Comment, et dans quel délai, se déroule une Interruption Volontaire de Grossesse ?
Une IVG médicamenteuse peut être pratiquée jusqu’à sept semaines de grossesse. Pour une IVG chirurgicale, le délai est à ce jour de douze semaines de grossesse, mais est en passe d’être étendu à quatorze semaines.
Le premier comprimé donné aux femmes qui font un avortement – qu’il soit médicamenteux ou chirurgical – est la Mifegyne, qui est un anti-progestatif. Ce comprimé a pour but de décoller le placenta et de dilater le col de l’utérus. Ce qu’il faut savoir c’est que les médecins et les sages-femmes lorsqu’ils donnent le comprimé à la mère, lui disent « ce médicament arrête le cœur du bébé ». Ce qui est un vrai mensonge médical. Heureusement aucun médicament ne peut instantanément tuer le bébé. En fait ce médicament décroche le placenta et entraîne dans les deux à trois jours : la mort de l’embryon / du fœtus, car celui-ci sera décroché complètement et ne sera donc plus ni nourri, ni oxygéné.
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Pour un avortement médicamenteux : deux jours après le premier comprimé, on donne aux femmes de la prostaglandine – une hormone qui provoque des contractions. Si le placenta s’est bien décollé préalablement, cela entraîne une fausse-couche. Pour un avortement chirurgical : la deuxième étape est l’aspiration.
Peut-il arriver que l’embryon tombe vivant lors d’une IVG médicamenteuse ?
À ce stade, je ne saurais dire si l’embryon sort vivant ou pas. S’il est suffisamment décroché du placenta, il ne peut plus vivre, et meurt rapidement. En tout cas ce qui est sûr c’est que tant qu’il n’est pas décroché, il est vivant. Et c’est là que l’on peut le sauver parfois, en administrant un antidote le plus vite possible, de préférence dans les 12 à 24h, voire dans les 48h suivant la prise de Mifegyne. Plus vite il est administré, plus les chances de maintenir la grossesse sont élevées.
Comment cet antidote agit-il ?
Il est important de préciser que je ne le prescris qu’à la demande des femmes, lorsque celles-ci me contactent après s’être rétractées. Si on intervient très vite après la prise de Mifegyne, on peut contrer l’effet anti-progestatif, par de la progestérone, notamment avec un médicament appelé Utrogestan qui va maintenir en place le placenta et permettre la poursuite de la grossesse. Mais cela ne fonctionne pas systématiquement.
Y a-t-il des risques pour l’enfant si l’on interrompt de la sorte un avortement ?
Contrairement à ce que prétendent les médecins, la Mifegyne n’est pas tératogène. Cette molécule n’entraîne aucune malformation. Or quand les femmes veulent se rétracter, le médecin leur dit « vous ne pouvez pas vous arrêter, l’enfant sera anormal ».
Quand les femmes veulent se rétracter, le médecin leur dit « vous ne pouvez pas vous arrêter, l’enfant sera anormal ». Ce qui est faux. L’anti-progestatif n’agit que sur le placenta, pas sur l’enfant lui-même, il n’entraîne pas de malformation
Ce qui est faux. L’anti-progestatif n’agit que sur le placenta, pas sur l’enfant lui-même, il n’entraîne pas de malformation. En revanche le deuxième comprimé, la prostaglandine, entraîne dans 4% des cas des malformations des membres et plus rarement une atteinte du cervelet.
Est-il possible de maintenir la grossesse après la prise du deuxième comprimé abortif ?
Parfois, lorsqu’il y a un « échec à l’avortement », le bébé s’est accroché et est toujours vivant, dans ce cas il est possible de le sauver même après le deuxième comprimé, toujours en donnant de la progestérone. En général, les médecins proposent plutôt une IVG par aspiration.
Pouvez-vous intervenir si la méthode d’IVG est chirurgicale ?
Oui bien sûr, c’est même plus efficace ! Pour un avortement chirurgical, on donne également de la Mifegyne à la femme pour dilater son col utérin, deux jours avant l’intervention. Si la femme en fait la demande, on peut lui prescrire de la progestérone – avant l’intervention – afin de maintenir la grossesse. Le bébé étant plus développé il résiste mieux et il est plus facile de le sauver.
Qu’est-ce qui pousse ces femmes à se rétracter et à vous contacter ?
En général lorsqu’elles prennent la décision d’avorter, ce n’est pas une vraie décision, elles agissent sous la panique. Elles vont voir un médecin ou une sage-femme pour réfléchir mais on ne le leur permet pas. On leur dit souvent « prenez ça, ça va être réglé tout de suite ». Sauf qu’une fois qu’elles ont avalé le premier comprimé, elles se disent « mais qu’est-ce que je viens de faire, ce n’est pas ça que je voulais ». On ne leur donne souvent pas le temps de la réflexion.
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Les femmes qui m’appellent ont presque toujours été précipitées dans leur décision. On ne leur donne pas assez de temps pour réfléchir. Il suffit qu’elles disent que la grossesse n’était pas prévue, pour que dans les plannings familiaux, on leur dise qu’il faut « y remédier » et dans ces cas-là, on leur propose l’IVG médicamenteuse. J’ai eu des cas de femmes à qui l’on avait proposé l’IVG à trois semaines de grossesse. Ce qui est très précoce. Elles viennent juste de savoir qu’elles sont enceintes et on leur propose d’avorter.
La femme enceinte en tout début de grossesse a des variations d’humeur assez importantes, elle peut passer de l’euphorie au désespoir. C’est un moment de grande vulnérabilité, et si on ajoute à cela le fait que la grossesse soit imprévue, c’est la panique totale. C’est précisément à ce moment-là qu’elle aurait grand besoin d’être soutenue par son conjoint. Elle aurait besoin d’être rassurée, qu’on lui dise qu’elle sera une bonne mère. Or actuellement, dans la société, si la grossesse n’est pas planifiée, la femme n’entend jamais ces paroles réconfortantes. Dans le meilleur des cas, son conjoint va lui dire « c’est toi qui choisis ». Et ce n’est pas du tout ce qu’elle a besoin d’entendre.
Ce qui est terrible, c’est que c’est à ce moment où la femme est le plus vulnérable, que la proposition d’avortement va arriver. Elle ne va la plupart du temps, pas savoir dire « non » et le regretter aussitôt. Il y a surtout un manque de temps et d’écoute pour ces femmes-là.
Propos recueillis par