À peine élu à l’Académie française, Éric Neuhoff se fait embrouiller par Julie Neveu, une obscure linguiste, qui le traite (dans Libération du 9 novembre dernier) d’« écrivain-boulanger », titre revendiqué par mon ami Bertrand Lacarelle, mais visiblement employé ici dans une volonté de dénigrement. Aujourd’hui, l’habit vert vous transforme en cible. Je finis par avoir honte d’avoir moi-même joué à le viser autrefois. C’est que cette lubie me semblait encore obéir aux règles du xxe siècle : l’avant-garde isolée se fait une réputation d’insolence sur le dos des barbons couverts d’honneur, l’institution assumant un genre de rôle œdipien qui la renforce dans sa double nécessité de pérenniser une tradition et de stimuler son renouvellement. J’ai peut-être été candide et nostalgique.
En effet, depuis quelques années, ce ne sont plus les poètes bravaches qui vont chahuter le bicorne, mais des universitaires de gauche, comme l’inénarrable Laélia Véron qui s’affiche sur les réseaux avec un tee-shirt « Académie de ses morts » (même ma petite sœur n’oserait pas).…