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Marc Obregon : pour une littérature transgenre

Pourquoi avoir donné aux personnages des noms d’écrivains métaphysiques : Daumal, Gomez-Davila ?

Ce roman s’est avant tout présenté à moi comme un exercice de style, une expérience ludique qui s’est déroulée dans un temps très réduit : un mois durant le premier confinement. L’idée était de faire une sorte de compilation de mes états à un instant T qui était celui de cette sidération, et j’ai rempli le livre de ce que les gamers appellent des « easter eggs » (œufs de Pâques), c’est-à-dire tout un ensemble de références plus ou moins cachées à tout ce que j’aime, de la philosophie antique à la pop culture en passant par l’ésotérisme.

En quoi ce moment du confinement a-t-il pu représenter une situation si inspirante ?

J’étais personnellement ravi de ce confinement : en tant qu’artiste, que dilettante, je me trouvais justifié dans mon oisiveté, vu que la France entière était condamnée à l’être ! Cependant, dès qu’on allumait la télévision, les médias divulguaient au contraire une vision cauchemardesque. J’ai donc eu l’impression que la pandémie avait comme fragmenté le réel. C’est ce que j’ai voulu développer dans ce roman, autour d’une histoire d’amour, pour obtenir un roman d’amour surréaliste.

Lire aussi : Éditorial culture de décembre : Bilan sanitaire

On a l’impression que dans cette anticipation un peu paranoïaque, seule une contre-conspiration de personnes réunies autour de vieux livres se trouve en mesure de proposer une alternative libératrice.

Oui, c’est la résistance de la métaphysique au monde technique, parce que la métaphysique rappelle cet agencement parfait du cosmos dont rêvaient les Grecs, une vision qui résiste à la décomposition de réel par la technique. [...]

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Prix littéraires de L’Incorrect : le palmarès

Jeudi 2 décembre 2021 ont été décernés, dans le quatorzième arrondissement de Paris, Chez Colette, 6 prix littéraires, sous les hourrahs de la foule en liesse. C’est d’un élan commun que nous avons distingué :

Pour l’année 2021 :

Grand Prix : Ici commence le roman (Robert Laffont) de Jean Berthier, roman « magistral, drôle et mélancolique à la fois », selon les mots d’Olivier Maulin, qui a ajouté : « Jean Berthier est du côté des faibles, des fragiles, de ceux pour qui vivre n’est pas si facile, et son génie consiste à les aimer sans les plaindre. […] Ce très beau roman n’a pas eu l’écho qu’il méritait, ni la place qui lui revenait, une des toutes premières, mais qui ne nous a pas échappé, à nous, jury de l’Incorrect. »

Prix de L’Ivresse : Châteaux de sable (Robert Laffont) de Louis-Henri de la Rochefoucauld, « roman drôle, pudique, touchant, intelligent, pétillant comme une coupe de champagne, et qui grise tout autant, [dans lequel]  il met en scène le retour de Louis XVI, haute figure Larochefoucaldienne », a estimé notre honorable membre Olivier Maulin.…

Richard Millet : dernier roman

Pierre-Antoine Fournial, seize ans, est envoyé chez sa tante à Villevaleix, petite campagne du haut-plateau Limousin, pour soigner sa tuberculose. Atteint d’une maladie désuète et très littéraire, ce Perceval pour qui les romanciers sont des hérauts fait la connaissance d’Emma, une jolie blonde aux origines bulgares (d’où le titre qui renvoie aux Odryses thraces) : la « reine » inaccessible du village. C’est ce que lui déclare le boulanger, Jean-Joseph, un homme de cinquante ans surnommé le « Surmâle » car, dans son fournil, il « pétrit » aussi bon nombre de femmes seules... De fournil à Fournial, il n’y a qu’un « a » : Pierre, qui est vierge et ignorant de tout sauf des livres, trouve en lui un père de substitution, un homme bon, qui révère les dames et se met à leur service. « Jean-Jo » le guide dans ses amours et le prévient contre Steve, le couvreur d’Eymoutiers, qui mène la bande des jeunes du coin et organise des soirées aux allures de « messes noires ». Pierre a aussi pour rival auprès d’Emma, Théo, le fils du riche industriel qui a racheté le château du coin, un parvenu qui se croit tout permis.

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Musique post-bourgeoise : confessions d’un hurleur

Le 11 novembre, alors qu’on ravivait la flamme du soldat inconnu, le duo culte de Musique Post-Bourgeoise rallumait celle de sa séduisante folie et célébrait la sortie de son nouvel EP : La Limite. Olivier Urman et Vincent Robischung y ont encore franchi celle d’un degré supplémentaire dans la révolte contre soi-même, l’intensité anxiogène, le bombardement de sentences faussement absurdes et vraiment éclairantes sur une électro aussi sommaire qu’implacable. Et si derrière ce délire pulsatile et consuméro-kafkaïen, derrière des affirmations frôlant le nihilisme (« Je lègue ma tête à mon col roulé ; je lègue mes couilles à mon slip : voilà pour la destinée ! ») se cachait en fait un genre particulier d’ascèse ? C’est en tout cas l’impression qu’on retire de ces confessions du hurleur, obtenues autour d’un thé vert japonais, après qu’il nous eut donné rendez-vous devant une boutique de cannes-à-système.

Qu’est-ce que la musique bourgeoise ?

C’est la musique faite par les bourgeois, mais on est tous bourgeois. Un jour, j’ai lu qu’un clochard en avait tué un autre parce qu’il lui avait pris son carton sous un pont. Au fond, ma conception actuelle, c’est qu’est bourgeois celui qui pense en fonction de ce qu’il possède. Si vous avez une voiture, vous pensez « voiture ». Si vous avez un appartement deux pièces, vous pensez « appartement deux pièces ». Donc tout le monde est bourgeois, puisque l’on possède tous au moins un truc. La question de ma place dans l’humanité, de savoir si je suis riche ou non, tout cela est résolu puisque la nature humaine nous pousse à toujours plus de confort et à vouloir du thé chaud dans un endroit chaud et à ne pas s’asseoir sur un clou ! […]

Le pâté, c'est un objet raffiné qui a une allure pourrie : soit exactement ce que j'essaye de faire

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West Side Story : cinema paradiso

La comédie musicale est sans doute le genre qui permet le plus au cinéma de faire ses preuves : parce que c’est un genre codifié, opératique par essence, parce qu’il nécessite une parfaite gestion de l’espace, du montage et de la direction des corps. On pourrait même dire que la comédie musicale est l’aboutissement du cinéma comme dispositif : les grands réalisateurs de l’âge d’or hollywoodien ne s’y sont pas trompés, qu’il s’agisse de Mankiewicz (Blanches Colombes et Vilains Messieurs, pépite oubliée à voir absolument) de l’immense Minelli (Brigadoon, sans doute son chef d’œuvre pourtant resté dans l’ombre) ou de Robert Wise, en passant par la forme canonique « chantante »  des grands classiques Disney, le cinéma hollywoodien y a trouvé son apax. Pour Spielberg , se frotter au genre était un vieux rêve, qu’il n’a jamais caché : voir le prologue incroyable d’Indiana Jones et le temple Maudit, vertigineux chassé-croisé entre une scène de Broadway revue par Fritz Lang et un cartoon tintinophile, ou encore l’intégralité de Rencontres Du Troisième Type, monté avec la complicité de John Williams et entrevu comme une véritable partition symphonique brucknerienne, jusqu’à l’apothéose de couleurs et de sons que l’on sait, devant un François Truffaut tétanisé… […]

En fait, West Side Story est le pendant parfait de Ready Player One : un hommage à l’autre versant du rêve, celui de l’enfance

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Les Amants sacrifiés : l’image impossible

Il y a toujours, au cœur de l’œuvre de Kiyoshi Kurosawa, une image à la fois séminale et parasitaire, qui va peu à peu infecter le réel, plier la narration à une instance nouvelle, forcément pathologique. Cette « image en trop », ici, c’est un enregistrement super 8 où sont décrites les exactions commisses en Mandchourie par les scientifiques de l’armée impériale japonaise, parmi lesquelles l’inoculation du bacille de la peste sur des populations civiles dans la tristement célèbre « unité 731 » - dirigée par le démoniaque docteur Ishii, qui ferait presque passer Mengele pour un aimable praticien. Des crimes de guerre qui constituent encore aujourd’hui un tabou et un angle mort dans la mémoire collective japonaise. Les angles morts, c’est précisément ce qui intéresse Kiyoshi Kurosawa. Fondateur de la nouvelle vague du fantastique japonais dans les années 90, avec les terrifiants Kairo et Cure, Kurosawa s’est depuis détourné des fantômes pour s’orienter vers un cinéma en apparence plus académique… preuve en est ce prestigieux téléfilm produit par la NHK et intégralement filmé en 8K (!) pour une définition et un piqué d’image ultra réaliste auquel nos écrans parisiens ne rendent malheureusement pas hommage. […]

Kurosawa se sert ici d’une forme très figée, celle de la reconstitution historique, du film d’espionnage et même du « drama » classique

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Bad Luck Banging or Loony Porn : art-porn bébête

Mon premier est une captation de sexe non-simulé avec fellation, fesses fouettées et pénétration POV (l’actant filme). Mon deuxième est une vardasserie de 5 à 7 en tout début de COVID. Professeur aux aguets accusée de pornographie, l’héroïne attend le jugement de ses supérieurs (son fichier maison a été piraté et diffusé partout) ; elle erre dans Bucarest au gré de longs panoramiques révélant la permanente laideur d’une ville en travaux. […]

Lire aussi : Pleasure : notre critique

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Simon Liberati : journal d’un oiseau de nuit

Le nouveau livre de Simon Liberati est une performance, au sens artistique : « Un journal éphémère, une sorte de performance comparable à ces artistes qui se font enfermer dans une boîte ». Il y a huit ans, il a tenu un journal pendant trois mois. « Trois mois de galère, les cent jours d’un plumitif aux abois ». Il a tenu à s’arrêter au bout de deux-cents pages, et à n’y plus retoucher. L’objet devait paraître à l’origine chez Flammarion ; il sort chez Séguier, on ne comprend pas bien pourquoi, c’est sans importance. À quoi ressemblent ces « loques », comme il les appelle ? Exactement à ce qu’on peut attendre d’un journal signé de lui : un mélange de soirées parisiennes, de name-dropping, de coucheries, de mode, de drogues, de papier glacé, de glam désabusé, d’un côté ; de citations la- tines, de romans fanés, d’attachantes bizarreries, d’érudition littéraire, de l’autre. Oiseau de nuit, la nuit, rat de bibliothèque et collectionneur, le jour, comme si deux êtres cohabitaient en lui, ou qu’il vivait dans deux mondes – dualité que reflètent, géo- graphiquement, ses ports d’attache, la maison à la campagne, silencieuse, moisie, livresque, et le studio de Paris, tremplin pour avant-fêtes, crique d’échouage pour lendemains de cuite. […]

Lire aussi : La littérature contre la lettre

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