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Richard Millet : apocalypse française

Les textes rassemblés dans Chronique de la guerre civile en France sont plus variés et littéraires que ce titre offensif pourrait le laisser penser. La plupart ont déjà été publiés lors de la précédente décennie par le regretté Pierre-Guillaume de Roux, notamment le célèbre Éloge littéraire d’Anders Breivik, par quoi le scandale était arrivé et qui voua un écrivain admiré et un éditeur vedette (chez Gallimard) aux gémonies médiatiques et à la marginalisation. Le texte sur le tueur norvégien était accompagné d’essais sur la déchéance du sens, du langage et de la littérature, également présents dans ce livre-somme, lequel comporte aussi, consécutive à l’affaire en question, une lettre aux Norvégiens, mais également une lettre aux Libanais, « Le Liban dans l’œil du cyclone » et « Chrétiens jusqu’à la mort », un texte combatif et déchirant sur la persécution des chrétiens d’Orient dont l’abandon par l’Occident constitue pour l’écrivain l’un des signes de sa décadence.

Lire aussi : Richard Millet : dernier roman

On trouve encore des textes moins directement polémiques et tout autant somptueux, comme « L’Être-bœuf » et quoi que même la consommation de viande soit devenue aujourd’hui suspecte, ou encore le livret d’opéra Charlotte Salomon, lequel n’en est pas moins précédé d’une lettre à Luc Bondy, qui devait alors monter l’œuvre à Salzbourg mais qui congédia sournoisement l’écrivain dont le bannissement progressait, si bien que tous ces écrits demeurent environnés d’une forme de violence, qu’elle soit sociale ou guerrière, ainsi « Pourquoi la littérature de langue française est nulle », ridiculisant Maylis de Kerangal dans un article au vitriol initialement publié dans La Revue littéraire et qui valut à l’écrivain son éviction définitive des éditions Gallimard. [...]

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Qui, mais qui ? Steven Patrick Morrissey
Après avoir été à la fois à la mode et sulfureux, le rock’n’roll est désormais ringard et tristement convenu. La chaîne Disney + s’apprête à nous présenter une série sur les Sex Pistols : les punks sont aujourd’hui chez Mickey ! Nos charmants rebelles d’antan sont devenus des marquis vieillissants qui n’osent sortir de leurs luxueuses tanières pour critiquer le monde tel qu’il est. Grâce à Dieu, quelques irréductibles insoumis résistent à l’air désodorisé de l’époque. En premier lieu de ceux-là se trouve Morrissey.
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[Cinéma] Junk Head : pâte à modeler cyberpunk
L’animation image par image demande une sacrée patience et une volonté à toute épreuve. Encore aujourd’hui, même si elle est assistée numériquement, cette technique vieille comme le cinéma nécessite en moyenne une journée entière pour produire moins de dix secondes d’images ! Takehide Hori, venu de la décoration intérieure, a une passion pour les figurines et pour les maquettes, mais aussi pour les ambiances les plus poisseuses du cyberpunk japonais, Blame! en tête. Avec Junk Head, il rend hommage à cette technique comme à cet univers avec une foi de charbonnier. [...]
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Cannes : le festival des navets progressistes ?
Chère Virginie Efira, que de chemin parcouru depuis vos débuts discrets sur une télévision locale du plat pays ! Vous avez gravi les échelons patiemment, à votre rythme, avec souffle et application. Sans brûler les étapes. Vous avez gagné vos étoiles sur le boulevard des actrices francophones, vous êtes devenue l’indispensable atout belge des distributions luxueuses. Vous n’étiez pourtant pas partie de grand-chose. Une présentatrice, souvent, c’est mal vu. Il faut batailler ferme, dans ce monde de Cruella et de Cassandre, pour imposer son visage – fût-il charmant comme le vôtre. Aujourd’hui vous êtes une femme comblée, une actrice courtisée par les plus grands. Même Paul Verhoeven, le Hollandais violent, est tombé amoureux de votre voix grave, de ces yeux qu’éclaire une joie secrète, de ce jeu pénétré, à l’écoute de vos partenaires. C’est simple, votre présence suffit parfois à arracher au naufrage n’importe quel nanar, vous mériteriez presque vos galons de sauveteuse en mer. Vous êtes bouleversante plus souvent qu’à l’accoutumée, et tout le monde garde une image secrète de vous dans son panthéon personnel de cinéphile. Quoi de plus normal dans ce cas, que le festival de Cannes vous désignât cette année pour être sa maîtresse de cérémonie ?
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Augustin Frison-Roche : peindre par magie
Les mystères sont faits pour être contemplés. Augustin Frison-Roche sait les peindre. Utilisant la technique des primitifs flamands, le glacis, il superpose des plans que nous percevons par transparence. Où sommes-nous? Dans un sous-bois fantastique à la tombée de la nuit. Il rend notre regard perçant et notre âme attentive. Ce sont bien des créatures célestes qui se cachent dans les sous-bois à la tombée de la nuit. Ce doit être elles qui ont redonné leurs ors à la nature, et leur vocation mythique aux animaux, qui ont semé ces poussières d’étoiles. Même les loups se convertissent au fantastique.
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La poésie en 2022

Séculaires ressemble à un bilan. Pourquoi un tel besoin à un tel moment?

J’ai l’impression qu’il y a des auteurs qui coïncident avec leur temps, comme Hugo, par exemple, né en 1802 : il est le XIXe siècle. L’âge venant, je me suis rendu compte que pour ma part, et toute proportion gardée, j’étais plutôt, moi qui suis né en 1966, comme un Gide (1869-1950), de ces auteurs qui vivent entre deux siècles et portent dans le siècle nouveau quelque chose qui appartient à leur siècle de formation. Davantage que Gide, même, j’ai vécu quant à moi entre deux millénaires! Nous vivons comme une transition dans laquelle je ne suis pas sûr de me reconnaître pleinement. Ce n’est pas un effet de la nostalgie, mais plutôt une tentative de s’orienter.

Vous avez mêlé histoire personnelle et grande histoire si bien qu’on se demande à quel point l’histoire du monde conditionne notre propre calendrier…

L’un des poèmes qui m’ont le plus éclairé sur ce que j’étais en train de faire, c’est le poème sur 2001, qui consacre une strophe à la naissance de mon premier fils avec le millénaire, ce qui représente tout de même ma transformation en père, mais 2001, c’est aussi la chute des tours jumelles quelques mois plus tard. Qu’il y ait une naissance en même temps qu’un effondrement, explosion de vie et explosion de mort, me semble révélateur de cette espèce de choc que je constate. Je ne sais raconter l’Histoire qu’au plus près de l’intime et je ne crois pas qu’un poète puisse faire autre chose, que d’essayer de voir ce qui se joue en lui de la réverbération d’une époque.

Vous mettez en scène une opposition entre les archives photographiques, désormais démultipliées, et le simple souvenir comme vraie source du poème. La poésie est-elle un diaporama opposé à celui d’un compte Instagram?

L’idée me plaît! Une chose est certaine, nous n’aurons pas la représentation vraie, esthétique, celle qui va au cœur des choses, à travers cette démultiplication démesurée d’archives qui finit en nuage. Peut-être le tri de la mémoire est-il le seul moyen d’accéder à la pauvreté indispensable pour voir plus clair. L’art serait non un recueil, mais une manière de faire le vide nécessaire pour réévaluer les choses et à permettre l’avènement d’une pleine présence.

Les souvenirs présentent, plutôt qu’un diaporama, « un vitrail brisé », comme vous l’écrivez de la vie pour 2020…

Le vitrail brisé, c’est une double image de la fragmentation puisque le vitrail est un tout déjà fragmenté. Est-ce que ces fragments font unité ? J’ai le sentiment que oui, en tout cas, je suis plus apaisé avec ma propre mémoire, il y a quelque chose d’une cohérence née du jointoiement de ces morceaux épars qui sont un « moi » ou une mémoire. [...]

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[Cinéma] The Northman : échec et mat
Propulsé « auteur » en deux films moyens qui ont jeté de la poudre aux yeux des lecteurs de Ciné Live et de Première, Robert Eggers incarne à merveille cette nouvelle vague de réalisateurs surcotés qui fait mouiller la cinéphilie d’aujourd’hui. Une cinéphilie aveugle, amnésique et capable de s’emballer pour le moindre gugus qui cite vaguement Tarkovski entre deux plans à la steady cam. Annoncé comme l’alpha et l’oméga du film de viking ce Northman ennuyeux et boursoufflé se voudrait sans doute comme une sorte de trip régressif ultime, quelque part entre Conan le Barbare et Thorgal. Las, faute de la moindre idée de mise en scène et d’une direction artistique paresseuse qui lorgne vers le feuilleton de luxe tristoune à la Games of Thrones et autres Witcher, le film ressemble plus à un jeu vidéo « triple A », dont la grammaire cinématographique se résume à coller ensemble d’interminables plans séquences censés déployer un univers immersif… et qui ne font que montrer, si besoin était, la facticité totale du dispositif. Le film est d’autant plus vain qu’à aucun moment il ne choisit ce qu’il est, la faute à un scénario oscillant constamment entre la fable héroïque et le réalisme guindé, affublé d’une violence cache-misère et de béances narratives qui achèvent de vous désolidariser complètement du sort de ses tristes pantins. [...]
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[Cinéma] Suis-moi je te fuis : un diptyque lourd
Les distributeurs français ont le chic pour tronçonner ou agglutiner les œuvres japonaises aux durées hors-normes, généralement soporifiques (Senses) ou abracadabrantes (Shokuzai). Entre les deux, The Real thing de Kôji Fukada devient un diptyque à titre malin: Suis-moi je te fuis / Fuis-moi je te suis. Un jeune salaryman rencontre une paumée passive – agressive qui va dévaster sa vie, notamment le couple secret qu’il forme avec une collègue. [...]
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L’Incorrect numéro 73

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