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La pensée du Pape François et la cosmogonie millénariste de Joachim de Flore

Le Pape aime créer la surprise. Nous sommes comblés puisque qu'il nous en a servi deux, en deux semaines. C’est d’abord, le 25 octobre, après l’Angélus, l’annonce de la création de treize cardinaux dont neuf électeurs au Conclave. Tous des « créatures » bergogliennes très tendance : sociale, anti Trump et pro migrants, certains gay friendly. Aucun Français. Ce qui fait qu’aucun cardinal, en charge d’un diocèse en France, ne serait donc, à ce jour, électeur à un conclave. Autre surprise : les propos du Pape sur la reconnaissance juridique de l’union homosexuelle.

Ce n’est un secret pour personne que le pape François n’aime pas la France, « vieille femme stérile » ni l’Europe qu’il ne connaît pas. Ce n’est pas un secret non plus qu’il n’aime guère le catholicisme romain, allant jusqu’à mettre souvent, sur un pied d’égalité, toutes les religions dont il pense que la diversité est voulue par Dieu. C’est même auprès du Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, que le pape aurait trouvé, lors de la rencontre d’Abu Dabi, la source d’inspiration de l’encyclique Tutti Fratelli. Encyclique saluée par Madame Dominique Coatanea, théologienne enseignante à la Faculté jésuite du Centre Sèvres, non pas comme une utopie mais comme « un horizon de sens ». L’inappétence pour l’Europe de ce Pape « venu du bout du monde » et qui » n’a pas peur des schismes », comme il le dit lui-même, a donc une explication sérieuse. Se contenter de mettre sur le compte d’un exotisme, —tout relatif car l’Argentine n’est pas le cerce polaire—la provocation de discours a bracchio, tout en les créditant d’une habileté jésuite, ne dispense pas de sonder ce désir de renouveler à frais entièrement nouveaux le visage de l’Eglise. La charge fameuse contre la Curie, la distinction appuyée entre une Eglise, pauvre et spirituelle, et Rome, la Grande Prostituée du livre de l’Apocalypse, renvoie à une conception millénariste (ou messianique ) de la religion, et pas seulement à la théorie de la libération marxiste.

Ce n’est un secret pour personne que le pape François n’aime pas la France, « vieille femme stérile » ni l’Europe qu’il ne connaît pas. Ce n’est pas un secret non plus qu’il n’aime guère le catholicisme romain, allant jusqu’à mettre souvent, sur un pied d’égalité, toutes les religions dont il pense que la diversité est voulue par Dieu. C’est même auprès du Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, que le pape aurait trouvé, lors de la rencontre d’Abu Dabi, la source d’inspiration de l’encyclique Tutti Fratelli.

La figure du Poverello dont le pape a choisi le prénom, avait tout pour séduire. François d’Assise, jetant ses habits aux pieds de l’évêque ; François et les oiseaux ; François et le Sultan ; François et le cantique des créatures ; François, écolo avant l’heure. Héros d’une Légende dorée, le Poverello est devenu, tout naturellement, l’icône d’une Eglise Verte. Le mystique, fidèle au pape, a été abandonné à Frère Soleil, Soeur Lune et soeur la Mort. Peu importe que François doive son prénom à l’amour de sa mère pour la France et que le Cantique des créatures ait été commenté par Thérèse d’Avila, le successeur de Pierre a tout de suite été adopté par ceux qui ne croient pas au Ciel et appelé familièrement par son prénom de François et de « Pape François ».

Ce qu’on ne sait pas toujours, c’est que François d’Assise fut aussi le fils spirituel de Joachim de Flore ( XIIème siècle) dont les écrits nombreux ont fait beaucoup de vagues dans l’histoire. Qui est ce Joachim de Flore ? Prophète pour Dante qui le place dans son Paradis, ou hérétique, Joachim de Flore est un moine calabrais né en 1135. Après une conversion, il fonde le monastère San Giovanni in Fiore dont il prend le nom, d’inspiration cistercienne. Accusé d’hérésie, à cause de son livre sur la Trinité, par Innocent III, au Concile du Latran, condamné par Thomas d’Aquin dans sa Somme ( 1266-1273), il rejoint l’ordre de Citeaux—et l’ordre de Flore disparaît en 1570. Son fondateur laisse beaucoup d’écrits dont une Exposition de l’Apocalypse, et sa théorie des âges de l’humanité fut très inspirante pour les siècles suivants.

Joachim de Flore pensait que l’histoire de l’Eglise correspondait à la structure ternaire de la Trinité. Après le temps du Père ( Ancien Testament ) et de sa loi dure, venait le temps du Fils, plus tempéré. Puis le temps de l’Esprit : l’Eglise spirituelle enivrant les coeurs d’amour, où la liberté remplace la loi, qui verrait la réconciliation entre Orient et Occident, Juifs et Chrétiens. Par l’entremise d’une partie du mouvement franciscain qui se croyait « la nouvelle vraie Eglise spirituelle » et s’opposait à la papauté mondaine, cette idée provoqua des débats théologiques considérables dont le cardinal de Lubac étudia la postérité dans un livre nourri. Pour Joachim de Flore, le temps était venu, pour l’Eglise, d’une ère nouvelle : celui d’un tout Nouveau Testament, de l’« Evangile éternel ». Or, une division ternaire de l’histoire n’existe pas. Car c’est toute l’Histoire qui est le temps du Dieu trinitaire. Cette hérésie, relayée par une partie importante des Franciscains, prit fin, mais pas son influence. Après Luther et Hegel, l’Evangile éternel inspira Michelet, Quinet, Sand, George Eliot, Huysmans, Bloy, Bloch. Mircea Eliade pense que Joachim de Flore accomplit l’Histoire par une « géniale eschatologie », digne d'Augustin. Ernst Jünger voit en lui un précurseur de la philosophie de l’histoire. Ernst Bloch lui consacre un chapitre dans « Le principe espérance ». Pour Spengler, Joachim de Flore est le premier penseur, de la trempe de Hegel, qui ruine l’image cosmique dualiste d’Augustin, éveille un regard cosmique sur notre culture ( in Introduction au déclin de l’Occident.) Nul doute qu’on ne puisse trouver, à notre époque, des traces nombreuses d’une gnose florienne. [...]

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Sylvain Durain : « Acheter sur Amazon, c’est tuer les librairies, mais aussi les maisons d’édition et les auteurs »

Comment avez-vous accueilli la nouvelle de l’interdiction d’ouverture des librairies en France ?

Évidemment sans surprise, nous nous attendions depuis le mois de juin à un nouveau confinement, les indices commençaient à pulluler de la part du gouvernement. Ce qui nous choque le plus, c'est l'absence de bon sens totale dans cette histoire. Les librairies demandaient la réouverture pour concurrence abusive face aux supermarchés, le gouvernement ferment les rayons de livres de ces derniers et laisse ainsi le champ libre à Amazon. Plus besoin de siéger dans les conseils administratifs pour développer ces entreprises désormais. Jean Castex doit à tout prix se réveiller, il en va de la survie du pays profond !

En ce début de confinement, comment vous organisez-vous pour poursuivre autant que faire se peut votre activité ?

Nous avons opté pour des permanences de 10h à 13h, puis de 15h à 18h pour permettre aux gens de venir chercher leurs livres préalablement commandés sur le site. Les retraits en magasin permettent l'économie des frais de port à nos clients. Pour ceux qui sont plus éloignés, il y a les commandes en ligne avec livraison, France et pays étrangers. Nous avons beaucoup de commandes qui viennent du Canada notamment. Les commandes continuent donc, mais notre chiffre sera impacté sensiblement par cette crise. [...]

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La fabrique du faux

Tous rivés à nos interfaces machiniques nous tabulons autant de reflets, de mirages, de parcelles de vides. Isolats suspendus d’informations, nos vies et nos routines encodées dans des réseaux où le chimérique se heurte au fantasme. Nos existences tout entières résumées à des fragments d’algorithmes, procédant de cette fabrique du faux qui babille à longueur de temps, dans ce brouhaha continuel de bavardages, de commentaires, de commentaires de commentaires. Le « mème » comme nouvelle monade syncrétique de cette nouvelle réalité, où l’atome a été remplacé par la donnée – cette fameuse « data » dont se gargarisent les nouveaux alchimistes du digital.

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Ni Allah, ni César : Dieu

Comment vivre l’expérience de la vérité dans cet océan, dans ce brouet tautologique dont toute hiérarchie est évacuée ? Le complot, c’est-à-dire la sensation d’un Mal occulte, invisible et ubiquitaire, est la pathologie de notre époque hyper-informationnelle, la névrose d’un monde sans socle, qui oscille sur des tréteaux en trompe-l’œil. Dans un monde où ce parasitage, ce brouillage perpétuel est devenu la norme esthétique, dans un monde où la seule injonction civilisationnelle consiste à s’inscrire dans un silo d’artifices, de s’incarner dans un avatar, le Mal redevient, comme en écho à cette dissolution, une pure probabilité et donc un pur programme. [...]

Dimitri Casali : « Ce sont les rois qui ont fait la France »

Quelles sont les raisons qui ont donné naissance à cet ouvrage ?

Je souhaitais rappeler d’abord que l’héritage de nos rois est partout, tout autour de nous sans que personne n’en parle aujourd’hui. Comme si nous souhaitions le dissimuler… C’est un non-sens : la France est le produit d’un double héritage monarchique et chrétien et aussi républicain et laïc. Le discours d’Emmanuel Macron aux Mureaux en est une preuve : il a parlé uniquement de république et n’a jamais prononcé le mot France. Il y a clairement une volonté de couper les liens avec notre passé royal et chrétien qui m’a toujours scandalisé. C’est une querelle archaïque et stérile, un combat d’arrière-garde alors que nous assistons à une lente et longue montée de l’ignorance totale de nos racines et de notre histoire. C’est cela qui m’a motivé à écrire cet ouvrage qui réhabilite l’idée royale à travers ses plus glorieux monarques.

La compréhension de notre histoire, de notre identité nationale, de nos racines passent donc et inévitablement par la défense de notre patrimoine historique ?

Notre identité est avant tout culturelle. La France est la terre des arts et des lettres depuis François Ier, et même bien avant car il est l’héritier d’un long travail initié par ses prédécesseurs. Il ne faut pas oublier que dès le XIIe siècle, on parlait d’ « art français » et non d’art gothique comme on le fait aujourd’hui. Ce sont les rois qui ont fait la France, le plus vieil État-nation au monde. Je ne comprends pas que nos élites refusent toujours d’enseigner cela à nos enfants et même aux nouveaux arrivants. [...]

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Les zéros sociaux : les zèbres, le génie en rayé

Ah, les zèbres ! De superbes animaux du genre equus, seuls de leur groupe à ne pas pouvoir être montés. Farouches mais grégaires. On les reconnaît aux stries noires qui traversent leur robe blanche. Trois espèces de zèbres nous étaient pour l’heure connues : le zèbre des plaines, le zèbre des montagnes et le zèbre de Grévy. Il faut maintenant y ajouter une quatrième : le zèbre de Facebook. Naturellement bon, il est l’ennemi du cruel « pervers narcissique ».

Adulte surdoué et incompris de ses contemporains, le zèbre se plaît à se croire différent du tout-venant. S’il échoue, ce n’est pas vraiment de son fait mais bien la faute d’une société qui refuse de les comprendre, lui et sa sensibilité à fleur de peau. Sans faire de test de QI, le zèbre sait pourtant que le sien est largement au-dessus de la moyenne, avoisinant les 140. Il recherchera donc la compagnie, sur les pages Facebook qui lui sont dédiées, de ses semblables. [...]

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« La liberté de culte demeure une liberté fondamentale de la République »

Comment est née cette initiative parisiano-toulousaine ? 

Catholiques convaincus, Geneviève (la deuxième co-initiatrice) et moi-même avons été alarmés par la décision du Président d’interdire les messes pendant ce deuxième confinement. Nous ne pouvions pas rester sans rien faire, et avec plusieurs autres jeunes, nous avons décidé de lancer cette pétition en ligne. Nous ne voulions pas revivre un confinement comme en mars-avril, à suivre la messe par internet. Nous sommes convaincus que la religion catholique a besoin d'incarnation, quel les fidèles se retrouvent et participent physiquement à la messe. Nous ne voulons pas passer la messe de Noël sur notre canapé, comme ce fut le cas pour la messe de Pâques. 

Depuis que les messes publiques ont repris, fin mai, un protocole sanitaire très strict est respecté dans toutes les églises de France (port du masque, distanciation sociale, distribution de gel hydroalcoolique...). Nous, catholiques, avons montré que nous étions responsables. Désormais, le gouvernement doit pouvoir protéger la liberté de culte. Nous comprenons l'urgence de la crise sanitaire, mais nous demandons une proportionnalité dans les mesures prises. Nous pointons du doigt l'incohérence du gouvernement : à partir de lundi, des classes de 30 élèves vont se réunir dans des salles plutôt petites, mais le rassemblement de catholiques dans une église ne serait pas possible ? [...]

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Phénoménologie de la faute et du masque

Nos gueules sont masquées depuis longtemps. Strip-tease inversé. La nouvelle faute de goût, c’est le masque. Érotisme lugubre et démodé du vêtement qui bâille. Pourtant, l’affranchissement de la faute a été le grand rêve de 68. Sans entraves. Aujourd’hui, nous payons. Le mal est cet accident qui dure. Post-Éden. Quand nous devions choisir entre obéissance et transgression. L’exil et l’échine courbée sont notre mode d’être au monde, celui du bannissement du paradis, par extension de tous les paradis. L’exil est notre syndrome, celui de l’impossibilité de conserver ce que l’on a. L’espoir est l’expression de cette insatisfaction.

Nous nous sentons tous coupables. Rue des repentis. Spinoza disait que le repentir était une seconde faute. C’est plutôt une arme de putsch. [...]

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Pourquoi, lundi 2 novembre, je ne ferai pas de minute de silence
Face à la terreur islamiste, il s’agit non pas de faire silence mais de parler et d’agir. En effet, ce silence n’est-il pas équivoque ? S’agit-il de valider la tendance officielle à identifier la République française à la liberté d’expression et d’identifier la liberté d’expression à des caricatures ? Samuel Paty a été victime d’un crime abject […]
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