Aujourd’hui, dans le sillage des affaires George Floyd et Adama Traoré, l’indigénisme et le décolonialisme sont avant tout défendus par des intellectuels blancs. Comment expliquez-vous cette réappropriation par les élites « souchiennes » de la nation ?
« Avant tout » je ne le pense pas, mais « notamment », et cela témoigne des progrès de la haine de soi chez les intellectuels français. Les activistes décoloniaux sont d’abord des individus issus des anciennes colonies ou de l’immigration maghrébine, qui postulent que la France est une nation intrinsèquement raciste, définie par un « racisme systémique », et qu’il y règne un « racisme d’État ». S’y ajoutent des intellectuels gauchistes, universitaires ou non, qui se sont ralliés au mouvement, y voyant un moyen de réaliser leur utopie révolutionnaire.
L’utopie de la société sans classes s’est enrichie grâce à cette potion magique qu’est l’« intersectionnalité » : ce qui fait rêver les militants « radicaux » aujourd’hui, c’est la société sans classes, sans sexes, sans races. Mais, en attendant le Grand Soir qui instaurera l’ère de l’indistinction, tout s’explique par la classe, le sexe (ou le genre) et la race. La grande nouveauté politico-philosophique, c’est la réhabilitation de la « race », en tant que « construction sociale ». Mais il est facile de voir que la couleur de peau constitue le principal marqueur de la « race ». Il y a là, sous le drapeau antiraciste et derrière le vocabulaire « constructionniste », un grand retour paradoxal à la vision racialiste la plus classique, fondée sur les différences de couleurs de peau entre les groupes humains.
Lire aussi : La guerre des races n’aura pas lieu [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !