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Retranché dans le quartier parisien du Marais, il était de ces écrivains que l’on ne voit pas vieillir tant leurs interventions extérieures sont rares et leurs publications tout autant. Six romans en tout et pour tout avec une publication étalée sur un demi-siècle. Guy Dupré aurait eu 90 ans le 27 février prochain.
Né en 1928 à Enghien-les-Bains, il avait la particularité généalogique d’avoir un grand-père maternel japonais, chose assez rare pour l’époque. Il avait déboulé dans le petit monde des lettres parisiennes en 1953 avec un roman étrange et fascinant, cavalier et baltique, Les Fiancées sont froides dont l’incipit fait plus songer à Jean Raspail qu’aux Hussards : « J’arrivais là-bas un soir d’octobre. En ces régions près de la mer la brume accompagne la tombée du jour et je me souviens d’avoir effrayé les enfants qui sortaient du pastorat. » Le succès d’estime est au rendez-vous. Julien Green y voit « l’aube d’un grand talent » et François Mauriac un « terrible livre », ce qui est évidemment un compliment sous la plume de l’auteur du Nœud de vipère.
Il est jusqu’à André Breton et surtout Julien Gracq pour saluer l’ouvrage. Le jeune romancier de 25 ans réconciliait surréalistes et catholiques. L’homme avait un attrait certain pour l‘occultisme, dévorant les livres de Raymond Abellio et préfaçant Jean Parvulesco. Éditeur chez Plon, maison où il publiera en 1970 la correspondance entre son cher Maurice Barrès et Charles Maurras, il devient le grand ami de Sunsiaré de Larcône, l’ange blond de la mort de Nimier en 1962. Il faudra attendre les années 1980 pour le voir revenir dans les librairies avec Le Grand coucher (1981), Les Mamantes (1986) et Les Manœuvres d’Automne (1989). Il reviendra encore une fois saluer ses lecteurs de fort belle façon avec Comme un adieu dans une langue oubliée paru chez Grasset en 2001.
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Parmi les lecteurs inconditionnels de Guy Dupré, on trouvait aussi bien les romanciers Jean-Marc Parisis et Sébastien Lapaque que l’ancien ministre Hervé Gaymard, la biographe Sarah Vajda, ou encore Charles Ficat, éditeur de son journal 1953-1978, L’Âme charnelle (Bartillat, 2010). Une sorte de société secrète fascinée par sa maîtrise de la langue française et sa connaissance rarement égalée de l’histoire militaire française des deux derniers siècles. Sa vie, il l’avait résumée dans les dernières lignes des Manœuvres d’automne : « Dans le bleu des soirs d’Île-de-France pareil au bleu de Prusse des matins d’exécution, je chercherais longtemps encore le secret de conduite qui permet de lier la douceur sans quoi la vie est peu de chose au déchaînement intérieur sans quoi la vie n’est rien.»
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