Max Jacob définissait la qualité d’une œuvre en fonction de deux critères : qu’elle soit stylée et qu’elle soit située. Le style, cela se comprend, il s’agit de la cohérence interne et de la singularité formelle d’une œuvre. Mais la « situation », voilà qui est plus subtil à caractériser. Disons que c’est la manière dont une œuvre s’inscrit dans le champ artistique ou imaginaire, sa personnalité, son rayonnement, son caractère. L’œuvre d’Antoine Volodine est assurément stylée, d’une poésie évidente, d’une maîtrise supérieure, mais là où elle est absolument unique, c’est qu’elle est sans doute la plus située de la littérature française. Par sa rumination chamanique des catastrophes du XXe siècle dans un univers alternatif, onirique, poétique et sombre, drôle et cruel, elle a élaboré une réalité littéraire vaste, complexe, réticulaire, hermétique (non au sens d’inaccessible mais au sens de fermée sur elle-même), et cela d’une manière totalement incomparable. Après une cinquantaine d’ouvrages avec la signature de plusieurs hétéronymes et sous la couverture de différents éditeurs, Antoine Volodine est en passe d’achever le projet d’une vie, un projet dans l’écho est promis (du moins si l’humanité ne s’anéantit pas) à une glorieuse postérité. Rencontre avant la clôture du chantier. [...]
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