Dans son éloge, lu en séance publique de l’Académie française et publié en 1779, d’Alembert prétend que la mère de l’abbé de Choisy lui avait donné « dans son enfance des habits qui n’étaient pas ceux de son sexe, encore moins de son état, et que la frivole indulgence de la nation française l’accoutuma trop à porter. L’espèce de goût qu’il conserva trop longtemps pour un travestissement si étrange et si blâmable est une triste preuve du malheureux empire que conservent sur certains esprits les premières sottises dont une mauvaise éducation les a infectés ».
Ce laïus hypocritement moralisateur trouve sa source principale dans une certaine Vie de Monsieur l’abbé de Choisy, parue à Lausanne et Genève en 1742, elle-même nourrie de pamphlets et de libelles plus anciens. François-Timoléon, quatrième et dernier fils de Jean de Choisy, conseiller d’État, intendant du Languedoc et chancelier de Gaston d’Orléans, voit le jour à Paris, le 16 août 1644. Sa mère, arrière-petite-fille du chancelier de L’Hospital, « femme de beaucoup d’esprit » et célèbre « Précieuse », aurait donc revêtu son jeune fils, d’une figure charmante, de robes de soie et l’aurait paré de colliers de perles et de boucles d’oreilles. Cette étrange idée lui serait venue afin de complaire à Mazarin qui cherchait à « efféminer » le frère cadet du jeune Louis XIV, Philippe futur duc d’Orléans. […]
Le digne ecclésiastique a connu une jeunesse raisonnablement brouillonne, mais sans trace d'extravagance vestimentaire
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