Plus encore, nous pensons, parce que c’est l’air du temps, et que nous sommes tous plus ou moins formatés par celui-ci, que le contrat qui nous lie à l’État ne regarde que celui-ci et que s’il implique éventuellement notre communauté, quand nous appartenons à une communauté à l’identité prononcée, il ne concerne la communauté en général que selon une espèce d’effet rebond dont on n’évalue pas les conséquences – pour la simple raison que, la plupart du temps, l’on s’en moque. Atomisés individuellement, fracturés en communauté pour certains, rien ne nous intéresse sinon nous sans que par ailleurs nous fournissions l’effort de réfléchir à ce « nous ».
Le bien commun n’est plus à la mode, cet « autre » plus vaste dans lequel pourtant je suis partie prenante – la société n’étant que le terme dérivé de « compagnonnage » – n’existe plus pour celui qui à force de se regarder le nombril a fini par se convaincre qu’il existait seul. De fait, aucune morale, celle-ci impliquant de prendre l’autre et les autres en considération, ne vaut pour celui qui voit la politique comme le lieu de l’affirmation de son identité à l’exclusion de toutes les autres. C’est la tendance libérale, pour la résumer en la caricaturant, à imaginer que l’organisation sociale se construit a posteriori de l’individu. [...]
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