Mai 68, c’était la contestation du pouvoir, la découverte d’utopies ou des pavés lancés contre les CRS. Mais à l’Est, ce fut quelque chose de différent. 1968 a d’abord la mise en cause d’un communisme bureaucratique incapable de s’enraciner dans la société. Les étudiants furent eux aussi dans la rue, mais pas pour encenser Marx ou Lénine. Un mouvement qui annonça, vingt ans avant, la Chute du Mur.
Mai 68 a été perçu comme s’inscrivant dans un ensemble mondial de secousses. Les contextes sont pour autant différents entre, d’un côté, Paris, et, de l’autre, Prague et Varsovie. En France, on assiste à la crise des structures traditionnelles déjà fragiles; la vraie rupture serait même 1 965 avec l’arrivée de la génération issue du baby boom sur le marché du travail. À l’Est, c’est différent. La contestation a brisé l’unité de façade des démocraties populaires. Pour cela, revenons aux origines. À la fin des années 1940, les choix politiques, imposés par l’URSS, furent ceux de systèmes verrouillés, restreints à un faible nombre d’acteurs et sans contrôle-sanction de type électoral. La surveillance du géant soviétique va compliquer les contestations, même si elles surgissent sporadiquement. En Pologne, depuis la mise en place de la République populaire de 1947, la légitimité du nouveau régime est plus que fragile : elle est factice. 1956, l’année du soulèvement hongrois, est aussi celle émeutes méconnues de Pozna?. Quant à la Tchécoslovaquie, elle boit amèrement le calice du coup de Prague de 1948. La mise au pas reste durement ressentie dans un pays ayant une tradition de libéralisme intellectuel. Les germes de contestation étaient si forts qu’ils éclatent également en 1968.
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