Étrange régime que la démocratie, dont le résultat présenté comme objectif dépend autant du dispositif électoral utilisé. C’est bien simple : le mode de scrutin peut faire varier la configuration du paysage politique, agir sur le taux de participation, et surtout déterminer qui sortira vainqueur de la compétition. En somme, avec un même état de l’opinion, le mode de scrutin peut modifier le résultat final du tout au tout : lors de la présidentielle de 2007, si le scrutin uninominal à deux tours a donné Nicolas Sarkozy, un second tour à quatre candidats plutôt qu’à deux aurait privé Sarkozy de ses reports de voix et favorisé Ségolène Royal, alors qu’un vote plurinominal par note aurait favorisé la candidature consensuelle et inclusive de François Bayrou.
Face à ce déroutant champ des possibles, les modes de scrutin adoptés par les différents pays européens sont le fruit de leur histoire et de leur culture politiques, et oscillent entre la logique proportionnelle – afin que la représentation politique colle au plus proche des réalités diverses de l’opinion – et la logique majoritaire – plus propre à bâtir des capacités légitimes de gouverner, dans des systèmes majoritairement bipartisans. Avec la Ve République et sa promesse de rationalisation du parlementarisme, le général de Gaulle a opté pour le scrutin majoritaire, en assumant l’existence du clivage : le président doit disposer d’une légitimité forte et d’une majorité solide sur laquelle s’appuyer pour exécuter son programme. [...]
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