainqueur des législatives

À l’inverse, si dynamique il y a quelque part, c’est bien du côté du Rassemblement national, alors même que des tonnes d’éléments faisaient craindre une débandade. Les législatives et son scrutin à deux tours sont défavorables au RN, et ce d’autant que le contexte est à la faible participation (de 48,70% en 2017 à 47,51% en 2022). La problématique est particulièrement vive pour un parti dont l’électorat, majoritairement populaire et pas toujours politisé, a une forte propension à l’abstention en dehors de la présidentielle. Le contexte était aussi à la division de la droite, le parti Reconquête ayant présenté des candidats sur tout le territoire – et certains craignaient ou espéraient, selon les points de vue, que le faible score de la présidentielle, expliqué alors par le « vote utile », serait rehaussé. Ajoutons enfin que la campagne du RN fut unanimement jugée timide, pour ne pas dire ratée, en tout cas inaudible, face à une gauche unie qui a su préempter le discours médiatique.

Disposant de seulement sept députés, le RN pourrait en avoir aujourd’hui entre 25 et 35. Plus significatif encore, avec la proportionnelle intégrale, il passerait de 83 à 121 députés

Malgré ce contexte défavorable, le Rassemblement national fait mieux que bien s’en sortir : il est indéniablement le grand vainqueur de ce premier tour des législatives. De 13,20% en 2017 (2 990 592 électeurs), le RN est grimpé à près de 18,68%, en augmentant sa base électorale de plus d’un million d’électeurs (à 4 248 626). Qualifié au second tour dans 121 circonscriptions en 2017, il l’est aujourd’hui dans 208. Disposant de seulement sept députés, il pourrait en avoir aujourd’hui entre 25 et 35. Plus significatif encore, avec la proportionnelle intégrale, il passerait de 83 à 121 députés. Le tout avec à ses côtés Reconquête, fort d’un peu plus de 4% des suffrages et d’un million d’électeurs, et d’une partie substantielle des Républicains (11%), qu’ils soient ciottistes ou ex-zemmouristes rentrés à la maison.

Pour peu que l’on se penche sur la réalité sensible des résultats, au lieu de s’en tenir à la représentation politique réfractée par la superstructure électorale, tous les feux sont au vert pour la droite. Il ne lui reste qu’à s’unir derrière une seule et même figure de qualité, pour enfin sortir de son corner politique. C’est malheureusement aussi difficile qu’improbable.

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