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Chelsea Wolfe : « Au début, je portais un voile de deuil victorien pour monter sur scène »

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Publié le

28 février 2020

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A l’orée de sa tournée française, la Dark Diva se livre à L’Incorrect. La chanteuse californienne est revenue sur le devant de la scène le 13 septembre dernier en sortant un sixième album émouvant, Birth of violence. Celle que l’on compare parfois à Lana Del Rey version gothique dévoile avec cet opus une facette nettement plus folk de sa musique, mais toujours aussi sombre.

 

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’être musicienne ?

 

Quand j’étais petite, j’avais déjà le sentiment que je comprenais les choses différemment des autres. Après avoir suivi un cours de poésie à l’école, j’ai commencé à écrire des poèmes. J’étais alors très jeune. Beaucoup de ces poèmes abordaient la façon que de me sentir étrangère au reste du monde. Quand j’étais jeune, j’étais une sorte de paria. J’étais également très maladroite. Mon père était musicien et il avait un groupe de musique country americana. Il était souvent en tournée.

Quand j’étais jeune, j’étais une sorte de paria.

Il m’est venu à l’esprit, en l’entendant jouer, que les poèmes que j’avais écrits pouvaient être mis en musique : alors, un beau jour, j’ai demandé à mon père de m’aider à écrire une chanson et de m’apprendre à enregistrer. Des mélodies et des harmonies sont nées naturellement. J’ai continué à écrire des chansons de cette manière.

 

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Je crois savoir que vous vivez dans une maison isolée dans le nord de la Californie. Considérez-vous la solitude comme un moteur de créativité ?

 

Je ne suis pas seule ici, mais je considère que le fait de vivre isolée loin des villes peut être un excellent moteur pour travailler. J’écris et j’enregistre tout au long de l’année, que ce soit sur la route en tournée, en attendant mon rendez-vous chez le médecin, ou avant de m’endormir. À ce moment-là, la créativité vient naturellement, que je sois seule ou entourée de gens. Mais travailler peut parfois être difficile quand il y a beaucoup de distractions autour de soi, donc j’en suis venu à la conclusion que vivre dans les montagnes est vraiment bon pour moi, également pour ma santé mentale.

 

Au début de votre carrière, vous ressentiez un immense trac au moment de monter sur scène. Comment avez-vous finalement surmonté ce problème?

 

Au début, je portais un voile de deuil victorien en dentelle noire pour cacher mon visage au moment de monter sur scène. C’était pour moi comme une forme de protection mais, avec le temps, j’ai appris à utiliser d’autres techniques pour me protéger, comme la méditation, la visualisation, ou même un shot ou deux de vodka ! Il s’agit avant tout de rassembler ses forces autant qu’on le peut, afin de ne pas s’écrouler sur scène.

 

Quelles sont vos influences musicales ?

 

Dès mon plus jeune âge, j’ai été initiée par mes parents à des grands artistes comme Joni Mitchell, Johnny Cash, Fleetwood Mac, Black Sabbath. Dans mon adolescence et à la vingtaine, j’étais à fond dans le trip-hop et le rock comme Tricky, Queens of the Stone Age, Soundgarden, Deftones. Townes Van Zandt a été une influence énorme pour moi, ainsi qu’Ozzy Osbourne.

Dès mon plus jeune âge, j’ai été initiée par mes parents à des grands artistes comme Joni Mitchell, Johnny Cash, Fleetwood Mac, Black Sabbath.

Mes inspirations vont de la musique folk à la country traditionnelle en passant par le heavy metal et le rock des années 90.

 

Contrairement à vos précédents albums tels que Abyss (2015) ou Hiss spun (2017) qui avaient une approche plutôt metal/doom, ce nouveau disque, Birth of violence, sonne plus folk. Pourquoi une telle évolution ?

 

Après avoir enregistré deux disques très heavy et tourné pendant neuf ans en continu, quelque chose me poussait à ralentir et à faire le point sur ma santé mentale, physique et spirituelle. Quand j’étais débordée et fatiguée en tournée, je trouvais un certain réconfort dans le fait d’écrire des chansons acoustiques. C’est ainsi qu’est né Birth of violence.

 

Y a-t-il un concept derrière le titre ?

 

Ce n’est pas un album-concept en soi, mais il y a quelques thèmes qui sont liés entre eux. La « naissance de la violence » dont il est question consiste pour moi à prendre le pouvoir en tant que femme, à accepter mon destin de musicienne itinérante, mon amour de la nature et de la solitude, et à me réconcilier avec moi-même en mettant fin aux antagonismes.

 

Quelle est la source d’inspiration pour la pochette de ce nouveau disque?

 

Je voulais que le titre et la pochette de l’album aient un aspect théâtral et très dramatique. J’ai passé beaucoup de temps dans une librairie d’occasion quand j’étais plus jeune et j’étais souvent attirée par de vieux livres avec des titres grandiloquents comme Les Raisins de la colère ou Les Hauts de Hurlevent. Un titre comme Birth of violence m’a semblé du même acabit. La photo de la pochette a été prise par une artiste du nom de Nona Limmen qui photographie souvent les femmes dans une mise en scène quasi-mythologique.

J’étais souvent attirée par de vieux livres avec des titres grandiloquents comme Les Raisins de la colère ou Les Hauts de Hurlevent.

J’étais focalisée sur le personnage de Jeanne d’Arc et sa passion lors de la séance avec Nona. Les films d’Ingmar Bergman, la magicienne grecque Circé et la carte de tarot de la Grande Prêtresse sont également des sources d’inspiration pour cette photo.

 

La première chanson de ce disque, « The Mother Road », semble être une ode à la route 66 ; une autre chanson s’appelle « Highway ». La route est-elle une métaphore de votre carrière ou, plus généralement, un symbole de vie ?

 

Les deux. Je voulais écrire une de ces chansons classiques dans la tradition musicale américaine sur le fait d’être « sur la route », mais bien sûr à ma façon, donc c’est un peu plus énigmatique et ça fait référence aux nuits blanches et à la belle folie qui est y associée.

 

Dans plusieurs interviews, vous avez déclaré que la paralysie du sommeil dont vous souffrez (immobilisation et angoisse au moment de s’endormir ou de se réveiller) avait joué un rôle dans votre approche musicale au début de votre carrière. Est-ce toujours le cas ?

 

Mes problèmes avec le sommeil et les rêves seront toujours une inspiration pour moi, parce que ça a beaucoup de place dans ma vie. J’oscille entre des épisodes de paralysie du sommeil et des épisodes d’insomnie, et chacune de ses phases a ses propres terreurs et bénédictions. Quand je souffre d’insomnie, c’est souvent pendant une période très créative pour moi. La paralysie du sommeil est quelque chose qui s’insinue dans mon processus créatif sans que je m’en rende compte.

 

Vous avez souvent cité la poétesse américaine Sylvia Plath. Quels sont vos écrivains fétiches ?

 

Comme je suis quelqu’un qui aime les livres et la littérature, mais aussi en tant que personne en constante évolution, cette réponse pourrait changer en quelques semaines, mais je dirais que Haruki Murakami reste une influence énorme. La science-fiction subtile de Murakami et son approche du monde me sont très familières. Mais mis à part le dernier roman de Murakami, je préfère les essais depuis un an. J’essaie de me concentrer sur l’étude de l’histoire et des aspects du paganisme ou de la sorcellerie.

 

Dans une interview, vous avez également mentionné la philosophe ultra-libérale Ayn Rand. Que pensez-vous de ses opinions politiques ?

 

Je me suis rétractée publiquement après avoir déclaré que j’aimais Ayn Rand. J’ai lu Atlas Shrugged (La Grève), sans connaître le contexte quand j’étais plus jeune et j’ai trouvé que c’était une histoire d’amour fascinante. Mais je ne suis pas du tout d’accord avec les opinions de l’auteur !

 

Sur votre dernier disque, la chanson « Little grave » aborde la question des fusillades dans les écoles…

 

La chanson est seulement une réflexion sur ce problème malheureusement très commun aux États-Unis. Elle est censée être le portrait intime de ce que ressent un parent qui doit se lever chaque matin et essayer de s’endormir chaque nuit en devant affronter l’absence de l’enfant bien-aimé. C’est évidemment une chanson très triste et j’ai failli ne pas la mettre sur l’album, mais mes amis et des musiciens m’ont encouragé à le faire.

 

Votre chanson « Feral love » a été utilisée pour un trailer de la série Game of thrones ; « Carrion flowers » l’a été pour le spin off de Fear the walking dead. Avez-vous d’autres projets similaires ?

 

J’ai des chansons que ne sont pas encore sorties et qui pourraient être utilisées pour des spectacles, des films ou des bandes-annonces. J’aimerais beaucoup écrire la musique d’un film, c’est un de mes rêves. Je pense que je compose dans un esprit très cinématographique, c’est sans doute pour cela que les liens s’établissent.

 

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Comment avez-vous pris cette habitude de porter sur scène une robe victorienne ?

 

C’est juste un goût particulier pour la mode victorienne qui a grandi en moi quand j’étais plus jeune et que je vivais à Sacramento. Mes amis et moi louions tous des chambres dans des grandes et vieilles maisons victoriennes et nous avions des livres sur les vêtements et coutumes de deuil de cette époque. Il y a dans cette mode un romantisme qui m’attire et ce genre de vêtement m’aide à me sentir plus féminine, au contraire des robes futuristes sans forme que j’ai pu porter par le passé !


Votre citation préférée ?

 

« Nous ne sommes que des poussières d’étoiles. Nous sommes un moyen pour le cosmos de se connaître lui-même ». Carl Sagan.

 

Birth of violence

Chelsea Wolfe

Sargent House

15,11 €

Chelsea Wolfe sera en concert le 17 mars, à la Gaîté lyrique (Paris) et le 25 mars à la Chapelle de la Trinité (Lyon).

 

Propos recueillis par Mathieu Bollon 

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