De Constantin Popescu Avec Bogdan Dumitrache, Iulia Lumanare, Costin Dogioiu Cristina et Tudor Ionescu forment une famille heureuse avec leurs deux enfants, Maria et Ilie. Ils ont la trentaine, vivent dans un bel appartement en ville. Il travaille dans une entreprise de téléphonie, elle est comptable. Un dimanche matin, alors que Tudor se trouve avec les enfants au parc, Maria disparaît. Disciple de Christian Mungiu, réalisateur récompensé par la Palme d’or en 2007, le réalisateur roumain Constantin Popescu offre avec Pororoca une tragédie humaine vertigineuse et saisissante de vérité. Chez Popescu, c’est au spectateur de comprendre. Comprendre comment l’un des plus atroces faits divers – la disparition d’un enfant – décompose peu à peu une famille et brise un homme. Plans larges et fixes fourmillent de détails cachés indispensables pour trouver des réponses, quand les plans intrusifs en caméra à l’épaule saisissent la détresse et l’isolement de son héros, le réalisateur roumain excelle dans cette alternance. Jamais didactique, il sollicite l’œil et l’attention du spectateur pour décoder son film, se refuse à toute facilité narrative comme à toute esbroufe sentimentale. Si l’on peut regretter une perspective frôlant le nihilisme, Pororoca n’en demeure pas moins déchirant et terriblement humain. De Gary Ross Avec Sandra Bullock, Cate Blanchett, Anne Hathaway La sœur de Danny Ocean, Debbie, rassemble les talents d’une équipe de pros de l’arnaque pour voler un collier estimé à 150 millions de dollars pendant le très prisé Met Ball de New York et ainsi réaliser le plus gros coup jamais orchestré par les Oceans’. On croyait les aventures d’Ocean & co terminées, c’était sans compter l’imagination débordante d’un producteur philanthrope prêt à tout pour satisfaire les #metoo du 7ème art, toutes excitées d’avoir quitté le dernier festival de Cannes une charte « pour plus d’égalité » dans leur sac à main. Nous voici donc repartis pour un tour de passepasse : un nouveau casse, une cheftaine de bande (Sandra Bullock), une équipe de gonzesses spécialistes en tout genre, le gratin black/blanc/beur en talons aiguilles, et un méchant furieusement transgressif, le mâle blanc. Si les deux premiers Ocean’s tutoyaient le sommet des divertissements, Océan 8 tutoie le néant. Un vide à refiler le vertige à Maurice Herzog. Non écrit, affreusement interprété et platement mis en scène, rarement miroir eut été aussi laid. Steven Soderbergh avait réussi à doper un script assez classique par ses dialogues ciselés, son ton décalé et une sophistication précise toujours au service de sa narration, ici, le pauvre Gary Ross se contente de dupliquer un storyboard avec autant de classe qu’un gagnant du loto en vacances à Saint Barth. Une daube à ragaillardir le plus peureux des misogynes. De Mike Newell Avec Lily James, Michiel Huisman, Matthew Goode Sur l’île de Guernesey, durant la Seconde Guerre mondiale, le quotidien de quelques excentriques qui font équipe pour former un club littéraire. Cette île de Guernesey offre un délicieux parfum vintage. Un voyage dans le temps où s’entremêlent le pittoresque et le tragique. Mike Newell connait son métier (Quatre mariages et un enterrement, Donnie Brasco, Harry Potter…) et use des bonnes ficelles pour mettre en scène un programme guère séduisant sur le papier. Une photographie léchée, des interprètes bien dirigés, une caméra légère et de l’esprit bien distillé, on se laisse rapidement séduire par ce cercle d’excentriques fort sympathiques au passé qu’on devine tragique. Si le vernis ne souffre d’aucune faute de goût, il lui manque de la matière, celle qui offre du souffle et non quelques soupirs. Celle qui vous mue un bon téléfilm de la BBC en grand cinéma romanesque.
Une tragédie humaine vertigineuse, la version talons aguilles d’Ocean ou un cercle littéraire d’excentriques…Que faut-il aller voir ou fuir au cinéma cette semaine.
Pororoca
Ocean 8
Le Cercle littéraire de Guernesey
À VOIR OU À FUIR, C’EST LA SEMAINE CINÉMA DE L’INCORRECT
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Publié le
13 juin 2018
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