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Côte d’Ivoire, une réconciliation à vive épreuve

Konan Kouadio Bertin, ministre ivoirien de la Réconciliation et de la Cohésion nationale le reconnaît d’emblée : « J’essaie d’éteindre des brasiers qui peuvent de nouveau s’enflammer à tout moment ». Fin septembre, le ministre a reçu Miss Côte d’Ivoire et ses deux dauphines pour une mission particulière, « faire d’elles des ambassadrices de la réconciliation ». À 53 ans, ce transfuge de l’opposition pose un diagnostic lapidaire : « Tout est à faire ». S’il se réjouit de la rencontre historique, mi-juillet, entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, M. Bertin pense que le processus sera long et craint, à raison « que les lenteurs n’enveniment la situation ». Dans les rues d’Abidjan, les populations sont plutôt sceptiques. Pour Madoussou Coulibaly, 58 ans, sociologue qui a travaillé pour la Commission Dialogue Vérité Réconciliation, « la réconciliation est mal partie d’autant que la justice internationale n’a ciblé qu’un seul camp ». Un avis partagé par beaucoup d’Ivoiriens d’autant qu’aucun acteur du parti au pouvoir n’a été inquiété. La justice internationale a « fait le jeu des vainqueurs ». Des vainqueurs soutenus par la France dont le rôle reste largement critiqué. […]

Le lancement d'un nouveau parti politique par Laurent Gbagbo, 76 ans, fait planer le doute sur le renouvellement prochain de la classe politique

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Afrique du Sud : Frederik de Klerk, ou l’échec du rêve arc-en-ciel

« C’est avec la plus grande tristesse que la Fondation FW de Klerk annonce la mort de l’ancien président FW de Klerk, parti paisiblement, à son domicile de Fresnaye ce matin après avoir lutté contre un cancer ». C’est par un communiqué laconique que le décès de Frederik Willem de Klerk a été annoncé à la nation sud-africaine, interrompant tous les programmes de télévision. De Klerk est né à Johannesburg en 1936 au sein d’une famille de la bourgeoisie afrikaner ; ses ancêtres avaient fui les dragonnades de Louis XIV pour s’installer dans la future Afrique du Sud. Comme bon nombre de Boers à cette époque, ils vont participer au grand trek fondateur qui amènera plus tard à la création des deux républiques du Transvaal et de l’État d’Orange Libre. Lors d’un affrontement avec les Zoulous en 1838, trois des membres de sa famille sont tués par les redoutables impies de l’empereur Dingane. Avec la guerre anglo-boer, les Klerk s’engagent aux côtés de James Barry Munnik Hertzog, le père du nationalisme afrikaner. L’histoire de la famille de Klerk va se mélanger avec celle du Parti national (NP) qui arrive au pouvoir en 1948 grâce à un jeu d’alliances avec des petits partis.

Ses études de droit achevées, Frederik de Klerk adhère au Broederbond, une association secrète qui rassemble toutes les élites du pays et qui va le lancer en politique. Il devient très rapidement l'étoile montante du NP et se faire élire député en 1972. Dès lors, il va accumuler les ministères jusqu’en 1989. Il soutient la politique de ségrégation raciale (apartheid) et obtient même le prestigieux poste de président de la Fédération du parti national du Transvaal, un tremplin vers la présidence de la République. Trois ans après être entré au parlement, l’ancien Premier ministre Vorster avait prédit qu’il dirigerait le pays, libéré de ses liens avec le Royaume-Uni depuis 1961. Frederik de Klerk est alors perçu comme un défenseur acharné des droits de la minorité blanche au pouvoir, et peu de personnes entrevoient qu’il va changer la face du pays. L’Afrique du Sud vit alors en état d’urgence constant pour faire face aux multiples grèves et à la rébellion armée de l’African national Congress (ANC), mouvement noir dont les principaux leaders sont enfermés à Robben Island, une île-prison au large de Cape Town. [...]

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Élections allemandes : le SPD en pointe des Teutons

La gauche a nettement bénéficié des dernières élections allemandes. Le SPD gagne 5 points tandis que les Verts affichent 6 points de progression, dans la lignée de leurs très bons scores aux européennes. La gauche radicale de Die Linke s’effondre quant à elle, notamment en ex-RDA, au profit du SPD et ne garde une représentation parlementaire que de justesse. Le SPD a bénéficié de trois facteurs : une proposition d’augmentation du salaire minimum qui a vraiment touché l’électorat populaire, une campagne visant beaucoup plus nettement les électeurs centristes, ce qui a permis au candidat du SPD d’apparaître comme le successeur naturel de Merkel, rassurant un électorat oscillant entre la CDU et le SPD.

Tout change pour que rien ne change et qu’à la coalition centriste noire-rouge succédera une coalition libérale-socialiste repeignant en vert progressiste une politique essentiellement inchangée

À droite les libéraux du FDP (Freie Demokratische Partei – Parti Libéral Démocrate) ont réussi à obtenir un bon score du fait de la crise de la CDU/CSU mais aussi grâce à un net travail de reconstruction après la crise de 2013 (où ils n’avaient pas pu faire 5 % et n’avaient donc pas été admis au Bundestag). Leur progrès est particulièrement notable dans les régions qui votaient pour l’AfD, qui perd 2 points et par rapport à 2017 mais garde une position très solide dans les länders de l’ex-RDA. Enfin, de manière plus marginale, des petits partis alternatifs de droite progressent comme les « Électeurs libres » qui sont des rassemblements électoraux au niveau local sur une ligne libérale-conservatrice ou « Die Basis », parti hostile aux mesures de confinement. [...]

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Éditorial monde de novembre : France-Algérie, les mémoires mortes

Les déclarations d’Emmanuel Macron, lors d’un échange avec une vingtaine de jeunes descendants de harkis le 30 septembre, et retranscrites le samedi suivant par Le Monde ont provoqué une crise diplomatique entre l’Élysée et Alger. Elles révèlent aussi que l’entente mémorielle entre les deux pays est tout bonnement impossible. Et c’est loin d’être du seul fait de la France.

Cette initiative a immédiatement été interprétée par le pouvoir algérien en place comme une manifestation d’hostilité

Pauvre France ! Humiliée par l’Australie, la Grande-Bretagne et le puissant mais versatile allié américain à l’occasion de la signature du traité AUKUS en août dernier, elle se trouve, en plus, confrontée à une énième crise diplomatique avec l’Algérie. En cause, les mémoires de la guerre d’Algérie (1954-1962), éternelle pomme de discorde entre les deux pays. Après l’humiliation infligée par ces damnés anglo-saxons, l’Élysée a-t-il décidé de se passer les nerfs sur les Algériens en franchissant un cap rhétorique ?…

Jacques Soppelsa : « L’Occident est en voie de paupérisation »

Comment expliquer la naïveté des stratèges libéraux après la chute de l'URSS quant à la dangerosité du monde ?

Au lendemain de l’effondrement de l'Union soviétique (et donc de la disparition de la logique des blocs), les « stratèges » occidentaux ont été persuadés (y compris via les écrits de spécialistes autoproclamés comme Francis Fukuyma ou, en France, Alain Minc et Guy Sorman) qu'était enfin arrivé l'heureux temps d'un monde unipolarisé contrôlé par l'Empire américain et ses vertus (« God Bless America »). Pourtant, après quelques années relativement euphoriques, le contexte des relations internationales s'est vite assombri, des événements du 11 septembre aux avatars de l'Afghanistan ou du Moyen-Orient, en passant par la crise des subprimes.

Constat cruel : tout en négligeant la pérennité de certains défis (dont le dynamisme tous azimuts de certaines nations candidatant au statut de superpuissances, la Chine tout particulièrement), le monde occidental n'a pas comblé les failles inhérentes à la plupart des sociétés démocratiques. Ces failles sont nombreuses. J'en citerai trois, malheureusement complémentaires : tout d’abord son malthusianisme au plan démographique, contrastant avec le dynamisme des pays du Tiers monde, et les migrations internationales bien mal maîtrisées qui en sont le corollaire ; ensuite les effets de la désindustrialisation et des délocalisations (au profit notamment de Pékin) ; enfin, le fait que nos vieilles nations d'Europe occidentale semblent baigner dans une atmosphère mortifère de culpabilisation civilisationnelle. [...]

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La France et l’Europe à contretemps face au retour des Empires

La CIA y accorde une large part dans son dernier rapport sur l'État du Monde en 2040 (Equateurs), et Alexandre Del Valle vient de publier La Mondialisation dangereuse (L'Artilleur) avec Jacques Soppelsa sur ce thème : le temps des empires est de retour. Et avec lui la question fondamentale du rôle de la France, de l’Europe, de l’Occident même, dans un nouveau contexte international marqué par la désoccidentalisation et la multi-polarisation.

La crise des sous-marins australiens, mais surtout le nouvel accord AUKUS, tri bientôt quadripartite avec l’arrivée de la Nouvelle-Zélande, dont la France ne fait pas partie, est l’un des derniers signes du regain de compétition entre États-stratèges dans le monde. Plus tôt, l’épidémie de Covid-19 avait déjà mis à nue les dépendances des chaînes d’approvisionnement envers la Chine, dont on sent encore les effets dans le domaine des micro-processeurs, ou plus prosaïquement au moment d’effecteur ses premiers achats de Noël.

L’Europe, avec la France comme moteur, doit re-légitimer sa puissance souveraine et son identité contre une vision mondialiste et un universalisme occidental

L’échiquier mondial est balayé par des forces opposées, avec la mondialisation pour axiome. Les États-Unis continuent d’en promouvoir son versant libéral et économique ; la Chine la sinise et l’utilise à des fins expansionnistes, purgée de ses valeurs universalistes occidentales ; la Russie s’en défend, au titre de la protection de son identité. La tension entre les deux premiers a déplacé l’équilibre géopolitique du monde dans la région indopacifique, c’est la « grande bascule » initiée par Barack Obama, alors que les relations entre l’OTAN et la Russie restent tendues en ex-URSS. […]

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Aux États-Unis, une jeunesse progressiste, wokes et pro-vie !

Décidément, le pays de l’oncle Sam nous réserve bien des surprises. Alors que l’administration Biden appelle la Cour suprême à bloquer la loi interdisant la majorité des IVG au Texas, voilà qu’un groupe actif sur les réseaux sociaux se mobilise contre l’avortement. Rien de très original  direz-vous, jusqu’à regarder le nom de plus près : « The Progressive Anti-Abortion Uprising » (PAAU, Le soulèvement progressiste anti-avortement).

Il s’agit donc d’un groupe d’activistes progressistes opposés à l’avortement. Antinomique, non ? D’autant que leur vidéo d’introduction met en scène des personnages tous plus wokes les uns que les autres : transgenre, non-binaire, femmes voilées, féministes, racialiste, blancs alliés à la « cause noire », etc. Leur message est clair : « Nous sommes pour le progrès et contre l’avortement ». Voilà de quoi laisser perplexe, car notre épris européen a du mal à appréhender le manque de cohérence du pays qui a inventé le cheeseburger végane et les églises LGBT.

« L’avortement exploite les innocents, blesse les faibles et profite aux riches »

Terrisa Bukovinac, fondatrice du PAAU

L’avortement : quand le capitalisme tue

Pourtant, à y regarder de plus près, leur rhétorique n’est pas totalement dépourvue d’intérêt, surtout dans un pays très libéral où les grands groupes dictent la marche à suivre au détriment des plus défavorisés. L’association dénonce à juste titre la détresse des classes les plus pauvres pour qui le recours à l’avortement est souvent perçu comme seul moyen de s’en sortir financièrement. PAAU va plus loin en dénonçant le capitalisme qui encouragerait cette pratique, en citant des grandes entreprises favorables à l’IVG. En d’autres termes, l’avortement serait à court terme excellent pour la santé économique des grands groupes – une femme sans enfants étant plus productive. On le voit, leur critique de l’avortement est largement anticapitaliste. « L’avortement exploite les innocents, blesse les faibles et profite aux riches » clame la fondatrice Terrisa Bukovinac, qui dirigeait auparavant deux autres associations du même type : « Democrats for Life » (Les démocrates pour la vie) et « Pro-Life San Francisco » (San Francisco pro-vie). [...]

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Reportage : Haïti, l’île aux désastres

Début septembre 2021. Martissant, dangereuse banlieue de Port-au-Prince et unique porte d’entrée vers le sud haïtien. L’air est brumeux bien que le soleil soit au zénith. À côté de la Nationale 2, les ruelles sont vides. Point d’ombre humaine dans ce bidonville qui, il y a encore quelques jours, était le théâtre d’affrontements entre de sanguinaires et impitoyables gangs. Mais depuis le tremblement de terre, un accord a été trouvé entre les autorités et ces groupes armés, afin « qu’ils quittent temporairement les lieux » pour faciliter l’acheminement de l’aide d’urgence.

Trois heures plus tard, Les Cayes. Si le rond-point de la ville porte son crucifix intact, tout au long de la route, ce ne sont que débris et gravats. Et alors que le bus de Chic Transport, l’une des rares compagnies à desservir le département du sud se gare, c’est la panique : des vrombissements de motos dans tous les sens, et trois policiers dont le commissariat a été démoli par le séisme deux semaines plus tôt courent en tentant d’organiser la circulation. Il s’agit en réalité d’une fausse alerte aux répliques : depuis le 14 août et le tremblement de terre, l’attente angoissante des répliques crée ces fausses alertes. […]

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L’Incorrect numéro 73

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