Pourquoi est-il nécessaire de réhabiliter Claude Sautet ?
On se souvient de Vincent, François, Paul et les autres, qualifié par les Cahiers du cinéma, avec un jargon typique de leurs années Mao, de « condensé humaniste-poujadiste-réviso », de Serge Toubiana se pinçant le nez devant Un Coeur en hiver « sentant le formol », ou encore de l’absence de Sautet parmi les « 100 meilleurs films français » des Inrockuptibles. Sautet est en fait bien souvent loué ou méprisé pour les mêmes raisons : les histoires qu’il raconte primeraient sur la façon de les filmer. Or c’est bien l’art subtil de sa mise en scène qui porte ces récits. Les Mac-mahoniens ne s’y étaient d’ailleurs pas trompés : eux qui célébraient les réalisateurs parvenant à circonscrire le monde dans une forme avaient encensé Classe tous risques dès sa sortie.
Comment qualifier son style ?
Son classicisme est détraqué, et sa modernité entravée. Pour tenter de cerner le nouvel ordre esthétique qu’il déploie, on pourrait faute de mieux le qualifier de néo-classique : il garde du classicisme le goût des intrigues claires, de la mise en scène sobre, mais il y injecte de nombreux traits modernes, comme le recours excessif à l’ellipse, les jeux de répétition, le traitement particulier des corps. Et cette modernité est à son tour bridée : le formalisme pas plus que la déstructuration ne prennent le dessus. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !