Raphaël « El Rafi » Raucoule assume un paradoxe inhérent à sa vie : « J’aime le taureau par-dessus tout le taureau, et pourtant, ma vie, c’est de le combattre ». Le (très) jeune torero se définit pourtant avant tout comme un artiste. Matador – c’est-à-dire tueur en espagnol – certes, mais d’abord et surtout un magicien capable de révéler la grâce et la beauté chez un toro bravo, un véritable fauve de plus de 500 kilos.
Pour en arriver là, le jeune natif de Nîmes a connu une véritable initiation à l’art tauromachique (ami lecteur, si vous détestez la corrida, c’est le moment de tourner la page). « La corrida, je suis tombé dedans quand j’étais petit » plaisante le Gardois. Petit fils d’un bénévole aux arènes de Nîmes, la passion du toro coule naturellement dans ses veines. « Depuis très jeune, je ne rêve que d’être matador de toros, ça a toujours été ma vocation » se remémore- t-il. Naturellement, il rejoint à douze ans l’école taurine de sa ville, et commence à s’initier aux diverses passes de cape qui font toute l’esthétique de ce combat à mort entre l’homme et la violence de la nature. Le futur torero y acquiert petit à petit une éthique et un mode de vie qui ne sont pas sans évoquer celui des samouraïs: courage, honneur, don de soi, acceptation du tragique de la vie et de la mort. Au sujet de son rapport à la mort, El Rafi se fait plus grave : oui, la mort est l’aboutissement d’une corrida.
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L’affrontement, le ballet, la danse tragique entre le torero que protège sa seule muleta (la cape rouge, celle rose utilisée au début d’une corrida s’appelle un capote) et le taureau de combat ne peut que s’achever par la mort. Cependant, El Rafi le réaffirme : « Je suis d’abord là pour créer une esthétique, une harmonie à partir du chaos, de la violence, et de la force brute. Tuer n’est pas une fin en soi, mais l’aboutissement logique de cet affrontement ». [...]
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