La France fête deux anniversaires. La loi de 2004 faussement appelée interdiction du voile à l’école, et Diên Biên Phu. Quel point commun demanderez-vous à juste titre ? L’honneur camarade! Et la trahison. Toujours des mêmes. De l’État, des lâches et d’une partie de gauche. Et puis notre Histoire, enfin celle revisitée. Celle que nos révolutionnaires embourgeoisés ont tenté d’inoculer à grand échelle pendant cinquante ans : la France coupable. De quoi ? Mais de tout. Salope colonialiste ! Alors elle doit payer, cher et pour l’éternité. On fait place nette, on décloue les souvenirs du paysage, on efface la mémoire de nos enfants et on karchérise la grandeur. Les nouveaux locataires doivent pouvoir retapisser à leur guise jusque dans nos écoles. On appelle ça l’inclusion.
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En 1989, la France découvre l’islam. Des jeunes filles voilées dans l’école de la République, ça surprend. Tout le monde se couche ou presque. Rares sont les intellectuels à se lever. On les compte sur les doigts de la main. Parmi eux, Finkielkraut, Badinter, Fontenay ou Debray. Il faut attendre cinq ans pour que l’État se rebiffe. Mais qu’a-t-il à offrir en réponse à une conquête ? Il a déjà tout abandonné. Comme en 40, comme à Diên Biên Phu et comme à Alger. On s’habitue vite au silence et à la lâcheté, même quand des Français à l’âme en faucille et au cœur de marteau brandissaient triomphalement un drapeau maculé du sang de nos fils. Ils s’appelaient Georges Boudarel et Henri Martin. Eux rentrèrent de l’enfer, pour un temps. La patrie de substitution n’offre que la honte et le déshonneur comme récompenses. Certains aujourd’hui devraient s’en souvenir.
Le Parlement nous pond une loi. L’interdiction « en application du principe de laïcité, du port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics ». Vingt ans plus tard, il ne se passe pas une semaine sans que l’école ne subisse les attaques de l’islam radical.
On s’habitue vite au silence et à la lâcheté, même quand des Français à l’âme en faucille et au cœur de marteau brandissaient triomphalement un drapeau maculé du sang de nos fils.
Elle est même menacée d’attentats. C’est là qu’est l’os. Il n’a jamais été question ni de religion ni de laïcité. Le mot même de « religion » n’a aucun sens sinon d’être une capote pour se protéger d’accusation de discrimination. L’islam n’est pas qu’une religion. C’est aussi une culture, une histoire, des lois, des coutumes, bref une civilisation. Or nulle part dans l’Histoire ni dans le monde, deux civilisations que tout oppose n’ont coexisté longtemps sur un même territoire. Alors ils agitent la fameuse « laïcité » comme un gris-gris oubliant que si elle est une spécificité française, c’est justement parce que la France est (ou était) chrétienne. Ils oublient que la distinction du temporel et du spirituel n’a pas été inventée par la République, ils oublient que l’Église et l’État ont toujours été séparés mais que la fameuse laïcité a mis fin simplement à une coopération qui maintenait la France sur ses deux jambes. Enfin ils oublient qui nous sommes : l’alliance du trône et de l’autel sur les fonts baptismaux de Reims.
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La loi de 1905 défigura la France, lui laissant en héritage un grand fossé sans pont. La Grande Guerre passa par là et combla ce trou du sang des deux camps réconciliés dans les tranchées de Verdun. Un même drapeau, une même culture et une même terre autorisent de grands sacrifices. Mais qu’en est-il lorsque deux France ne partagent plus rien? Aujourd’hui la France n’est pas attaquée par une religion mais par une autre culture importée dans les bagages de l’immigration. Une culture islamique qui trouve sur ce territoire devenu seule- ment administratif le terreau idéal pour prospérer. Aucune société n’existe sans cadre, aucune société n’a d’avenir sans un passé et aucune société n’a d’identité sans culture.
C’est pourquoi un matin de mai 1954, des jeunes hommes sautaient en parachute dans cette cuvette de larmes. Malgré les trahisons et malgré l’abandon, ils sautaient le cœur battant et le regard fier alors qu’Isabelle et Éliane étaient déjà tombées. Ils sautaient encore alors que tout était déjà perdu, tout, fors l’honneur.