Culture
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À partir de quand le mot “sensible” est-il devenu un défaut ? », demandais-tu, l’air grave et candide, sur France Inter le mois dernier, lisant un texte inédit pour répondre à la polémique qui enflait depuis une dizaine de jours au sujet de ton emploi d’une lectrice en « sensibilité » pour corriger la copie de ton second roman, Que notre joie demeure, en lice pour le Goncourt. Puis tu dérivais vers un amalgame brutal, pédant et confus entre la littérature comme art et une sensibilité sans filtre, jusqu’à accoucher notamment de cette phrase étrange et maladroite: «Les affects creusent dans l’espace sans forme où il n’y a pas de “moi” possible, pas de nom, pas de genre. On donne à ce lieu, je l’apprends plus tard, le nom de littérature. » On comprendrait que les affects creusent dans un mur ou une carapace, mais dans un «espace sans forme», cher Kevin, c’est-à-dire un espace tout court (parce qu’un espace avec forme devient de facto la forme en question, qu’il s’agisse d’un cube ou d’une voiture de course), dans un espace tout court, donc, on ne voit pas trop ce qu’il reste à creuser.…
L’Incorrect numéro 73
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