Ça se bouscule, dans les couloirs de droite, sur la ligne de départ pour la présidentielle de l’an prochain. Marine Le Pen est candidate à l’Élysée. Nicolas Dupont-Aignan aussi. Jean-Frédéric Poisson également. Florian Philippot de même. Sans oublier François Asselineau. Sous réserve que tous obtiennent les parrainages requis, cela ferait donc cinq candidats classés à la droite de la droite. Puis six lorsque Éric Zemmour se sera déclaré. C’est beaucoup. Ce serait trop. Le risque, exprimé dans nos colonnes en avril dernier par la présidente du Rassemblement national : qu’elle ne puisse pas se qualifier pour le second tour, « ou, à tout le moins, [que cela l’empêche] d’arriver en tête, ce qui est également important ».
Le syndrome Taubira
Lionel Jospin n’ayant été devancé par Jean-Marie Le Pen que de moins de 200 000 voix, alors que Christiane Taubira en avait recueilli 660 000, le « syndrome Taubira » est dans tous les esprits, aussi ancré dans la tête des prétendants à l’Élysée ayant une chance de l’emporter que l’est le « syndrome Malik Oussekine » dans celle des ministres de l’Intérieur; il faut donc tout faire pour renvoyer au paradis des prétentieux les ambitieux dont le projet ne justifie pas qu’ils présentent une candidature distincte.
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On l’a oublié mais, en 2002 justement, quand Jean-Marie Le Pen accède au second tour, il bénéficie peut-être de la soustraction opérée par Taubira sur l’électorat de Lionel Jospin, mais il ne pâtit pas, lui, de la candidature de Bruno Mégret. Or non seulement l’ancien numéro 2 du Front national, désormais à la tête du Mouvement national républicain, s’est porté candidat mais il va recueillir 660 000 voix, soit plus de suffrages que l’ancien garde des Sceaux ! Pourquoi les uns auraient-ils manqué à Lionel Jospin, alors que les autres n’auraient pas été nécessaires à Le Pen ?
Parce que la cinétique électorale ne relève pas de l’arithmétique. Parce qu’en politique, les scores ne s’additionnent pas ni ne se soustraient, parce que deux et deux n’y font pas quatre comme le montrent les accords de désistement (lors des législatives par exemple), quelle que soit la proximité idéologique ou programmatique des candidats. Quand l’électeur vote pour X, c’est parce qu’il n’a pas envie de voter pour Y et rien n’est jamais venu prouver qu’il aurait opté pour Y si l’option X ne s’était pas présentée. Si Le Pen a pu affronter Jacques Chirac au second tour, c’est surtout parce que, côté Le Pen, il y avait une dynamique, et que, côté Jospin, il n’y en avait pas. [...]
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