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Partout, les saints : Charles de Foucauld

Dans une vieille famille noble pétée de thunes naît le petit Charles Eugène de Foucauld de Pontbriant, le 15 septembre 1858 à Strasbourg. Pour lui, pas d’enfance insouciante d’une famille unie et riche. Papa part pour le ciel à ses cinq ans, et maman le rejoint l’année suivante. Charles se retrouve dans les pattes de son grand-père, ancien lieutenant-colonel qui déborde d’amour pour le marmot. À force de s’enquiller tous les philosophes, le jeune vicomte Charles perd ses repères. D’autant que personne n’est là pour corriger le tir en le collant sur les bancs de l’église le dimanche matin. Exclu du bahut pour « paresse et indiscipline », l’effronté fait chauffer le chéquier de papy et prend un précepteur. Effronté certes, mais redoutablement intelligent. Il intègre l’école militaire de Saint-Cyr, haut la main.

Après une réflexion intense de trois ans, contenue à grand-peine par l’abbé Huvelin qui restera son directeur de conscience, Charles prend l’habit le plus hardcore : celui des trappistes

Papy décède à son tour, et pour un Charles déjà désaxé, c’est la goutte d’eau de la cerise sur le gâteau : il explose. Jeune héritier orphelin, sociable et insolent, le cocktail pour une jeunesse dissolue. Gueuletons de l’apocalypse, femmes de petite vertu à la chaîne, grasses mat" pendant le lever des couleurs du régiment le matin… Pour dire les choses simplement, c’est un très gros branleur qui cherche la merde – et la trouve. Il sort bon dernier de la promo, mais en rajoute une couche : il emmène en mission sa gonzesse du moment. Quand sa hiérarchie le découvre, c’est la porte. Mais, alors qu’il retourne à sa vie de patachon en France, il apprend que ses frères d’armes prennent de sales peignées en Tunisie. Le patriotisme prend le dessus : on le réintègre à sa demande. L’âge, sûrement, mais aussi la Grâce, peut-être, l’assagissent. Dans son feu intérieur, il puise pour devenir un chef exemplaire et un meneur d’hommes. Il perd le gras accumulé par les années qu’il qualifie de « vie de porc », et tombe amoureux de cette partie de la Méditerranée. L’inconnu l’attire. À Alger après ses batailles, il étudie un an l’arabe, l’hébreux, et les théologies afférentes. C’est décidé : pour passer inaperçu dans un Maroc hostile à la France, il se déguisera en rabbin. Le grimage nickel jusqu’au bout des papillotes, il embarque sextant, boussole, cartes, et note tout ce qu’il voit dans son périple. [...]

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Rue des beaux-arts : Notre terre qui êtes en feu

La peinture de François-Xavier de Boissoudy s’est mise à brûler et nous nous consumons. Celui qui peignait avec du noir et de l’eau est revenu à la terre. À cause de la prière ? Peut-être bien, puisque c’est une demande du Notre Père qui sert de fil pour relier les quelque quarante tableaux exposés à la galerie Guillaume du 7 avril au 29 mai. Que ton règne vienne ! Voilà ce qui doit être traduit en peinture. Chaque fois que Boissoudy traite un sujet religieux, il le fait toucher terre en partant d’une réalité quotidienne.

Que ton règne vienne… Il convient d’abord de savoir ce que cela veut dire dans nos vies. C’est ainsi que le peintre a choisi d’utiliser des bruns à l’huile qui deviennent jaune, or, lumière, quand on les dilue. Quant au brun, c’est la couleur de terre utilisée déjà il y a 20 000 ans à Lascaux – cette espèce de chapelle de l’art pariétal. De cette couleur première, l’eau libère la lumière contenue, et des taches se forment ainsi, le peintre composant, avec cette économie de moyens maximale, terre et eau, le plus fidèlement possible, cette image entraperçue un matin entre deux eaux, au bord du réveil, dans le silence[...]

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De Chlorophylle à Pepe the frog : La guerre idéologique en bande dessinée

Le prestigieux éditeur Fantagraphics qui publie aussi bien des classiques de la bande dessinée (de Mickey à Prince Vaillant), des auteurs européens (Tardi, Crepax) que des stars de l’alternatif (Crumb, les frères Hernandez), sort en 2016 l’album Boys club, publié dix ans auparavant sous la forme d’un modeste fanzine. L’équivalent d’une entrée en Pléiade pour une bande dessinée réalisée sur Microsoft paint et narrant les aventures absurdes d’animaux anthropomorphes. Très vite, toute une faune branchée s’enthousiasme pour les pérégrinations d’Andy le chien qui aime les jeux de mots et les hot dogs, accompagné de Brett, une sorte d’animal indéfini qui aime danser, les jeux vidéo et la mode. Les rejoint également Landwolf, un loup-garou qui aime boire, puer et ne pas réfléchir.

Cette joyeuse bande d’idiots se voit complétée par Pepe la grenouille qui aime la pop, la pizza et déblatérer dans son portable. Né en 1979 à Colombus (Ohio), Matt Furie, le père de cet univers joyeusement régressif touche la corde sensible d’un lectorat qui partage les mêmes obsessions adulescentes que lui. Un public constitué de rejetons de la génération Y et de millenials qui sera sans nul doute comblé par Mindviscocity, le nouvel opus du dessinateur, un album qui mélange allègrement l’arc-en-ciel LGBT, les personnages « mignons » (Teletubbies & co), méchants de dessins animés, visions horrifiques et fluides corporels, monde « cool » où il ferait bon régresser, quand tout se mélange dans une grande confusion morale et que Casimir se tape Nounours tandis que Colargol se fait dévorer les viscères par des ptérodactyles. [...]

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Iceman : notre critique

Il y a 5 300 ans, Kelab, chef de tribu, vit paisiblement au bord d’un ruisseau des Hautes-Alpes avec les siens. Un jour, de retour de la chasse, il retrouve le village incendié et son clan décimé. Seul son bébé a survécu. Prêt à tout pour retrouver les coupables de ce massacre, il entame avec son enfant un périple à travers les montagnes glacées.

Lire aussi : Un homme de trop : notre critique

Avec ce film allemand tourné en langue ancienne et non sous-titré, il faut avouer que le démarrage s’annonçait aussi excitant qu’un week-end confiné avec Caroline de Haas. Heureusement, le réalisateur ne tortille pas de la caméra et immerge le spectateur[...]

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Thomas Clavel : Une société sans visage, la pire des épidémies

Ainsi, après avoir mis en scène la censure implacable exercée par la novlangue victimaire des minorités indignées dans Un traître mot, Thomas Clavel aggrave son cas avec son deuxième roman, Hôtel Beauregard. Cette fois-ci, il n’est pas question de liberté d’expression mais de liberté tout court. Le récit se déroule en période de pandémie et résonne fortement avec le contexte actuel. Le Pusillaevirus, un virus de type respiratoire, circule activement sur tout le territoire. Distanciation sociale, gestes barrières, masques sont érigés en principes absolus du vivre ensemble. Délation sanitaire et chasse à l’homme sont instaurés comme les nouveaux devoirs hygiénistes du citoyen.

Comme dans Un traître mot, le personnage principal est pris, malgré lui, en flagrant délit d’infraction aux injonctions ambiantes. Sur le banc des prévenus, on y trouve Axelle, une jeune chercheuse en biologie marine sans histoire. Son chef d’accusation : ne pas avoir porté le masque lors d’un pot de départ. Cet oubli aurait pu être ignoré de tous si ce moment festif n’avait pas été immortalisé par un selfie immédiatement publié sur les réseaux sociaux.

L’ère du lynchage numérique

Axelle paye cher sa distraction. Pour cet oubli, jugé criminel, elle est condamnée à la guillotine numérique où sa tête est mise à prix. Thomas Clavel décrit avec force le mécanisme infernal du mimétisme de la haine décuplé par la puissance des réseaux sociaux. On assiste à la traque impitoyable lancée par une influenceuse, ultra populaire, ancienne petite frappe de quartier, reconvertie en prêtresse de l’hygiénisme  gouvernemental. Il suffit de taguer pour traquer et de hashtaguer pour lyncher. Il faut effacer la traitresse, il faut déshumaniser l’ennemie du peuple hygiéniste, lit-on entre les lignes. [...]

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Antipop : Galleria continua, exposer jusqu’au fond des chiottes

Déjà installée en Chine, à Cuba, au Brésil, la Galleria Continua, projet de trois amis d’origine italienne, entend bien se faire maintenant une place dans la sphère artistique parisienne. Et dans ce but, on n’a pas lésiné sur les moyens, puisque c’est pas moins de 800 mètres carrés d’exposition que le trio inaugure en plein cœur du quartier historique du Marais, rue du Temple. De surcroît, la curation a été confiée à l’artiste photographe urbain J.R., une valeur sûre de l’art contemporain français, dont le travail souvent décrié pour sa démagogie, accède presque toujours au succès populaire.

Sous les dehors d’un magasin d’alimentation générale, sa devanture expose le nom des artistes comme des produits

L’ÉMAIL À PRIX D’OR

D’apparence déjà, la Galleria Continua se distingue : sous les dehors d’un magasin d’alimentation générale, sa devanture expose le nom des artistes comme des produits, tandis que des paniers de supermarché attendent les visiteurs à l’entrée. Mais ce gimmick, au demeurant assez amusant, n’a pas du tout vocation à critiquer l’invraisemblable cupidité du marché de l’art, assure son curateur, mais seulement de « rendre l’art accessible à tous ». Bouteilles de vin et fromage, il est même possible d’y faire ses courses et d’acheter ce genre de produits à des prix raisonnables. Évidemment, côté shopping, les œuvres d’art chiffrent en revanche à des prix indécents. La Galleria Continua n’a pas hésité à héberger les œuvres d’artistes multimillionnaires tel qu’Ai Weiwei, ou Michelangelo Pistoleto dont l’un des collages exposés se vendrait à 500 000 euros selon France Inter. Quant au prix des œuvres de J.R. lui-même, la pudeur l’oblige à ne les communiquer que sur demande.

Lire aussi : Art contemporain : refaire l’Histoire

DANS L’ŒIL DU SIPHON

Si la forme de l’exposition se veut originale, celle des œuvres exposées n’est hélas que trop connue. Les artistes se sont donné une énième fois l’ambition de « déconstruire » un art classique pourtant déjà en poussière depuis longtemps. Comme le rappelle Benjamin Olivennes dans L’autre art contemporain (Grasset), ce dernier ne se réduit pas uniquement à ses dérives médiatisées, et on salue les timides présences de la géniale Berlinde de Bruyckere, du toujours solide Kader Atia ou de l’ukrainienne Zhanna Kadyrova dont les œuvres respectives sont toutes remarquables. Malheureusement, les autres demeurent coincées dans les limites de leur concept, ce qui relève à la fin d’un genre évident de conformisme et de paresse, à croire que l’attention à l’esthétique demeure le seul scandale auquel les curateurs d’art contemporain se refusent[...]

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Un homme de trop : notre critique

1943 : au prix d’une opération risquée, un groupe de résistants d’un maquis des Cévennes réussit à libérer de leur prison douze condamnés à mort. Une fois en lieu sûr, il s’avère qu’il y a, parmi les évadés, un homme de trop. Tandis que les Allemands sont sur leurs traces, les chefs du maquis se demandent donc que faire de cet inconnu. Est-il une taupe ?

Pour son deuxième film, Costa-Gavras s’offre un casting de luxe : Cremer, Piccoli, Vanel, Brialy, Brasseur, Perrin… Rarement un film français put s’offrir une telle affiche. Réédité par Arte, c’est l’occasion de (re) découvrir que lorsqu’il ne cède pas à ses pulsions de propagandistes, Costa-Gavras peut être un excellent cinéaste. Un Homme de trop se savoure comme un western, avec ses paysages arides, son défilé de gueules de cinoche et ses scènes de flingage parfaitement maîtrisées[...]

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Une Affaire de détail : notre critique

Deke, shérif adjoint du comté de Kern, victime récemment d'un burn-out, doit faire équipe avec le détective du LASD, Baxter, afin de retrouver un tueur de jeunes femmes. Deke est aussi intuitif que rebelle à l’autorité, l’inverse de Baxter. Parallèlement à l’enquête, le shérif adjoint voit resurgir un sombre secret de son passé. S’il n’atteint pas l’intelligence du Silence des Agneaux ni la puissance de Seven, Une Affaire de détail se déguste comme un beau souvenir des salles obscures des années 90 : le film d’enquête sur un tueur en série. [...]

Lire aussi : À bout de souffle : notre critique

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