9 janvier 2020
Cet entretien avec Jean-Frédéric Poisson est paru en polonais dans l’hebdomadaire Do Rzeczy du 7 janvier. Le président du Parti chrétien-démocrate analyse la fracturation de la société française contemporaine, prise en étau entre libéralisme progressiste et islam, et donne les moyens d’y remédier.
La France dans 30 ans, selon vous, ce sera la fille aînée de l’Église, la petite-fille de Robespierre et de Karl Marx ou la petite-nièce de Mahomet ?
La France restera quoi qu’il arrive la fille aînée de l’Église, car je suis persuadé que tout ce qu’il y a de fond de tradition et de culture dans notre mode de vie, dans nos rapports sociaux, est pétri de christianisme. Le peuple français ne se laissera détruire ni par le rationalisme furieux du libéralisme moderne, ni par l’islam. Par ailleurs, le néolibéralisme ne se porte pas bien. Ce projet de société est mort, ou plutôt sous respiration artificielle parce qu’un certain nombre de dirigeants autoritaires comme le nôtre le maintiennent en vie. Quant à l’islam, il est perclus de crises extrêmement profondes, qu’elles soient sociales, économiques, culturelles, intellectuelles ou religieuses.
On a l’habitude de penser que certains pays musulmans, comme l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie, voudraient islamiser l’Europe par l’immigration. Dans votre dernier livre, L’Islam à la conquête de l’Occident, vous montrez que c’est l’ensemble des pays musulmans qui ont une stratégie pour islamiser l’Europe.
En effet, il y a 19 ans à Doha, au Qatar, les 57 États membres de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) ont adopté un plan d’action intitulé « Stratégie de l’action islamique culturelle à l’extérieur du monde islamique ». Ce plan consiste à fracturer les sociétés occidentales en réislamisant les communautés islamiques et en s’en servant pour étendre la charia en Europe. L’esprit de cette stratégie est fondé sur la création de communautés autarciques dont le mode de vie serait officiellement reconnu à l’égal de tous les autres modes de vie voisins, avec leurs propres centres culturels et religieux, leur propre action sociale, leur propre politique de la jeunesse, et puis aussi éventuellement leur propre financement – c’est la question de la taxe halal – et le cas échéant avec des tribunaux séparés puisqu’il y a même une invitation à créer une juridiction islamique au sein des pays occidentaux, lequels [...]