Le concept de tiers-monde apparaît sous la plume d’Alfred Sauvy dans les années 50, et caractérise les pays dits « sous-développés » – de cette forme même de « sous-développement » qui commence à poindre dans la France contemporaine. Au-delà du constat bien connu, la véritable question porte sur le remède : qu’est-ce qui a permis à l’Occident d’acquérir ce niveau de développement dès le XIXe siècle, et plus particulièrement dans l’immédiat après-guerre ? Ce remède est tout aussi bien connu : un modèle de développement fondé sur les théories de la croissance et l’internationalisation des échanges. En un mot, l’économie de marché, qui est l’alliance du progressisme technologique et du néo-libéralisme économique.
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L’excellent Jean Fourastié, dans son ouvrage consacré à la période des Trente Glorieuses, questionne : « Des changements fantastiques sont survenus en trente années, dans la condition d’une humanité millénairement stagnante. Pourquoi ces changements ? Comment ont-ils pu être réalisés ? » Il répond que la cause indéniable tient en réalité en un mot : productivité ! Or, note-t-il ensuite, cette productivité ne s’élève pas par un plus grand effort du travailleur, mais par l’effet de procédures techniques plus efficaces déduites des « inventions » et « découvertes » des sciences expérimentales : emploi de machines et d’installations, emploi d’énergie mécanique, etc. En résumé : le progrès technique ! Sans révolution technologique, pas de révolution industrielle. Sans progrès technique constant, pas de capitalisme. Le progressisme, le libéralisme et le capitalisme sont donc, aujourd’hui comme hier, le remède à la tiers-mondisation de la France ! [...]
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