On aurait pu craindre que la première biographie consacrée à Dantec relève de l’hagiographie, elle montre surtout les limites de son auteur, dépassé par un sujet dont il ne comprend pas le mouvement intellectuel, et qui n’a pas voulu débattre avec nous en raison de sa conception stalinienne de la tolérance.
L’exercice biographique est un exercice périlleux en soi, d’abord parce qu’il nécessite une distance avec son objet, et ensuite parce qu’il sera livré en premier lieu à un public qui en fera rarement preuve ; a fortiori lorsqu’il s’agit d’un écrivain comme Maurice G. Dantec, phénomène littéraire inédit dans le panorama culturel français, qui aura suscité autant d’adhésion que de rejet, et dont la perception n’est pas forcément claire, à plus de dix ans de sa gloire et à deux ans de sa mort. Monstre littéraire, élaborant des romans gargantuesques à partir d’une fragilité psychologique grâce à laquelle il percevait, par l’entremise de la science-fiction ou du polar, quelque chose de la catastrophe de notre monde.
S’il bascula dans la Réaction puis dans un oubli relatif duquel il ressortira très certainement posthume, Dantec s’exila également d’un hexagone dont il ne supportait plus l’étroitesse pour une Amérique fantasmée dès son plus jeune âge. De la même façon, il échappait aux diverses chapelles politiques qui finalement ne parvinrent jamais à se l’approprier autrement que sur des malentendus: viscéralement antifasciste, il pourfendait les islamo-gauchistes qu’il dénonçait comme les héritiers des totalitarismes du XXe siècle dans des écrits polémiques ressemblant en tout point à des carnets de guerre. (…)
A lire dans le dernier numéro de L’INCORRECT et en ligne pour les abonnés
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !