À l’origine de ce livre, un cliché qui perdure : rien de valable n’aurait été écrit entre Dostoïevski et Soljenitsyne. Pourtant, rien ne s’interrompt en 1917, un vent de renouveau souffle au contraire sur la poésie, le théâtre, la musique, instruisant une nouvelle façon de capter le réel. Le prométhéisme léniniste forme le creuset d’une avant-garde stimulante qui semble toucher tous les arts… sauf la littérature. Et pour cause : le renouveau soviétique réclame d’abord l’urgence et l’immédiateté. Les romans qui évoquent des faits datant de « plus de trois ans » sont systématiquement rejetés. On veut de l’ultracontemporain, de la réalité au détail. Une réalité qui semble à même d’être captée davantage par la poésie ou le théâtre que par le roman. La volonté d’écrire sur le peuple, qui prend ses sources dans la culture française et notamment chez Lamartine, comme le rappelle Fernandez, prend d’abord des formes picaresques, comme chez Maxime Gorki ou Ilya Ehrenbourg. L’homme soviétique est encore à inventer, et il mobilise tous les inspirés d’un monde en pleine mutation. [...]
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