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La jeunesse des Horaces : « La jeunesse emmerde le cordon sanitaire »

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Publié le

23 décembre 2024

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Dans une tribune, la jeunesse des Horace, ce cercle de hauts fonctionnaires travaillant avec Marine Le Pen, souligne que de plus en plus d’étudiants et diplômés refusent de se laisser enfermer dans les carcans idéologiques du passé.
© DR

* Les Horaces sont un cercle de hauts fonctionnaires, hommes politiques, universitaires, entrepreneurs et intellectuels apportant leur expertise à Marine Le Pen, fondé et présidé par André Rougé, député français au Parlement européen.


Il y a des silences qui assourdissent, des tabous qui étouffent, des convenances qui finissent par trahir l’idéal même qu’elles prétendent protéger. Ce matin, un vent nouveau se lève sur les grandes écoles françaises, là où se forge l’élite de demain. Dans ces sanctuaires de l’excellence, une mutation s’opère, discrète mais profonde. Les jeunes esprits, héritiers de la méritocratie républicaine, osent braver un interdit qui semblait, il y a encore quelques années, immuable. Ils interrogent, ils débattent, et souvent, ils choisissent – lucidement, posément – des idées autrefois vouées aux gémonies.

Et pourtant, à chaque pas hors des sentiers battus, ils se heurtent au même mur d’ostracisme et de bien-pensance : le « cordon sanitaire », cette ligne rouge tracée il y a des décennies par une intelligentsia qui refusait d’envisager que la France, un jour, puisse changer de cap. 

Nous sommes issus d’une génération qui porte en elle une double conscience : celle d’un héritage à la fois glorieux et lourd de contradictions. Nous avons grandi avec les récits d’une France millénaire, de l’État providence, des Trente Glorieuses, mais aussi avec le spectacle, chaque jour plus évident, des fissures béantes dans cet édifice. 

Face à ce constat, de plus en plus nombreux sont ceux qui, parmi nos camarades, refusent désormais de se laisser enfermer dans les carcans idéologiques du passé

Nous sommes les enfants de la classe moyenne, ceux qui ont franchi les étapes d’un parcours exigeant en portant en nous la conviction que l’effort, l’intelligence et l’engagement sont des vertus cardinales. Mais aujourd’hui, nous sommes aussi ceux qui regardent avec lucidité les échecs accumulés par ceux qui nous précèdent : une dette publique abyssale, une désindustrialisation coupable, une démographie désolée, une société paupérisée, une atmosphère d’insécurité, un ascenseur social bloqué et une souveraineté nationale sacrifiée sur l’autel d’un idéalisme européen mal maîtrisé.

Face à ce constat, de plus en plus nombreux sont ceux qui, parmi nos camarades, refusent désormais de se laisser enfermer dans les carcans idéologiques du passé. Ils ne se reconnaissent plus dans les vieilles dichotomies entre centre-gauche et droite-du-centre, dans les postures moralistes ou les sermons culpabilisants. Alors, ils cherchent ailleurs, et certains trouvent dans les propositions que nos médias dominants qualifient d’inqualifiables, radicales et finalement inadmissibles, une réponse rationnelle, cohérente et finalement pondérée.

Immédiatement, le Rubicon républicain est franchi et l’anathème s’abat : « extrême droite ». Le verdict, sans appel, dispense de tout débat. Car on ne saurait débattre avec un extrémiste…

Mais qui sont alors ces étudiants et diplômés que l’on accuse de penchants extrémistes ? Des intellectuels formés dans les meilleurs établissements, qui croient encore au débat d’idées. Des esprits mesurés, pragmatiques, qui ne cherchent ni la division, ni la nostalgie d’un passé idéalisé, mais un avenir à construire. Des cerveaux qui ne cèdent pas à la facilité d’un vote de protestation ou à la croyance dans un quelconque grand soir, mais constatent seulement que les solutions proposées par les partis traditionnels ont échoué.

Cette barrière idéologique est l’œuvre d’une génération politique qui a failli. Ceux que l’on appelle parfois, non sans un certain mépris, les « boomers », de gauche, de droite, socialistes ou centristes, qui s’accrochent à leurs certitudes comme un naufragé à une planche pourrie.

Lire aussi : Charles Millon : À l’école des cadres

Face aux maux qu’ils n’ont su ni identifier ni combattre, ils n’apportent désormais d’autre réponse qu’un discours culpabilisant, pétri de condescendance et de déconnexion. À court d’idée, tétanisés par leur perte croissante d’influence, les boomers ne sont plus force de proposition mais se retranchent derrière le parapet de leur ultime force de dissuasion. Dissuasion contre une nouvelle génération libre de sa pensée, qui cherche à proposer autre chose, à rouvrir le champ des possibles.

Mais voilà que le vieux béton mitterrandien qui tenait depuis quarante ans est en train de se lézarder, la digue de lâcher. Le cordon sanitaire rompt finalement sous la pression d’une jeunesse fatiguée d’être effrayée.

Car pendant quarante ans, le simple soupçon d’une affinité souverainiste ou d’un attachement au véritable gaullisme suffisait à plonger quiconque était désigné sous le joug d’une contrition imposée : chaque voix dissonante se devait de faire amende honorable en place publique. Mais désormais vidées de leur sens par un usage absurde et systématique, les insultes « fasciste » ou « extrémiste » indiffèrent et discréditent non plus celui dans le viseur, mais leur auteur.

Le rempart vermoulu de cette deuxième Terreur s’effondre aujourd’hui sous le poids du réel, et avec lui disparaît le droit autoproclamé de juger et de censurer. Une nouvelle génération avance, reprenant à son compte un slogan que la tradition française ne saurait renier : « La jeunesse emmerde le cordon sanitaire. »

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