« La filiation n’a jamais été autre chose qu’un fait social et culturel. C’est un homme qui vous parle. La paternité a toujours été une présomption ». C’est par ces mots que commençait le discours de Jean-Luc Mélenchon sur la PMA en 2019, discours qui entendait prendre acte de la mort du père et son corollaire maléfique : « Oui, c’est la fin du patriarcat. Des femmes mettront au monde des enfants sans l’autorisation des hommes ». Représentatif de son temps, nourri à la mamelle post-moderne, Jean-Luc-Mélenchon achevait ainsi de réduire le père à la coïncidence, à l’anecdote, à la présomption, dernière étape de sa liquidation totale. Car le père dérange. Incarnation de l’autorité bienveillante, il est vu comme trop paternaliste, trop rationnel, trop froid, trop distant, trop autoritaire, trop inflexible. Le père cumule tous les défauts caractéristiques de sa masculinité toxique et tous ceux de la famille traditionnelle. Le cauchemar d’un homme de la gauche laïcarde, donc.
Mais en finir avec le père n’est pas sans danger. Le consensus scientifique indique de manière étayée et significative que le rôle du père dans le développement intellectuel et émotionnel des enfants est primordial. (voir Rollè, Luca, et al. « Father involvement and cognitive development in early and middle childhood : a systematic review », Frontiers in psychology). Les pères acclimatent leurs enfants aux dures réalités de la vie, ils leur font découvrir le monde dans ses beautés et dans ses dangers, notamment en jouant de manière plus compétitive avec leur progéniture et en les forçant à prendre des risques et repousser leurs peurs. L’absence de figure paternelle produit des enfants incomplets, mal à l’aise avec l’inconnu ou les rapports de force qui pourtant se dresseront sur leur chemin de vie. Contre l’illusion du confort fusionnel d’un safe space maternel, hélas, le réel au dehors attend son heure. [...]
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