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Le serial killer vu par Lars Von Trier ou s’envoyer en l’air avec Ryan Gosling…Que faut-il voir ou fuir au cinéma cette semaine ?
FIRST MAN – LE PREMIÈRE HOMME SUR LA LUNE
De Damien Chazelle avec Ryan Gosling, Claire Foy, Jason Clarke
Après l’immense succès de la comédie musicale La La Land, Damien Chazelle propose, avec ce troisième film, une plongée intimiste au cœur de l’histoire du premier homme qui posa un pied sur la lune : Neil Armstrong.
Si le script décline les étapes inhérentes au genre – sélection, entrainement, conséquence sur la vie familiale – le réalisateur américain choisit de coller littéralement à la personnalité d’Armstrong (Ryan Gosling tout en intériorité) jusqu’à épouser son regard, pour mieux captiver le spectateur (lequel connaît d’emblée la conclusion de l’histoire). Après une ouverture splendide – quinze minutes d’immersion vertigineuse dans un cockpit, du jamais vu au cinéma – Damien Chazelle conduit sa narration comme un thriller abrupt au réalisme aussi effrayant que passionnant où l’espace, extraordinaire territoire cinématographique, se révèle aussi vertigineux que fascinant. Il n’y a ni conquête ni exploit dans The First Man, mais un parfum de mort qui environne une trajectoire néanmoins héroïque, où chaque sacrifice offre une marche de plus vers le ciel
Lire aussi : Le dernier Lars Von Trier, bien plus qu’un bras d’honneur
THE HOUSE THAT JACK BUILT
De Lars von Trier avec Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman
Le film s’ouvre sur un écran noir, un homme s’adresse à « Verge », dont on découvrira l’identité à la fin, pour vanter ses exploits en décrivant « cinq incidents choisis au hasard » – cinq meurtres. Après son Nymphomaniac, Lars Von Trier annonce le programme, toujours aussi brutal, puisqu’il s’agit d’immerger le spectateur dans l’esprit d’un serial killer. À nous, spectateurs, de jouer le jeu ou non, mais le cinéaste nous prévient et ne prend personne en traître.
En privilégiant le naturalisme avec sa caméra organique à hauteur de vue d’un psychopathe, Lars Von Trier tranche avec l’ivresse stylistique de Melancholia ou d’Antéchrist, lui permettant d’éviter toute esthétisation complaisante. Les procédures, les enquêtes, les poursuites, Lars Von Trier s’en fiche tout autant que Jack se fiche d’être intercepté par les flics. Seule compte l’exploration d’un cerveau psychopathe, sans plaisir sadique, sans fascination, mais avec une parfaite maitrise de la distance, afin de nous montrer l’irregardable sans nous écœurer totalement.
En dépit de ses exercices de style, le cerveau d’un serial killer se révèle assez rapidement aussi vain et ennuyeux que celui d’une nymphomane, et le réalisateur en profite pour dresser le bilan de son œuvre, entre auto-flagellation et bras d’honneur. Défiant les procureurs qui l’accusent de misogynie, en pleine année #MeToo le cinéaste choisit pour « cinq incidents choisis au hasard », cinq meurtres de femmes avec en apothéose le découpage de nichon d’une demoiselle surnommée « simple », qui suit un discours de Jack se plaignant de cette manière moderne de toujours accuser les hommes et victimiser les femmes. On lit à travers les multiples bifurcations la ligne directrice du film de Lars von Trier qui est celle de la satire, une satire où toutes les moqueries sont permises, y compris contre le réalisateur lui-même qui glisse, mégalo névrosé, des extraits de ses propres films. Toujours vivant, toujours débout, Lars Von Trier est revenu sur les lieux du crime non pas pour expier ses fautes mais pour narguer ses procureurs. Une œuvre mineure dans la filmographie du Scandinave mais d’une drôlerie héroïque qui convoque tour à tour Dante, William Blake, Glenn Gould, Tarkovski et Ray Charles et si l’on a parfois l’impression de jouer au psy, on accepte tout, tant la virtuosité du cinéaste éclate à chaque plan.
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