Vainqueurs quatre essais à zéro, ils n’ont laissé aucune chance aux députés En Marche renforcés par Louis Aliot (Front National) et Alexis Corbière (France Insoumise) qui jouait dans son fief. Midi Olympique, dans son édition du lundi 20 novembre, a prétendu que le XV Parlementaire avait fait « jeu égal face à l’équipe rugueuse des journalistes, les Blondiniants [sic] » ! On note une fois de plus l’indépendance de la presse… vis-à-vis de la réalité (et de l’orthographe).
Mais qui sont ces mystérieux Blondinians ? Ils se sont illustrés en juin 2016 au stade Yves-du-Manoir de Colombes lors d’un match épique en l’honneur d’Antoine Blondin, dont on commémorait les 25 ans de la disparition . L’équipe fondée par l’avocat François Jonquères (du Prix des Hussards) et le cosaque Bertrand Lacarelle est composée d’écrivains, de journalistes, d’éditeurs et de lecteurs passionnés de Blondin. C’est sur un chant composé par le talonneur Olivier Maulin, le désormais célèbre Chant des Blondinians (« Honneur à toi Monsieur Jadis », sur un air connu), qu’ils ont sonné la charge, sous un ciel triste mais le soleil au cœur. Ils n’ont pas fait mentir leur devise, « Je boirai l’obstacle », en renversant immédiatement les Républicains, les Marchistes et autres Insoumis sur leur passage. Dès les premières minutes, le trois-quart-aile Lacarelle donnait le ton en repiquant vers le centre pour plaquer lourdement Corbière. Peu après, Arnaud de La Celle marquait le premier de ses deux essais, après un beau mouvement collectif de ses avants. Parmi eux, son frère Thibaut (de Sens Commun) et le massif Hubert de Sèze (qui n’avait pas encore digéré la récente attaque de Mélenchon contre l’Action Française).
Les Blondinians ne jouaient certes pas tous en pensant à Kléber Haedens, disparu il y a 40 ans, qui avait initié Blondin, Nimier et Morand aux joies du rugby. Malgré la règle des dix mètres maximum de ballon porté et un arbitrage maison, les Blancs marquaient un troisième essai par Louis Téqui et un quatrième par Baudouin Vercken soutenu par François-Xavier Parison. Ils auraient pu en marquer cinq si Pierre de Saint-Louvent, brillant par ailleurs, avait pensé à aplatir après le franchissement de la ligne (on lui attribua le « Prix de la Geuse » à la fin du match).
Que dire des Bleus, si ce n’est qu’ils ont semblé dépassés par les événements, qu’ils ont joué proprement et avec application, mais rarement atteint les 22m des Blancs, malgré la belle complicité FN-FI. Aux nouveaux « marcheurs », la charnière blondinianne, composée par Raphaël Stainville (cap) et Geoffroy Lejeune a bien évidemment donné une leçon de valeurs actuelles. Le rédacteur en chef de L’Incorrect, Jacques de Guillebon, avait pour cette fois dépêché son frère Jean-Marie pour tenir l’arrière avec Benjamin Lestang. L’entraîneur Paul Téqui (champion de Bourgogne avec Auxerre) pouvait faire tourner l’effectif (entrée des sémillants anciens, Nicolas Jeanneau et Alain de Chanterac), même si François Mounier (ancien du Stade Français et du Racing) demandait à ses camarades de calmer leur furia blondinese pour épargner l’adversaire. Malgré les plaquages haut des républicains, les esprits restaient calmes, tandis que le soleil surgissait en fin de match pour faire briller un peu plus le maillot blanc.
Les Blondinians, pour leur deuxième match officiel, prouvaient qu’ils étaient une équipe de frères (les magnifiques Aymeric et Timothée Jeanson, les Téqui, rappelant les frères Boniface du temps de Blondin) et une équipe fraternelle, et s’en allaient boire un pastis à la buvette avec la République déchue. Cyril de Pins, le béarnais bondissant des Blondinians, entonnait avec les dépités des chants basques et corses, tandis que Raquel Garrido admirait la longue chevelure de Geoffroy Lejeune, ce La Rochejacquelein. Montjoie Blondin !