La France a perdu son industrie. Le dire est devenu un lieu-commun, tant ce phénomène pluri-décennal semble ne pas connaître de fin. On a longtemps pensé que le propre des pays développés était de renoncer à leurs industries manufacturières pour embrasser l’économie de la connaissance et des services. Pourtant, la désindustrialisation de la France accompagne son déclin économique, la perte de ses capacités d’innovation et même sa « tiers-mondisation ». Les raisons sont multiples. Elles sont d’abord exogènes, la globalisation n’y étant pas étrangère. Elles sont aussi endogènes. Nos gouvernants ont en effet accumulé les mauvais choix stratégiques ; que ce soit en appuyant les pires politiques de l’Union européenne, en adoptant une monnaie inadaptée comme l’euro, ou en ne s’opposant pas à la vente à la découpe de la France, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Laurent Izard.
Le choix fait par la classe politique française d’abandonner le franc au profit de l’euro est l’une des causes principales de l’accélération de la perte de notre tissu productif industriel. Dans son essai L’euro – Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe, le prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz le démontre parfaitement : « La plupart des pays avancés ont besoin d’une transformation structurelle de leur économie, pour passer des secteurs dominants du passé (essentiellement industriels) à ceux du XXIe siècle. Puisque les gains de productivité dans l’industrie vont plus vite que l’augmentation de la demande, l’emploi industriel mondial va se réduire, et, en raison de la mondialisation, la part de cet emploi mondial que vont capter les pays avancés, dont ceux qui se trouvent en Europe, va diminuer. […] L’Allemagne a tiré parti de son union avec les pays faibles de la zone euro, car l’effet net est que l’euro, la monnaie actuelle, est plus faible que ne l’aurait été le mark allemand ». [...]
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