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« Bonjour, je m’appelle Jacqueline, j’ai soixante-quatorze ans, et j’ai décidé, en janvier 2020, de mettre fin à mes jours ». Face caméra, une femme extrêmement bien conservée pour son âge, déclare tout de go vouloir se suicider. Un mauvais film de science-fiction sur un scénario de Michel Houellebecq ? Non, la réalité vue par la tête de gondole de Konbini News, le si charmant Hugo Clément.
Il est mignon Hugo Clément avec son jean slim retroussé dévoilant des Stan Smith immaculées portées sans chaussettes, et sa chemise à col Mao en jean, toujours, sous laquelle apparaît un tricot de corps blanc. Cheveux bien dégagés au-dessus des oreilles et sourire Toniglandyl, l’apparence juvénile du journaliste passé par l’école Yann Barthès rassure. On serait d’ailleurs tenté de croire que ce costume si lisse n’est pas un déguisement, mais bien ce qu’est Hugo Clément : un chic type bien dans ses baskets, bien dans son époque, pur produit du temps, ne se nourrissant que de riz blanc japonais et de soupes miso. Serait-il le petit-fils de Jacqueline, qui arbore fièrement des baskets argentés et une tenue rose Vanessa Bruno ou Comptoir des Cotonniers, devisant avec elle de la vie et de son corollaire, la dégradation des capacités physiques précédant la mort, inévitable et terrible, procédant au partage de l’héritage – villa au Cap Ferret et pied-à-terre parisien compris -, que nous ne serions pas même surpris.
Cette dame sait-elle qu’elle pourrait rater la réouverture du magasin Colette ? Le prochain album de Daft Punk ? La première femme musulmane à la Maison-Blanche ?
Empathique, doux, compréhensif, bref humain, Hugo Clément pose ces questions qui déragent avec un naturel déconcertant : « Vous avez l’air en très bonne santé, en pleine forme, mais vous avez pris une décision, c’est de mourir début 2020. Pourquoi ? » Ah ça, on se demande bien pourquoi ! Cette dame sait-elle qu’elle pourrait rater la réouverture du magasin Colette ? Le prochain album de Daft Punk ? La première femme musulmane à la Maison-Blanche ? L’invention des sushis au poisson sans poisson ? Quelle idée, mince, de vouloir mourir quand l’avenir s’annonce aussi triomphant ! Jacqueline est souveraine, elle a décidé de mourir début 2020. Issue de la génération des « boomers », elle n’a jamais connu la frustration, et fixera donc elle-même la date de sa mort.
L’humanité trans : demain tous dauphins !
Après tout, pourquoi pas, si cette dame, qui ne souffre d’aucune maladie dégénérative, veut se suicider, qui pourrait donc l’empêcher de le faire ? Si la prostitution est le plus vieux métier du monde, le suicide est bien l’une des plus anciennes manières de mourir. À cette nuance près que les prédécesseurs de Jacqueline ne fixaient pas la date de leur mort deux ans à l’avance, ni ne faisaient porter le poids de cette responsabilité sur la société toute entière. Jacqueline le dit elle-même : « Elle adore la vie » ! Mais elle refuse de ne pas pouvoir en « profiter ». Heureusement, il y a la Suisse qui propose à ceux qui le souhaitent de les assassiner, moyennant paiement, cela va de soi. Une spécialité helvète, au même titre que l’horlogerie ou le chocolat.
À l’image de ses enfants de dix ans déguisés en drag-queens, exhibés par leurs parents, cités en exemple dans certains médias, il faudrait se rallier au panache de cheveux blancs de vieillards jouisseurs et égoïstes, dont le principal mérite fut de thésauriser, de profiter d’un patrimoine hérité de l’embellie économique d’après-guerre.
Au troisième siècle avant Jésus Christ, le grand chef de guerre celte Brennos se plantait une épée en plein ventre au côté de ses plus fidèles hommes-liges, chassé qu’il fut par les populations vivant à proximité du sanctuaire de Delphes, courroucées par le saccage impie de ce lieu sacré consacré à Apollon. Un terme final à ce que l’histoire retiendra comme la « Grande expédition », la dernière de cette ampleur pour les Celtes en méditerranée orientale. Qu’a fait Jacqueline ? Vivre dans le confort ? Il lui est intolérable de faire un trajet en avion d’une heure pour pouvoir disparaître ? Faut-il qu’elle le crie sur les toits ? Qu’elle se donne en spectacle ? Qu’on lui tende un micro pour se convaincre du bien-fondé de son geste et nous convaincre par la même occasion ? À l’image de ses enfants de dix ans déguisés en drag-queens, exhibés par leurs parents, cités en exemple dans certains médias, il faudrait se rallier au panache de cheveux blancs de vieillards jouisseurs et égoïstes, dont le principal mérite fut de thésauriser, de profiter d’un patrimoine hérité de l’embellie économique d’après-guerre.
La société de la compassion a engendré un monstre terrifiant. Nous avions Sénèque. Place à Jacqueline.
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