OUI. C’EST LE DERNIER AUTEUR CLASSIQUE
Il a beau débuter sa carrière de cinéaste en plein Nouvel Hollywood, son premier film, Un frisson dans la nuit (1971), qui sort deux ans après Easy Rider, ne brille pas par son désir de faire moderne. Au contraire, et ses films suivants le confirmeront : Clint Eastwood se veut un auteur classique, le dernier héritier de l’âge d’or d’Hollywood, le fiston d’Howard Hawks et de John Ford, et ce même si ses maîtres furent Don Siegel et Sergio Leone. Son style connut bien quelques escapades baroques (L’Homme des hautes plaines, 1973 ; Pale rider, 1985 ; ou Minuit dans le jardin du bien et du mal, 1997), on ne se débarrasse pas de la trilogie des dollars si facilement, Eastwood est toujours franc et frontal quand il filme. Chez lui, les caméras ne gigotent pas « pour faire vrai », ni ne s’élèvent au bout d’une grue pour « faire riche ». Sa mise en scène, discrète, est au service de l’histoire. Seule la véracité de sa narration et de ses personnages lui importe. Une main qui agrippe une portière dans Sur la route de Madison (1995) ou un simple champ-contrechamp d’un gamin dans un hélico et du dormeur « étendu dans l’herbe où la lumière pleut » dans Un Monde Parfait (1993), lui suffisent, Eastwood n’a besoin de rien de plus pour radiographier l’âme humaine. [...]
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