
C’est en l’an 1997 que le monde découvre l’existence de Mogwai. Une nouvelle ère démarre alors. Le 1er mai de cette année, Tony Blair est élu Premier Ministre du Royaume-Uni : il le sera pour dix ans ; le chef-d’œuvre de Radiohead, OK Computer, lui, sort quelques semaines plus tard. Durant l’été, le troisième disque d’Oasis, Be Here Now, paraît : déjà la presse leur a retiré les lauriers des princes de la jeunesse. À Manchester, aussi, le King Cantona laisse place aux jeunes Beckham, Scholes, Giggs et Neville. Tout fout le camp, encore et toujours. Le vieux monde est pris d’assaut : Mogwai en profite pour imposer son nom. Ce que l’on nomme alors, avec une pompe un peu ridicule, post-rock, nait durant ces quelques mois. C’est à cette période que certains de mes premiers chocs remontent. J’avais cinq ou six ans ; mon frère, vingt. Sur la porte de sa chambre qui menait à un monde effrayant, peuplé de disquettes d’Amiga et de guitares électriques, était accroché l’iconique poster de Trainspotting. Par-delà cette frontière, sans cesse fermée par les douanes de l’enfance, me parvenait, je l’ai su longtemps après, ces étonnantes chansons sur lesquelles aucune voix ne se posait : l’aristocratie du post-rock. Eux aussi avaient vingt ans et leurs premiers disques sortaient, ils se nommaient : Godspeed You Black Emperor, Tortoise, Arab Strap, Sigur Ros, et sans doute celui qui me marqua le plus : Mogwai. [...]