Groupe, chorale, polyphonie, comment vous définiriez-vous ?
Peut-être qu’il s’agit avant tout de musique, d’une musique parfaite pour danser. Et puis surtout il s’agit de notre propre compréhension du genre pizzica. Rythmes, danses, et voix ! Voilà ce que nous sommes.
Pouvez-vous décrire la tarentelle et la pizzica ?
Il existait chez nous dans le Sud, depuis les temps les plus reculés, un phénomène de possession et de transe très renommé : le tarentisme. C’était un vestige païen, voire dionysiaque, relié à l’antiquité grecque classique par le mythe d’Arachné. Il n’a cessé d’être pratiqué même après son interdiction par l’Église. Cette forme d’état second possédant à la fois une dimension psychologique et une dimension sociale provenait de la conviction que la morsure de la tarentule lycosa rendait très malade, fou et impuissant. Le seul moyen de guérir était alors de danser pendant des heures, des jours et des nuits, aux rythmes et mélodies de la pizzica tarantata afin d’expulser le venin et d’exorciser le démon. On utilisait littéralement le pouvoir de guérison de la musique et de la danse.
Si le tarentisme a disparu aujourd’hui, la pizzica elle, fait toujours l’objet d’études importantes. Quel est l’aspect contemporain de ce fort symbole de fierté et de rédemption en Italie ?
Oui, le tarentisme est mort, mais il peut revêtir d’autres formes puisqu’il y a de nouveaux démons à exorciser. Et puis c’est un patrimoine très ancien, ultra-codifié avec des attitudes et des personnages ritualisés révélateurs du monde agricole. Une partie du langage corporel et musical émane de cette ancienne affiliation mais nous nous le sommes réapproprié. Pour nous, il est primordial que l’acte créatif parte de la recherche sur le terrain. Pour être original, il faut nécessairement connaître l’origine ! [...]
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