« [qodef_dropcaps type=”normal” color=”red” background_color=””]Ê[/qodef_dropcaps]tre de droite n’est pas d’abord une attitude politique, comme beaucoup l’imaginent, c’est une attitude dont il faut comprendre qu’elle est d’abord, en profondeur métaphysique », écrivait le philosophe Claude Polin.
Les droites concrètes n’ont pas su incarner cette profondeur dans le réel. Une profondeur existentielle, métaphysique, qui doit être fermement établie. Pour rappeler la droite à elle-même. Pour qu’il y ait véritablement droite.
« En ce qui concerne la droite française, il ne s’agit pas pour elle de rompre une fidélité, mais au contraire, de retrouver celle qu’elle avait abandonnée » rappelait Paul Sérant. Dans sa typologie des droites — droite légitimiste, droite bonapartiste et droite orléaniste —, René Rémond faisait de la droite légitimiste la seule vraie droite. La droite contre-révolutionnaire ou traditionaliste étant hostile au libéralisme, au nationalisme et au colonialisme. Historiquement, ce sont d’ailleurs des idées de la gauche progressiste. L’écologie ? Au contraire. Une conception du monde de droite, récupérée par la gauche. La droite avait délaissé l’écologie de peur d’être accusée de « pétainisme ». C’est la confusion induite par ce fameux complexe de la droite qui doit maintenant être abandonnée. Pour retrouver l’ontologie de droite. Une droite s’assumant essentiellement. De quoi s’agit-il ? Pour la philosophe Corinne Pelluchon, « le couple gauche/droite peut correspondre symboliquement au couple Eve/Adam ». La droite est du côté du père. Elle incarne « l’autorité, c’est-à-dire quelque chose que l’homme d’aujourd’hui ne supporte plus et qu’il n’a pas été habitué à comprendre. Trop peu de personnes entendent derrière le mot “autorité” son étymologie (du latin augere, élever) : elle renvoie à la vocation du politique qui est de promouvoir une société meilleure et plus respectueuse de ce qu’est la personne ».
La droite ? Un état de l’esprit aristocratique fondé sur la rectitude
Platon désigne « le cheval de droite qui est fiable et courageux », alors que « le cheval de gauche est immature et capricieux ». Durant l’Antiquité comme dans l’Ancien et le Nouveau Testament, la droite se reconnaît aux gestes d’honneur, de bravoure, de courage. Le Christ ressuscité est assis à la « droite du Père ». Inversement, Judas est décrit comme un gaucher. Dans La droite, cette inconnue, Jean Jaélic faisait observer : « La générosité traduit la noblesse : generosus, “ de bonne race”. Sur le plan naturel, elle reflète la charité. Elle fait le cœur de la droite. La quantité n’est qu’une monnaie d’échange, le signe d’un profit, d’un plaisir ; sauf au service de la qualité. Seule la qualité nous attire pour elle-même, dans le sacrifice. C’est pourquoi la gauche est utilitaire, et la droite désintéressée ». Il y a vingt ans, Geneviève Dormann donnait une vision existentielle de l’homme de droite, ce mousquetaire, vision qui évoquait L’Action Française des origines : « Du temps de nos grands-parents, les gens de droite étaient facilement identifiables ». À quoi ? C’étaient « des sortes d’aristocrates, pas forcément nobles et même issus parfois de milieux modestes […]. Volontiers monarchistes, ils se méfiaient du parlementarisme, des magouilles et des partis politiques, bref préféraient obéir à un pouvoir de droit divin plutôt qu’à celui de l’audimat, comme on dit aujourd’hui. Ils aimaient la nature, défendaient les paysans et plantaient des arbres. Les femmes n’étaient pas leurs égales. Ils leur écrivaient des vers, les couvraient de peaux de bêtes en hiver et se battaient pour elles à l’épée et au pistolet. Ils avaient un franc-parler, de l’humour parfois corrosif, le sens des mots et des phrases étincelantes ; ils traitaient l’adversité avec une pudique désinvolture. Ils étaient pessimistes, gais et actifs. Ils manifestaient souvent un anticonformisme qui agaçait les conformistes et comme ils réagissaient vivement à ce qui leur déplaisait, on les appelait réactionnaires ».
La droite ? Un existentialisme !
Où est passée cette droite ? Elle a été oubliée, et réclame qu’on lui rappelle qui elle est. N’est-il pas temps ? Une droite intégrale incarnant non pas le contraire de la droite mais la droite contraire. D’évidence, contraire à ce qui s’affirme actuellement de droite. Une droite anthropologiquement catholique, c’est-à-dire aristo-populiste, identitaire pluraliste et sociale communautaire. Une droite véhiculant une doctrine personnaliste et communautaire enracinée, en rupture avec l’individualisme marchand et l’étatisme jacobin. Une droite essentielle. La droite, la seule droite — existentielle : celle que nous avons le devoir de réhabiliter.