Le 16 mars 2020, la France entre en guerre. Ce soir-là, Emmanuel Macron, président de la République, décrète la mobilisation générale de tous les Français, femmes, enfants et vieillards inclus, contre un ennemi « invisible, insaisissable et qui progresse ». Deux ans plus tard, nulle capitulation n’ayant été signée, ni aucun armistice conclu, il nous faut en déduire, au choix, soit que l’ordre de démobilisation ne nous a pas été délivré, égaré par la société chargée de nous le transmettre telle une vulgaire profession de foi électorale, soit que nous n’avons pas vaincu le virus et sommes donc toujours en guerre. Sans avoir, en deux ans, mis en place une économie de guerre.
Le 24 février 2022 s’ouvre un deuxième front. Contre « les fantômes du passé ». Dixit, dans son adresse télévisée aux Français, le chef de l’État qui répugne décidément à désigner l’ennemi. Nous n’entrons pas en guerre contre la Russie, mais, dans la mesure où nous sommes « aux côtés » de l’Ukraine, ça y ressemble quand même un peu. Voire beaucoup, avec tous les risques que cela comporte, puisque Emmanuel Macron, président de la République et chef des armées, nous fait part de sa « détermination à [nous] protéger, sans relâche » et nous assure qu’il saura « prendre les décisions qui s’imposeront » (« Sur le plan militaire et économique, autant que dans le domaine de l’énergie, nous serons sans faiblesse »).
S’il en va de la politique comme du calcul des pensions dans lequel les années de guerre comptent double, Emmanuel Macron restera comme le premier président de la République à avoir accompli plus d’un septennat depuis l’instauration du quinquennat. Chapeau l’artiste, qui aura réussi à nous enrôler dans deux guerres présentant ces autres caractéristiques de n’avoir aucune chance de déboucher sur une victoire et d’avoir pour conséquences directes sur le peuple français que son affaiblissement – moral dans le premier cas, économique dans le second.
À quelque chose malheur est bon
Le premier mérite de ces deux années de pseudo-guerres restera d’avoir montré ce qu’il était loisible à l’État d’imposer au peuple dans notre belle démocratie libérale. Par exemple, il a pu assigner à résidence la totalité de la population. Par exemple, il a pu contraindre chacun à s’auto-administrer un laissez-passer pour aller faire pisser son clébard, stade suprême de la servitude. Par exemple encore, dans le cas de l’« agression russe », il a pu asseoir presque totalement son contrôle de l’information pour s’assurer que l’opinion ne serait pas exposée à des images et analyses divergents (l’affaire du « virus chinois » avait montré des failles) en une concrétisation de l’allégorie qu’avait été le musellement de la population durant de longs mois. Tout cela dans un quasi-unanimisme de la classe politique. Re-bravo l’artiste. [...]
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