Skip to content
Ukraine : la droite nationale s’est-elle tiré une balle dans le pied ? Entretien avec Loup Viallet

Dans Après la paix, publié en 2021 chez VA Éditions, vous énumériez les défis géopolitiques auxquels est confrontée la France. Un an plus tard, comment a évolué cette situation selon vous ? Les défis sont-ils toujours les mêmes ?

Les principales menaces sécuritaires qui pèsent sur notre pays ont cessé d’être lointaines. Elles se situent désormais dans notre voisinage, à nos portes. J’avais écrit Après la paix pour expliquer comment les faiblesses africaines étaient (re)devenues des sources de déstabilisation majeures pour le continent européen et la France. Depuis sa parution, les foyers djihadistes se sont renforcés au Sahel, les mercenaires russes de Wagner ont définitivement pris position au Mali et s’apprêteraient à descendre au Burkina Faso, ce nouvel État failli de la bande sahélienne qui a subi deux coups d’État en huit mois. L’Algérie a resserré ses liens avec le régime russe et convié à s’entraîner des navires de guerre russes en face des côtes européennes ainsi que des forces spéciales russes à la frontière maroco-algérienne. Le royaume du Maroc a multiplié les coups de pression migratoires à la frontière espagnole pour imposer son agenda politique aux capitales européennes et les agents de désinformation anti-français se sont encore plus décomplexés.

Lire aussi : Éditorial monde de janvier : Wakanda lose

Les conditions économiques et sociales se sont elles aussi dégradées pour les populations du sud de la Méditerranée avec l’inflation des prix de l’énergie et des denrées alimentaires provoquée par les confinements chinois et par le blocus russe des ports ukrainiens. L’Agence des Nations-Unies pour les Réfugiés a estimé l’année dernière à 2,5 millions le nombre de Sahéliens ayant été contraints de fuir leur foyer à cause du morcellement de leur région. Notre politique de voisinage n’est toujours pas adaptée pour surmonter les défis sécuritaires, migratoires, informationnels, climatiques et économiques du nouveau désordre africain. Elle manque cruellement de clarté, d’ambition, d’unité et de coordination avec nos partenaires européens. Mais si notre porte sud vacille dangereusement, un péril bien plus urgent a éclaté sur la frontière orientale de l’Europe. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Covid, croissance, démographie : la Chine s’inquiète

Face à la route express G30, qui connecte Lianyungang à Khorgas, d’ouest en est de la Chine sur 4 240 kilomètres de long, les structures usées de dinosaures en métal rouillé et en plastique troué dressent leurs gueules hérissés de dents émoussées devant l’immense désert du Taklamakan, grand comme la moitié de la France. La construction du parc a débuté dans les années 1990. Il était censé tirer profit du (modeste) afflux de touristes arrivant à Dunhuang pour admirer les plus grandes dunes de sable du pays. Aucun touriste n’a jamais franchi l’arche gardée par un T-Rex poussiéreux et un diplodocus fatigué, dont le revêtement part en lambeaux, rongé par le vent du désert.

Dans ce far-west chinois, les « villages pionniers » poussent aussi vite qu’ils sont abandonnés, selon qu’un gisement de gaz naturel est découvert ou également abandonné. Le Xinjiang voisin, la province la plus à l’ouest de la Chine, qui abrite la majeure partie du désert du Taklamakan, est considérée comme un territoire hautement prioritaire. La province fournit un tiers de la production nationale en gaz naturel et c’est aussi la deuxième productrice de pétrole. Pékin a investi des centaines de milliards de yuans dans son développement et en conséquence, de larges pans du territoire et de l’économie de la province sont contrôlés directement par l’armée chinoise et ce que l’on nomme les bingtuans, les « brigades militaires », structures contrôlées par l’armée, créées en 1954.

Lire aussi : Éditorial monde de janvier : Wakanda lose

Pékin rase les quartiers historiques des « villes sœurs », jumelées aux grandes métropoles des provinces orientales, et envoie des dizaines de milliers d’ouvriers s’installer ici, en échange de salaires très attractifs. En 1949, la région comptait quelque 200 000 Hans (l’ethnie majoritaire en Chine). Ils sont dix millions aujourd’hui. Dans les villages pionniers qui bordent les voies express, les employés en combinaison rouge ou bleue des entreprises d’État Sinopec ou PetroChina, attendent chaque matin devant leurs petits immeubles peints aux mêmes couleurs les armées de taxis qui vont les mener sur les sites d’extraction de gaz ou de pétrole où ils vont s’égayer, formant des dizaines de petites taches sur les vastes étendues de sable jaune. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Éditorial monde de janvier : Wakanda lose

Le cinéma est une arme aussi efficace qu’un porte-avions et la franchise de films MCU – pour Marvel Cinematic Universe – produite par les studios Marvel, propriété de Walt Disney, a une force de frappe qu’aucune flotte rivale ne saurait lui contester. En un peu plus de vingt ans et trente films, Marvel a gagné plus de trente milliards de dollars et rendu la planète accro aux super-humains bodybuildés en collants. Après avoir essoré Spiderman et Iron Man, Marvel doit désormais piocher parmi les seconds couteaux, tout en s’efforçant d’être dans l’air du temps. Or la mode est à la cancel culture et le fond de l’air est woke. La Panthère noire (« Black Panther » en version originale), super-héros créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Jack Kirby pour le 52e opus des aventures des Fantastic Four en juillet 1966, était donc le candidat parfait pour incarner le nouveau super-symbole conscientisé de l’ère Trump.…

SOS Chrétiens d’Orient : « Le Liban est vampirisé par une classe politique corrompue »

Pourriez-vous dresser un bilan de la mission de SOS Chrétiens d’Orient au Liban ?

Elle a commencé par un enregistrement auprès des autorités, ce qui nous a pris quatre ans de travail. Notre association a ensuite grandi et a perfectionné ses projets, tout en maintenant son identité par deux piliers : la gestion de projets pour l’enracinement des chrétiens au Liban et la présence de volontaires sur tout le territoire. Nous étions d’abord présents à Beyrouth, puis nous sommes allés dans le sud, et enfin dans le nord. Nous avons aujourd’hui une équipe solide et préparée pour accomplir notre travail au quotidien. Nous avons aussi connu deux Liban : le Liban de 2022 ne ressemble malheureusement pas du tout à celui de 2014, avec la crise économique qui a commencé en 2019.

Quelles ont été les principales actions mises en place depuis 2014 ?

Il y a plusieurs volets. Tout d’abord, l’éducation. Depuis 2014, nous avons aidé énormément d’écoles, donné des cours de français en partenariat avec les municipalités locales, et fait du soutien scolaire quand cela était possible. Le Liban est encore relativement francophone, ce qui permet aux bénévoles d’enseigner avec plus de facilité. Les écoles ont été soutenues de plusieurs manières : nous avons financé les salaires des professeurs ou la scolarité des enfants, installé des panneaux solaire, etc. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Éditorial monde de décembre : Le retour de la vengeance de la fin de l’histoire

Il y a ceux qui, inlassablement, annoncent la fin des temps et ceux qui, désespérément, attendent la fin de l’histoire. Francis Fukuyama fait partie de la seconde catégorie. À l’été 89, l’estimé professeur de sciences politiques, empruntant le concept de « fin de l’histoire » à Hegel, et à l’un de ses grands interprètes, Alexandre Kojève, établissait qu’à travers différents stades de conscience et d’organisation sociale, l’histoire de l’humanité culminait « dans un moment absolu – un moment durant lequel une forme finale, rationnelle de société et d’État devient victorieuse ». La victoire de Napoléon en 1806 et la fin de la Guerre froide en 1989 marquent donc chacune une nouvelle fin de l’histoire et une nouvelle étape du processus de rationalisation politique et culturelle. Tous les événements compris entre ces deux marqueurs ne participent que d’un seul mouvement, pour amener à une conclusion inéluctable : « La fin de l’histoire en tant que telle, c’est-à-dire la fin de l’évolution idéologique de l’humanité et l’universalisation de la démocratie libérale occidentale comme forme finale de gouvernement humain ».…

L’actrice Charlize Theron sous les feux des critiques de l’Afrikanerdom

C’est une polémique dont se serait bien passée Charlize Theron. Dans un podcast réalisé par SmartLess et mis en ligne mi-novembre, l’actrice sud-africaine de 47 ans a déclaré que sa langue maternelle, l’afrikaans, était « mourante et inutile », tout en ironisant sur le fait qu’elle n’était parlée que par « environ 44 personnes ». Bien qu’elle ait rappelé avoir grandi dans la ville de Benoni, située dans le Gauteng (anciennement Transvaal), non sans nostalgie, Charlize Theron a reconnu qu’elle ne maîtrisait l’anglais que depuis son arrivée aux États-Unis en 1994. Date à laquelle Nelson Mandela a été élu président de la République sud-africaine, peu de temps après les premières élections multiraciales organisées dans ce pays marqué par des décennies d’apartheid.

Lire aussi : [Idées] Hitler est en nous

Ces commentaires ne sont pas passés inaperçus en Afrique du Sud et ont provoqué une vaste polémique, à l’heure où cette langue est toujours considérée comme un héritage du régime de ségrégation raciale par une partie des Sud-africains noirs. Mélange de néerlandais (majoritaire), d’allemand, de français, d’idiomes ethniques locaux et même de malais, l’afrikaans a fait son apparition sur la partie australe du continent africain avec l’arrivée massive d’Européens au XVIIè siècle, avant de devenir une langue d’identité nationale et d’opposition au colonialisme britannique pour les Afrikaners. Pour les Africains, elle n’a été que synonyme d’oppression, imposée dès 1925 au mépris de leurs propres langues. En 1976, manifestant contre cet enseignement obligatoire, le massacre de Soweto a d’ailleurs soudainement mis un coup de projecteur sur cette langue, encore utilisée quotidiennement par plus de 15 millions de personnes, principalement dans les anciennes provinces historiques du Cap, de l’État d’Orange Libre ou du Transvaal. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
SOS Chrétiens d’Orient en première ligne pour aider les populations éthiopiennes

Voilà deux ans que je n’étais pas retourné dans le nord de l’Éthiopie. Mon dernier passage date de 2019, nous avions coutume d’aller jusqu’à la frontière érythréenne, à Adigrat, en passant par Lalibela pour ensuite redescendre sur Aksoum, Gondar et Bahir Dar et finalement revenir sur Addis-Abeba, la capitale. En 2020, l’Éthiopie sombrait dans la guerre civile. La guerre du Tigré, opposant le gouvernement fédéral aux Tigréens, s’était étendue dans les régions de l’Amhara, l’Afar et l’Oromia. Le Front de Libération du Peuple du Tigré (FLPT) tentait d’atteindre la capitale.

De retour à Addis-Abeba ce jeudi 13 octobre 2022, notre objectif est définitivement le Nord. Mais jusqu’où pourrons-nous aller ? Les Tigréens avaient été refoulés jusque dans leur région d’origine et les régions précédemment conquises avaient été libérées par l’armée éthiopienne. Libérées mais à quel prix ?

Ces personnes aux visages fatiguées n’ont plus que la peau sur les os, certaines ont la lèpre. Elles nous rappellent combien il importe de ne pas les abandonner

Les mesures prises par le Gouvernement sont radicales, la région du Tigré est sous verrou. En amharique, le mot « compromis » n’existe pas ! Le verbe le plus proche est « se mettre d’accord ». In fine, les belligérants n’envisagent qu’une victoire ou une défaite totale…

Nous nous rendons à Kombolcha en avion. À notre arrivée, les pères blancs nous accueillent et nous amènent à leur compound. Pour y parvenir, nous devons traverser la ville qui porte encore les stigmates de l’invasion tigréenne. Les habitants reviennent peu à peu. Des camions renferment des grandes quantités de nourriture dépêchées par le World Food Program, aidant au retour des habitants. Des bâtiments dont les vitres sont brisées et les murs sont criblés de balles. Notre chauffeur nous raconte que l’intérieur de ces immeubles n’est guère plus présentable. « Tout est saccagé à l’intérieur. »

En passant devant la prison, on nous informe qu’elle avait été prise d’assaut par les Tigréens libérant ainsi plusieurs centaines de détenus. « Seuls ceux qui écopaient de lourdes peines ne se sont jamais rendus aux autorités éthiopiennes. Les autres, les prisonniers qui n’avaient plus qu’un an à tirer, avaient plutôt intérêt à se rendre s’ils ne voulaient pas en reprendre pour dix ans ! » précise en souriant notre hôte assis à côté du chauffeur.

Lire aussi : SOS Chrétiens d’Orient : « C’est ni plus ni moins la survie de l’Arménie qui est en jeu »

La plupart des établissements de la ville ont été brutalement pillés. Le compound des prêtres ne faisait pas exception, il avait été occupé par les rebelles. Une sensation de déjà vu ! En Syrie où j’ai passé quelques années durant la guerre, j’avais déjà été témoin des mêmes évènements. Les bâtiments du clergé sont souvent utilisés comme quartier général par les milices guerrières. SOS Chrétiens d’Orient avait répondu à l’appel des pères blancs qui avaient besoin de restaurer ce que le FLPT avait dégradé : le presbytère. En effet, les rebelles avaient utilisé leur centre de mission comme camp militaire, en particulier la résidence des pères. Ils ont tout emporté avec eux. Plus loin, un autre bâtiment du compound nous est ouvert. « Voici notre chapelle ! Les guerriers sont entrés ici et ont jeté les hosties au sol. Ils pensaient trouver un trésor dans le tabernacle. » [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Affaire Ablyazov : un sujet majeur pour la visite de Tokaïev en France

La rencontre entre le président kazakh, Kassym-Jomart Tokayev, et Emmanuel Macron prévue cette semaine pourrait prendre une tournure moins formelle que l’on pourrait a priori le penser, si la question la situation de l’homme d’affaires et opposant politique Muktar Ablyazov était mise sur la table, en plus des sujets énergétiques ou encore de la question russe.

Lire aussi : Slava Ukraini : la crucifixion de l’Ukraine

Fondateur en 2003, et ancien président de la banque BTA Bank Joint-Stock Company – nationalisée en 2009 par l’ancien président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbayev –, il est poursuivi pour avoir blanchi aux alentours de 6,5 milliards de dollars via des comptes offshore et des entreprises, du temps où il était à la tête de la banque. Aujourd’hui, il mène une campagne très active sur les réseaux sociaux contre Tokayev, réélu haut-la-main le 20 novembre dernier lors d’élections présidentielles anticipées, avec 81,3% des voix. Sa page Twitter et sa chaîne YouTube (620 000 abonnés) sont ses relais privilégiés pour mener cette campagne depuis la France, ce qui provoque l’ire des autorités kazakhs.

Opposant politique ou fraudeur ?

Mais revenons quelques années en arrière pour bien cerner le personnage. Dans le Kazakhstan post-soviétique, Ablyazov est en effet bien plus qu’un simple businessman. Proche de l’ancien président et fondateur de la République du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, il reçoit le poste de ministre de l’Énergie, du Commerce et de l’Industrie en 1998, au sein du gouvernement. Peu satisfait des pratiques de gouvernement de son président, Ablyazov démissionne dès 1999 et fonde un parti d’opposition, le Choix démocratique du Kazakhstan, dont le message majeur est sans surprise la démocratisation des institutions. Il est poursuivi peu de temps après pour détournement de fonds et évasion fiscale, à cause du fameux trou de 6,5 milliards de dollars constatés lors de la nationalisation de la banque. Ablyazov plaide son innocence et dénonce un procès politique. Craignant son arrestation et un procès injuste, il fuit pour la Grande-Bretagne en 2009. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile

L’Incorrect

Retrouvez le magazine de ce mois ci en format

numérique ou papier selon votre préférence.

Retrouvez les numéros précédents

Pin It on Pinterest