Rengorgé, criard, pontifiant, voilà plus d’un demi-siècle que le soixante-huitard assomme avec ses petits faits d’armes et sa menue sagesse. Au point de figurer en repoussoir absolu. Hélas, au détriment de la vérité historique, car, pendant des décennies, les seules voix autorisées à parler des « évènements » furent celles des Cohn-Bendit et autres Goupil, qui imposèrent leur vision très parisienne, réduisant les activistes de province au rôle de figurants, faisant oublier les grèves ouvrières, forgeant le lieu commun d’un chahut de jeunes bourgeois empressés de se déniaiser avant d’embrasser leurs belles carrières.
Le sociologue Erik Neveu veut restituer aux évènements leur complexité en donnant la parole à la piétaille et aux sans-grade de mai 68. Pour cela, il mène son enquête, sollicitant auprès de soixante-dix activistes bretons, moins représentatifs que « symptomatiques », des « récits de vie ». Pourquoi la Bretagne ? Parce que dans cette région tardivement modernisée, les mutations sociales firent sentir leurs effets de manière plus brutale qu’ailleurs, ce qui en fait un excellent poste d’observation. [...]
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