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Les critiques musicales de mai

IRRÉSISTIBLE

WET LEG, WET LEG, Domino, 14,99 €

Le duo de filles de l’ile de Wight qui fit monter la température l’été dernier avec son tube imparable « Chaise longue », sort son premier album éponyme en ce beau printemps, et Juliette Briens elle-même ne cesse de se trémousser sur ces airs d’acidité indolente qui portent ce bouclage du numéro de mai et nous fait partager, nous, à L’Incorrect le même enthousiasme pour ce groupe de rock indé aux accents Pixies, que celui qui soulève Libé et Rock’n’Folk. Désolés. Talentueuses, authentiques, presque candides dans leur talent, Wet Leg séduisent avec leur inventivité, leur fraicheur et leur espièglerie. Et c’est très bien ainsi. Romaric Sangars [...]

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Station opéra : mélodies intimes
Les organistes, parfois, croient en Dieu : inondant les églises de polyphonies cé- lestes, ils s’élèvent plus haut que leur tribune. César Franck (1822-1890), lui, officiait à Sainte-Clotilde en grand-prêtre de l’orgue romantique, tempérant la ferveur de la foi avec l’austérité du contrepoint. Ses élèves au conservatoire de Paris l’appelaient « papa Franck »; ils ont légué le portrait d’un homme dévot, serein, bien- veillant. Tout l’inverse de ce que laisse penser le style incandescent de ses chefs-d’œuvre : la sonate pour violon est un torrent de fièvre ; le quintette avec piano, selon Debussy, fait « du paroxysme tout le temps ». [...]
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Rodéo urbain : Lola Quivoron à contre sens

Différents médias ont fait leur valise pour le festival de Cannes pour découvrir le lot de « perles rares » que réserve la cuvée cinématographique de 2022. Ils estiment en avoir trouvé une : Rodéo, le premier long-métrage d’une jeune réalisatrice Lola Quivoron qui célèbre le rodéo urbain. C’est la première fois que la jeune femme présente un film au festival de Cannes et il semble qu’elle ait des choses à dire.

Une réalisatrice au profil très progressiste

Lola Quivoron est née d’une mère plasticienne et d’un père ingénieur aéronautique. Elle déclare que pendant son enfance, c’est sa mère qui l’a poussée à l’indifférenciation : « Ma mère a toujours cultivé cet endroit d'indéfinition, en refusant par exemple que je fasse de la danse classique et en m'habillant avec des vêtements unisexes ». Elle ajoute que « par exemple en CM2, le leader de la classe m'a fait comprendre que je n'avais pas ma place dans le groupe des filles ni dans celui des garçons pour une partie de chat-bisou. J'ai compris qu'il y avait une forme de précarité à n'être ni l'un ni l'autre. ». Un traumatisme. Pour autant, elle ne change pas de position et se définit comme « neutre, ni femme ni homme ».

Lire aussi : Cannes : le festival des navets progressistes ?

Autre figure de son enfance, sa grand-mère maternelle mariée à un homme respecté de la « mafia nantaise ». Fascinée, la jeune femme raconte comment elle dirigeait des cabarets érotiques et des discothèques. Elle photographiait même les cicatrices que sa grand-mère s’était faite pendant un grave accident de voiture. Surprenant sachant que la réalisatrice présente aujourd’hui à Cannes une ode au rodéo urbain. [...]

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Tristan Ranx : « Jules Verne est le code-source du cosmisme »

On assimile souvent le cosmisme à un transhumanisme qui aurait sa source dans la mystique orthodoxe. Le transhumanisme n’est-il pas pourtant anti-chrétien par essence ?

Il faudrait au contraire voir le christianisme comme une religion qui intègre dès ses origines le transhumanisme dans l’idée même que l’humain n’est qu’une forme qui peut évoluer, ou être différente, d’où le problème du monstre, étymologiquement celui qui « montre ». C’est l’idée fondamentale de saint Augustin qui admet que toute forme de vie, ainsi que les monstres, qu’ils soient chimériques ou hybrides, humanoïdes ou non, sont des créatures de Dieu. Pour saint Augustin, partant du principe que des naissances monstrueuses peuvent survenir chez des individus, il ne peut exclure que des races entières de monstres puissent exister, car si un monstre peut descendre d’un seul père, les races monstrueuses, elles aussi descendent nécessairement d’un seul géniteur : Adam. Par conséquent, l’homme ne doit jamais porter de jugement sur ces races, saint Augustin poussant la dialectique du monstre plus loin, affirmant que Dieu a volontairement conçu les races de monstres pour nous laisser un message afin que nous ne pensions pas que les naissances monstrueuses soient la preuve d’une erreur divine. Louis Albert Joly de Choin considère que, dans le doute, il faut toujours baptiser les monstres, au besoin sub conditione, par la ormule « Si tu es homo ego te baptiso in nomine Patris & Filii & Spiritus Sancti » (1748) (Si tu es homme, je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit). En Angleterre, pendant la Renaissance, John Bulwer fut l’inventeur d’une discipline que l’on peut rapprocher du transhumanisme appelé l’anthropometamorphosis ou l’étude de la transformation artificielle de l’homme, par altération des membres, des os et du visage, incluant les tatouages, piercings, cicatrices, amputations, constrictions, mutilations de la langue, élongation des vertèbres cervicales, des lèvres ou des oreilles, mais aussi par l’utilisation de cosmétiques, de peintures, de masques, voiles, perruques, coupes de cheveux, moustaches et barbes.[...]

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Les critiques littéraires de mai

Méditation confinée

Le testament breton, Philippe Le Guillou, Gallimard, 152 p., 16€

Philippe Le Guillou a souvent écrit sur sa Bretagne natale, et c’est naturellement sur elle qu’il a écrit de nouveau lorsqu’il s’est trouvé confiné comme nous tous au printemps 2020, dans sa maison de Kerrod. De là ce Testament breton, mi-livre de souvenirs, mi-célébration de la Bretagne dans toutes ses dimensions – minérale, maritime, religieuse, traditionnelle, paysagère, historique, quotidienne. Avec, comme de juste chez cet amoureux de filiations littéraires, toujours reconnaissant à ses maîtres, l’hommage à quelques grands, en l’occurrence ici Gracq, Anatole Le Braz et Yves Tanguy. La Bretagne comme identité, en revanche, ne lui dit rien; il n’a pas la fibre militante, son rapport à sa « terre de granite recouverte de chênes » n’est pas politique mais esthétique, poétique et génétique – et tant pis pour ceux qui lui reprocheront de la célébrer comme décor plutôt que comme patrie. « Aux racines, restrictives, je préfère les linéaments schisteux, les lignes de crêtes, l’entaille des rivières, les vallées boisées ouvertes aux vents: elles sont en résonance naturelle avec le large et l’infini ». Bernard Quiriny


Requiem pour un chantier

De notre monde emporté, Christian Astolfi, Le Bruit du monde, 184 p., 19€

De notre monde emporté, c’est le roman de la désindustrialisation française et de la disparition de la classe ouvrière. Le narrateur entre dans les années 1970 aux chantiers navals de la Seyne-sur-Mer, comme son père. Il découvre cette énorme boîte, « une entreprise digne d’un roman de Jules Verne », le gigantisme des pétroliers réhabilités, la fierté des ouvriers, leurs bleus « maculés de suie, de limaille de fer et de poussières fibreuses ». Mais la concurrence étrangère asphyxie les chantiers; les restructurations se succèdent, l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 n’y change rien. Le couperet tombe : fermeture. Les employés se divisent; faut-il prendre la prime et partir, ou tenir et réclamer un reclassement? Notre héros prend la prime, 200 000 francs. « J’avais l’impression d’être un tueur à gages que l’on payait pour sa propre exécution ». Il lui faut s’inventer une nouvelle vie, ce à quoi il parvient tant bien que mal. Mais le « monde emporté » des chantiers lui colle aux basques: des ex-collègues tombent malades, à cause de l’amiante. Le combat reprend, cette fois-ci à l’hôpital et au tribunal… De notre monde emporté traite d’un sujet social mais n’est pas un roman militant; c’est la chronique mélancolique de l’effacement d’un univers, de l’engloutissement d’une sociabilité et d’une éthique professionnelles, d’une culture industrielle et locale ; la description, aussi, de la façon dont les changements structurels (la fin des Trente Glorieuses, le désengagement de l’État, etc.) bouleversent la vie des hommes tout en bas de l’échelle, si petits, si faibles. Un beau roman, historique et intime, écrit dans un style élégant et sobre, avec ici et là de belles formules qui font mouche. BQ [...]

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Le Cosmisme : un messianisme russe ?

Si tout a été dit sur les motivations profondes du néo-tsar, c’est sans doute leur aspect messianique qui résiste le mieux à l’analyse. Dans le monde occidental, perché sur notre propre système de valeurs, on a encore du mal à saisir toute l’ampleur du socle métaphysique russe, et qui procède au moins autant de son histoire que de sa géographie, voire d’une « onto-géographie » pour reprendre les termes du philosophe Peter Sloterdijk. Car la Russie, pays-monstre, presque sans limite, impose à ses habitants, par sa nature même, une façon de penser et d’habiter le monde. Une pensée « cosmiste » qui a trouvé son apothéose pendant l’ère soviétique, mais pas seulement.

Le ciel n’est qu’une idée

Prenez n’importe lequel des grands chefs- d’œuvre du cinéma soviétique : L’Enfance d’Ivan, Requiem pour un massacre ou Les Chevaux de Feu, ils ont un point commun saisissant : le ciel n’y apparaît presque jamais. Il n’y a pas d’horizon dans les films russes. Pas de western à l’Est. Pas de vastes étendues à parcourir, pas de conquête « spatiale ». Pourquoi ? Parce que le ciel est déjà contenu dans la terre, que l’homme enraciné est le garant de ce syncrétisme. Tous les grands cinéastes russes braquent donc leurs caméras vers la terre, car pour eux, le ciel n’est qu’une idée, alors ils plongent leurs regards vers les abysses noires, ces « hauteurs béantes » convoquées par le grand écrivain anti-communiste Alexandre Zinoviev. En Russie, la terre est toujours le lieu de la sublimation, de la transfiguration de l’homme [...].

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Richard Millet : apocalypse française

Les textes rassemblés dans Chronique de la guerre civile en France sont plus variés et littéraires que ce titre offensif pourrait le laisser penser. La plupart ont déjà été publiés lors de la précédente décennie par le regretté Pierre-Guillaume de Roux, notamment le célèbre Éloge littéraire d’Anders Breivik, par quoi le scandale était arrivé et qui voua un écrivain admiré et un éditeur vedette (chez Gallimard) aux gémonies médiatiques et à la marginalisation. Le texte sur le tueur norvégien était accompagné d’essais sur la déchéance du sens, du langage et de la littérature, également présents dans ce livre-somme, lequel comporte aussi, consécutive à l’affaire en question, une lettre aux Norvégiens, mais également une lettre aux Libanais, « Le Liban dans l’œil du cyclone » et « Chrétiens jusqu’à la mort », un texte combatif et déchirant sur la persécution des chrétiens d’Orient dont l’abandon par l’Occident constitue pour l’écrivain l’un des signes de sa décadence.

Lire aussi : Richard Millet : dernier roman

On trouve encore des textes moins directement polémiques et tout autant somptueux, comme « L’Être-bœuf » et quoi que même la consommation de viande soit devenue aujourd’hui suspecte, ou encore le livret d’opéra Charlotte Salomon, lequel n’en est pas moins précédé d’une lettre à Luc Bondy, qui devait alors monter l’œuvre à Salzbourg mais qui congédia sournoisement l’écrivain dont le bannissement progressait, si bien que tous ces écrits demeurent environnés d’une forme de violence, qu’elle soit sociale ou guerrière, ainsi « Pourquoi la littérature de langue française est nulle », ridiculisant Maylis de Kerangal dans un article au vitriol initialement publié dans La Revue littéraire et qui valut à l’écrivain son éviction définitive des éditions Gallimard. [...]

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Qui, mais qui ? Steven Patrick Morrissey
Après avoir été à la fois à la mode et sulfureux, le rock’n’roll est désormais ringard et tristement convenu. La chaîne Disney + s’apprête à nous présenter une série sur les Sex Pistols : les punks sont aujourd’hui chez Mickey ! Nos charmants rebelles d’antan sont devenus des marquis vieillissants qui n’osent sortir de leurs luxueuses tanières pour critiquer le monde tel qu’il est. Grâce à Dieu, quelques irréductibles insoumis résistent à l’air désodorisé de l’époque. En premier lieu de ceux-là se trouve Morrissey.
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L’Incorrect numéro 73

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