On ne compte plus les élus, militants, collectifs ou partis de droite ayant subis une clôture de compte intempestive. En 2017 Marine Le Pen était exclu d’HSBC. En 2021 le Crédit du Nord fermait le compte de Charles Gave, homme d’affaire et essayiste, fondateur de l’Institut des Libertés. En 2023, le Crédit Mutuel-Arkea se séparait du média Breizh Information, quelques semaines avant que le Crédit Mutuel n’informât le collectif Nemesis de sa décision de fermer le compte de l’association fondée par Alice Cordier. La même année Vincent Lapierre, du Média pour Tous, subissait la même avanie. Julien Rochedy, Papacito ou Thaïs d’Escufon, pour ne citer qu’eux, ont vécu des expériences similaires. Le député RN Thibaut Monnier remarque avec consternation avoir eu besoin de quatre mois en 2022 pour ouvrir un compte de campagne, « là où les autres partis ont mis trois jours ». Au vrai, depuis 2017 les banques ne se gênent plus.…
ENQUÊTES
Existe-t-il des caisses de kalachnikovs partout dans les caves des banlieues, toutes prêtes à nourrir les dealers, djihadistes et autres candidats à l’insurrection armée contre la France ? Il faut circonscrire le problème, géographiquement. Les zones où pullulent les armes lourdes, c’est-à-dire les armes de guerre, pistolets-mitrailleurs ou fusils d’assaut voire lance-roquettes, sont principalement la banlieue parisienne, l’agglomération marseillaise, et dans une moindre mesure grenobloise. La raison est simple : la possession d’armes dans les cités est liée au grand banditisme, dont le trafic de drogue est la composante principale aujourd’hui. Les trafiquants s’arment lourdement afin de défendre leur pré carré contre les rivaux ou contre la police, vue comme une bande rivale qui conteste leur pouvoir.
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Dans les mains de l’immigration maghrébine et subsaharienne
La très grande majorité du grand-banditisme français est dans les mains de l’immigration maghrébine et subsaharienne, majoritairement de culture musulmane. Un policier d’un groupe d’intervention de région parisienne, dont l’une des missions principales est d’interpeller avec son unité à leur domicile des individus potentiellement armés, confirme : « Le plus souvent, les mecs dangereux chez qui on fait un six du mat", [interpellation à six heures du matin, horaire légal avant lequel les forces de l’ordre ne peuvent pénétrer un domicile, Ndlr] impliqués dans le trafic de stup, sont de type nord-africain ou subsaharien. Il n’est pas rare qu’il y ait des signes religieux musulmans chez eux ». Beaucoup d’éléments confirment ce constat, comme la composition de la population carcérale, musulmane à 60 % selon un rapport parlementaire de Guillaume Larrivé rendu public en 2014. [...]
Ce n’est qu’en 2018 que la France intègre le marché des drogues à son PIB, suite à une demande de l’institut Eurostat, afin d’estimer au mieux la participation de chacun au budget européen. Selon les chiffres publiés par l’Insee, le trafic de drogue génère en France une moyenne de 2,7 milliards d’euros, soit 0,1 % du PIB. Des chiffres qui devraient être probablement revus à la hausse, car ils ne comportent pas certaines « consommations intermédiaires » (entretien des « nourrices », location de véhicules, etc.)
Un trafic à la pointe du capitalisme
Parmi les symptômes d’une souveraineté décroissante, l’insolente santé des économies souterraines fait figure de symbole. Si les pouvoirs publics pouvaient se targuer il y a 40 ans, à l’époque de la fameuse French connection, d’avoir une visibilité sur cette criminalité et sur ceux qui la font, les récentes mutations du marché ont fait du narcotrafic une criminalité non seulement toute puissante mais plurielle, insaisissable car désormais adaptée à tous les secteurs géographiques, depuis les plaines de la Beauce où le paysan en déshérence peut tout à fait consommer de l’héroïne pure à 80 %, jusqu’aux faubourgs du nord-est parisien où les modous – ces trafiquants de crack originaires du Sénégal – transforment toute une population déclassée en zombies pathétiques. « On a l’impression de se battre à coups d’éoliennes contre une force nucléaire », avouera à mi-voix une source qui travaille aux stupéfiants. D’autant que la police n’est pas aidée par un appareil juridique kafkaïen qui donnera toujours raison aux criminels… quitte à mettre les victimes de côté.
Les récentes adaptations du trafic aux lois du marché transforment certains quartiers en zones de guerre civile
Et elles sont nombreuses, les victimes du trafic de drogue en France, même si elles sont invisibles. Sans parler du risque de santé publique pour les consommateurs, les récentes adaptations du trafic aux lois du marché transforment certains quartiers en zones de guerre civile. Les assassinats commis en marge de la vente de drogue se chiffraient à 60 en 2020, pour plus de 250 blessés graves. Et ce n’est qu’une estimation basse, qui ne comptabilise pas les non-résidents français. Ainsi, des villes autrefois réputées pour leur calme sont devenues en quelques mois le cadre de véritables batailles rangées entre « familles ». Voir l’année 2021 à Dijon, où les trafiquants maghrébins se sont mesurés aux trafiquants albanais à coups d’armes de guerre. Il est bien loin le temps où le trafic était détenu majoritairement par la mafia corse, avec son code d’honneur et son relatif « maintien de la paix » dans les zones qu’elle « protégeait ». Le trafic est aujourd’hui à la pointe du capitalisme, c’est même son syndrome le plus évident, le plus terminal. [...]
Mi-septembre 2020, le déjà ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’offrait une petite balade à Reims (Marne), avenue Léon-Blum, l’une des artères principales d’un quartier « sensible », comme le veut l’expression. Il était accompagné du maire, Arnaud Robinet, d’une dizaine de policiers, de quinze voitures, et de chiens dressés pour détecter la drogue et les armes. L’ancien maire de Tourcoing y a revendiqué son soutien aux forces de l’ordre qui y luttaient contre les stupéfiants. Il a aussi dit vouloir illustrer « une présence policière partout sur le territoire ». « Partout ». Comme une façon d’admettre que dans cette partie de la ville, la question de la présence de l’État se pose. Le quartier a d’ailleurs été ajouté au dispositif des « quartiers de reconquête républicaine » dans la même journée.
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Moins d’un an plus tard, en mars 2021, le locataire de la place Beauvau a été obligé de revenir. Le photographe d’un quotidien local s’était fait passer à tabac à 700 mètres du lieu de sa précédente visite. La victime est d’ailleurs l’un de ceux qui avaient documenté la visite du ministre. Son agression a eu lieu alors qu’un affrontement imminent s’annonçait. Des voyous aux mouvements suspects se promenaient, cagoulés. C’est alors qu’un « jeune », comme le veut, là-aussi, l’expression consacrée, a couru vers lui, accompagné de treize autres délinquants. L’agresseur principal, aujourd’hui condamné, a cogné le photo-journaliste avant qu’il puisse fuir. Les coups se sont enchaînés sur le reporter de 65 ans. Frappé à la tête alors qu’il était au sol, matraqué au moyen de son imposant appareil photo professionnel : l’homme s’est retrouvé hospitalisé et placé en coma artificiel avec un sévère traumatisme crânien.
La résidence de Saïd Kouachi avant Charlie Hebdo
L’auteur des coups, un ressortissant algérien de 22 ans, au déjà lourd passé judiciaire, est un ex-résident de la Seine-Saint-Denis. Arrivé trois ans auparavant, il fait partie de ceux qui ont quitté Paris et ses banlieues pour la cité des sacres et ses environs. C’est aussi le cas du parisien Saïd, l’un des tristement célèbres frères Kouachi, dont la dernière résidence connue est dans ce même quartier. C’est d’ailleurs un secret de Polichinelle pour beaucoup de locaux, et une politique encouragée par la ville. Croix-Rouge, et d’autres parties de Reims et ses villages alentour, servent de vases communicants pour désengorger la capitale et ses banlieues désormais surpeuplées. [...]
L’Incorrect numéro 80
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