
Nul n’ignore que le ministre de la Justice, M. Dupond-Moretti, est aux prises, précisément, avec la justice. Tout le paradoxe est là, de sa présence persistante dans le gouvernement de ce pays.
Le ministre de la Justice, par la noblesse de son objet, est assurément le titre le plus élevé qui soit dans un gouvernement. « Ministre », chacun le sait, signifie « serviteur ». Il y a des ministres de rien, comme le ministre des Solidarités ou le ministre de la Transformation. Il en est autrement du ministre de la Justice. Celui-là n’est pas ministre « pour la justice », ni « pour l’organisation de la justice ». Il est ministre « de la justice », et donc serviteur de cette dernière, serviteur du droit.
La possibilité que ce ministre puisse être un délinquant est, à elle seule, plus qu’insupportable.
Mme Borne, comme bien d’autres – à commencer par l’intéressé lui-même – nous assure que M. Dupond-Moretti n’a aucune raison de quitter son poste au motif qu’il bénéficie de la présomption d’innocence.…