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Messe psychédélique

Le vendredi 13 décembre 1974, plus de six mille jeunes gens chevelus investissent la cathédrale de Reims. Nico, grande prêtresse gothique et égérie d’Andy Warhol, se produit en concert dans le lieu saint avec, à l’affiche, les Allemands de Tangerine Dream. L’Église interdira au groupe de renouveler l’expérience en raison des dégâts consécutifs.

Pourtant, avec le recul, cet événement fut sans doute plus canonique qu’il n’y paraît. À la fin des années soixante, à l’inverse de leurs « collègues » anglais et français, les krautrockers allemands ne veulent pas s’inspirer du rock américain et, via les claviers électroniques, ils préfèrent évoquer les aciéries de la Ruhr et les usines automobiles de Düsseldorf (la ville de Kraftwerk) que les champs de coton. C’est en 1974, avec l’album Phaedra que Tangerine Dream rencontre le succès mondial. L’association Musique Action Reims, en collaboration avec Virgin, organise le concert. [...]

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La cave se rebiffe

Tout l’art de la constitution d’une cave est d’associer des vins de consommation rapide avec des vins de longue garde. D’un côté des vins à boire dans les 2-3 ans, dont certaines bouteilles seront par ailleurs oubliées et découvertes longtemps après la date optimale de consommation. Il sera alors possible d’avoir une bonne surprise en constatant que le vin a conservé une partie de sa jeunesse. À côté de cela, les flacons de longue garde, destinés à rester dix ans ou plus sur leurs claies ou dans leurs caisses de bois. Ce sont des bouteilles de mémoire qui accompagnent la vie des hommes. Certaines ont été acquises à la naissance d’un enfant et la caisse sera vidée au cours de sa vie : baptême, communion, mariage, vie d’adulte. D’autres, acquises au domaine ou dans des foires, seront bues longtemps après la mort du vigneron qui les a faites. […]

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Un ange passe

Dans le salon de Mathilde où un instant plus tôt les conversations allaient bon train, les invités étant tout heureux de retrouver des connaissances perdues de vue et de savourer avec elles des apéritifs variés en commentant une actualité qui ne l’était pas moins, le silence se fit tout à coup, subitement.

« Un ange passe ! » brama après une dizaine de secondes Maurice Bourgès-Maunoury, le célèbre professeur de droit administratif, ravi d’être le premier à énoncer ce qu’il prenait pour un mot d’esprit de grande classe. Joignant le geste à la parole, « MBM » lança une œillade complice à Gudrun, son épouse, qui tremblotait l’admiration, comme à chaque fois que son seigneur et maître daignait ouvrir la bouche.

Lire aussi : Préserver la langue française par l’insulte : mode d’emploi présidentiel

E., en revanche, se contenta de soupirer en fixant le plafond.

– Un Anche passe ! Wie lustig ! Gome zé droll, fou né droufé ba ? Nous n’afons ba ça auf deutsch ! s’inquiéta Gudrun qui, après trente-cinq ans passés en France, maniait avec aisance la belle langue de Guillaume Musso et d’Anna Gavalda.

[...]
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Partout, les saints : Bienheureux Niels Stensen (dit Nicolas Sténon)

Dieu et la science seraient adversaires ? Le bienheureux Neils Stensen nous explique pourquoi cette connerie n’est qu’un gros mytho de révolutionnaires rageux. Niels naît en 1638 à Copenhague, dans une pieuse famille de parpaillots, aussi étrangement surnommés « protestants ». Dès son plus jeune âge, Niels prouve que son cerveau tient davantage du Pentium 4 que d’une tondeuse à gazon. Comme tout bon élève, il se spécialise en sciences, et plus spécifiquement dans ce nouveau domaine appelé l’anatomie. Auparavant, on considérait que découper des morts à demi grignotés par les vers relevait davantage de l’asile que de la faculté de médecine. Stensen y voit au contraire un hommage au Tout-Puissant : « Si l’on refuse de regarder le travail de la nature, si on se contente de lire ce que d’autres ont écrit, on pèche contre la majesté de Dieu ». D’une seule punchline, il envoie bouler de concert les ringards superstitieux, et les scientifiques athées qui ne se prennent pas pour la moitié d’un confetti sous le prétexte douteux qu’ils auraient lu trois bouquins.

C’est un anatomiste accompli qui reçoit en 1663 son doctorat de médecine. Paris n’étant pas encore le dépotoir hidalguesque en vingt arrondissements qu’il deviendra, Niels le choisit comme lieu de travail pour ses recherches. Il met au point le protocole scientifique qui sert à bourrer le crâne des étudiants pendant deux bons siècles : « La vérité se cherche en lui confrontant des objections. Tant que ces objections tiennent, on ne doit cesser de rechercher cette vérité, et la confirmer par des preuves manifestes ». [...]

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Antipop : Brassens, l’homme pantoufle

Avant que ne soit commémoré en octobre le centenaire de la naissance de Georges Brassens, prenons les devants et gâchons d’emblée la fête : le moustachu égrillard de la chanson franchouille n’est le monument de rien si ce n’est de la beauferie autorisée parce qu’il commit trois rimes riches et, non, il ne fut pas plus un poète véritable qu’un anticonformiste. Sur le premier point, il eut du moins la décence de l’admettre et c’est bien le seul trait d’intelligence qu’on lui reconnaîtra ici. En effet, lorsque l’Académie française lui décerna le Grand Prix de poésie en 1967, Brassens, dans un éclair de lucidité, commenta : « Je ne pense pas être un poète... Un poète, ça vole quand même un peu plus haut que moi. » C’est le moins qu’on puisse dire.

Complètement au ras du sol, de Margot dépoitraillée au gorille à grosse bite, l’érotisme bas-de-gamme de Brassens se résume à une complicité salace de foule en manque

Régressif et graveleux

Complètement au ras du sol, de Margot dépoitraillée au gorille à grosse bite, l’érotisme bas-de-gamme de Brassens se résume à une complicité salace de foule en manque, au clin d’œil lubrique, aux jouissances de frotteur campagnard. Alors certes, maintenant que les ayatollahs châtrés de Médiapart le persécutent pour misogynie et phallocratie, on serait presque tenté de le défendre sur ce plan, mais quand même pas. Ni sulfureux ni sensuel, Brassens était juste régressif et graveleux. Une libido de caserne, de l’humour de caserne, des dictons de caserne : « Quand on est con, on est con ! », « les copains d’abord », et avec tout ça, pourtant, une prétention délirante d’échapper à la meute. [...]

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Mourir peut attendre : notre critique

Cinq ans après les évènements du douteux Spectre, on retrouve un Bond à la retraite en Jamaïque. Entre temps, il s’est débarrassé de sa femme Madeleine Swann, toujours incarnée par Léa Seydoux, dont il pense qu’elle a voulu le faire assassiner. À Kingston, Bond se laisse convaincre par la CIA de  récupérer une arme bactériologique volée au MI-6 par l’organisation Spectre, apparemment toujours vivante. Il se trouve alors opposé au nouvel agent 007 que campe Lashana Lynch, et découvre une machination qui dépasse largement le cadre de Spectre et menace, une fois n’est pas coutume, l’existence même de l’humanité. Ce faisant, il sera forcé de collaborer avec son ex-femme et se confrontera à Rami Malek, l’un des méchants les plus fantomatiques de l’histoire de la franchise, voire, allons-y franchement, de celle du cinéma.

Ce long-métrage ne prend jamais le temps de développer la psychologie des personnages et les querelles qui les habitent, trop occupé à servir sa dose de James Bond aux fans pour les adieux de Daniel Craig

Car autant le dire tout de suite, ce film est globalement raté. Déjà, nous le disions, par le manque de saveur de son antagoniste principal, et du danger qu’il représente. On croit voir un méchant générique, comme un avatar pas encore personnalisé. Bond lui-même, de retour pour une dernière mission, semble agir automatiquement, parce qu’il faut bien donner son quota d’héroïsme à Sa Majesté. On perd l’implication personnelle du héros dans le drame, pourtant une des marques de fabrique des Bond de Craig, qui avait trouvé son apogée dans le quasi-parfait Skyfall. On cherche bien à lier le personnage de Rami Malek, dont le nom vaguement oriental ne mérite pas une recherche de votre serviteur qui l’a oublié, au passé de Madeleine, mais la tentative est oubliée en chemin. Et pourtant, ce lien, ainsi la relation entre Madeleine et James, problématiques introduites dans une longue scène prégénérique époustouflante, qui laisse présager le meilleur, aurait dû être le cœur du long-métrage. [...]

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L’Atalante : notre critique

Film culte de toute une génération de cinéastes, film DR maudit connu pour avoir provoqué la mort de son réalisateur Jean Vigo, épuisé par une post-production houleuse, L’Atalante est l’objet cinéphilique par excellence. Mutilé par des producteurs timorés, l’œuvre a connu bien des remontages et ses multiples légendes ont un peu occulté ce qui demeure un des chefs-d’œuvre du réalisme magique. L’occasion de le redécouvrir en salles dans une version plus ou moins « director’s cut », qui laisse la part belle à ses digressions oniriques et à ses plans inoubliables. […]

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Monsieur cinéma d’octobre – Les Intranquilles : admirable !

L’écran est encore noir, mais le bruit de la mer est réconfortant. Un va-et-vient doux, au tempo reposant. Leïla dort sur la plage, sa respiration épouse le bruit des vagues, et le réalisateur s’attarde sur ce corps apaisé tandis qu’apparaît, en lettrines opales, ce titre étrange et beau : Les Intranquilles. Son mari, Damien, et son jeune fils, Amine, filent au large sur un Zodiac sautant d’une vague à l’autre comme un cheval les haies d’obstacle. Le réalisateur belge ouvre ainsi son film sur le tableau idyllique d’une petite famille en vacances.

Lire aussi : Monsieur cinéma de l’été : Bal tragique à Marseille

Soudain, Damien arrête le moteur du canot et saute à la mer après avoir lancé à son fils : « Je rentre à la nage, ramène le bateau, vas-y, tu sais faire ! » La caméra se tient éloignée des visages, la scène est rapide, trop pour nous déstabiliser d’autant qu’Amine ramène en effet le Zodiac. Leïla (Leïla Bekhti, sublime de justesse), l’attend et, étrangement, ne semble pas surprise. Son inquiétude se porte plus loin. Elle scrute l’horizon, se hisse sur les rochers pour apercevoir une silhouette, jette un regard inquiet à son téléphone sans trop y croire quand son mari surgit finalement à contre-jour. Leïla l’appelle en feignant le réconfort, l’épouse prend le ton d’une mère, quand, au plan suivant, le couple réuni danse amoureusement. La caméra est immersive, Lafosse filme à hauteur de visage, les corps se frôlent, les bouches s’effleurent, comme pour montrer que dans cette étrange relation, le désir brûlant des premières heures ne s’est pas encore éteint. [...]

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