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Violences dans le foot : « En cas d’agression groupée, l’arbitre est seul et démuni »

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Publié le

1 avril 2022

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Ce dimanche à Melun, un arbitre de foot a été agressé par une partie des joueurs et du public. La vidéo a fait beaucoup de bruit sur les réseaux. Un arbitre officiant en Île-de-France qui a souhaité resté anonyme s’inquiète de ces violences et de la trop faible protection des arbitres. Entretien.
melun

Un arbitre a été agressé ce week-end à Melun. La violence dans le foot amateur est-elle un phénomène récurrent, ou n’était-ce qu’un simple fait isolé ?

La violence est fréquente. La plupart des agressions sont verbales, et elles sont presque devenues banales. Malheureusement, elles sont aussi physiques, surtout dans divisions les plus basses. Le phénomène est le même dans l’arbitrage et dans l’enseignement : les moins expérimentés commencent à arbitrer dans les divisions les plus basses. Or, ce sont ceux qui sont les plus susceptibles d’être mis à mal au cours du match, parce qu’ils mettent du temps à acquérir un certain niveau de charisme, de discipline, de technique. Les responsables ne sont cependant pas les arbitres, mais bien les joueurs. Au niveau professionnel, semi-professionnel ou même régional, les joueurs touchent des primes et sont donc impliqués financièrement, ce qui n’est pas le cas à bas niveau. Ajoutons qu’une suspension de deux ans par exemple n’a pas véritablement de conséquences étant donné que le football est au mieux un passe-temps, au pire un défouloir. À partir de ce moment-là, des situations chaudes entre les joueurs sur le terrain sont plus fréquentes et très souvent, la situation peut se retourner y compris contre l’arbitre qui peut être un bouc émissaire à partir du moment où le match est tendu.

Observez-vous une augmentation de ces violences au temps long ?

Beaucoup d’arbitres ressentent une augmentation des incivilités, mais il est difficile de dire s’il s’agit d’une hausse effective, ou plutôt si la trêve imposée par la Covid nous a fait oublier ce qu’il en était avant. Sur le temps long, il est difficile de quantifier la dynamique des agressions physiques d'officiels. Les statistiques judiciaires ne reflètent qu'en partie la réalité du terrain : un arbitre violenté ne porte pas toujours plainte. La loi Lamour de 2006 a offert aux arbitres un statut de protection particulier mais dans les faits, les sanctions prononcées contre les agresseurs sont bien souvent faibles et les peines de prison rarement assorties d'un mandat de dépôt. Par ailleurs, il faut parfois s'épuiser en procédures ultérieures pour récupérer des dommages et intérêts, par exemple lorsque le condamné est insolvable. Ainsi, par pure lassitude, bon nombre d'arbitres violentés renoncent tout simplement à saisir la justice. [...]

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