Dick est d’abord un grand novelliste, un pasticheur du quotidien roué à la science du dialogue et au rythme percussif. Chaque nouvelle s’y donne comme une miniature politique et satyrique de son temps, et chacune porte déjà en germe les grandes thématiques qui en feront le génie que l’on sait. Comme il le dira lui-même, « les vrais personnages de la science-fiction, ce sont les idées », et Dick introduit au cœur de ses textes une spéculation sur le mode du « et si ? », hypothèse disloquant le terrain du réel.
Avec cette intégrale, c’est toute la gamme de couleurs d’un portraitiste surdoué de l’Amérique névrosée qu’il nous est donné de contempler, depuis la pantalonnade métaphysique jusqu’à l’exorde apocalyptique. Plus de soixante-dix ans après ces premiers textes, alors que les oriflammes du Faux battent dans la nuit existentielle de l’homme, que les masques peinent à dissimuler d’invariantes paranoïas et que le réel n’est plus qu’un îlot perdu dans la Mer des Chacun, Dick est-il encore si étonnamment actuel ? Marc Obregon répond quatre fois oui. [...]
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