Culture
Ce mois-ci, une conjonction de petits événements m’a interpelé : le centenaire de la publication du Manifeste du surréalisme d’André Breton, d’abord, qui m’a fait songer qu’en dépit de mes vœux, nous n’avions plus d’avant-gardes. Les lettres de Drieu la Rochelle, republiées par Gallimard à cette occasion, à l’adresse de ses anciens amis, qui relançaient un débat passionnant sur les moyens et les fins de l’art. Enfin, la publication de L’Adresse, les rendez-vous du déversoir, chez Seghers, un nouveau recueil des poèmes-minute d’Arthur Teboul, le chanteur de Feu ! Chatterton, qui propose un renouveau de l’écriture automatique.
Le statut de chanteur en vue n’est pas forcément délégitimant. Au fond, les premiers poètes étaient des bardes, les derniers pourraient l’être aussi
Je vous vois me voir venir. Ah ! Arthur Teboul, vulgaire chanteur de pop-rock faussement bashungien, prétendre rivaliser avec Breton et se croire moderne en recyclant une méthode centenaire (plus que centenaire parce que Les Champs magnétiques datent de 1919), la bonne blague !…
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Superficiel, vain, clinquant, le cinéma de Luca Guadagnino – et tout particulièrement Challengers – attire à lui le courroux de la critique majoritaire, la même prompte à s’extasier sur les non-mystères pompeux de Ryusuke Hamaguchi (Le Mal n’existe pas, pitié…) ou sur l’œuvre globale que Bécassine Triet consacre à la charge mentale, cette anatomie d’une Tuche petite-bourgeoise. Pas de grand sujet écologique ou de féminisme à la mords-moi le nœud dans Challengers, un simple triangle amoureux à la Jules et Jim, en moins bidon et compassé, sur fond de match de tennis.
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L’unité de temps et d’action – une finale de tournoi annexe entre l’un des meilleurs joueurs du monde en crise et son ancien ami d’adolescence barbotant dans les profondeurs de l’ATP – est siphonnée par un réseau proliférant de flash-backs gigognes. La rencontre originelle entre les deux jeunes hommes et Tashi, apprentie-championne surdouée qui va rapidement les affoler aboutit à plusieurs partenariats formels et informels.…
Éric Benzekri est un scénariste de grand talent. Plus que ça encore, il est un fin observateur de la société française, de ses fractures, de sa réalité identitaire et de son quotidien. Il est aussi un grand connaisseur de l’histoire politique de notre pays.
Sa précédente série, Baron Noir, était un chef-d’œuvre du genre. Elle y relatait « à peu près tout ». La corruption morale des gouvernements socialistes. La montée du Front National. Les Gilets Jaunes et autres mouvements de colère populaire. La progression des communautarismes. L’islamisme. Le terrorisme. Une France à bout de souffle.
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Cette série, narrant l’ascension d’un politicien socialiste prêt à tout pour atteindre le pouvoir, Éric Benzekri était le mieux placé pour l’écrire. Militant du Parti socialiste, membre du cabinet de Jean-Luc Mélenchon lorsque celui-ci était ministre du gouvernement Jospin, il poursuit son engagement au sein de la machine politicienne en devenant le collaborateur de Julien Dray, député socialiste (inspirant le personnage du Baron Noir) et l’un des fondateurs de SOS Racisme.…
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L’Incorrect numéro 82
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