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Beetlejuice-Beetlejuice : Mange tes morts

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Publié le

11 septembre 2024

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Un retour qu’on n’attendait pas du tout et qui sentait d’avance la tentative poussive pour renouer avec le succès d’antan… surprise : cette suite de Beetlejuice n’est pas un échec, et semble même ranimer le cadavre d’un cinéaste qui sucre les fraises depuis 15 ans.
© Beetlejuice

De quand date le dernier bon film de Tim Burton ? Voilà bien 10 ans que le réalisateur star des années 90 enchaîne les projets embarrassants (Alice aux pays des merveilles, Dark Shadows) et les échecs cuisants (Dumbo). Autant dire qu’on n’attendait pas grand-chose de cette suite de Beetlejuice, on craignait même le come-back opportuniste,  dans cette vague de films hollywoodiens qui tentent lâchement de séduire les quadras nostalgiques avec des suites ou des préquelles convenues de leurs films-doudous.

Foutraque et régressive

La comparaison s’arrête là : il semble que Tim Burton, qui aurait de son propre aveu sombré dans la dépression après l’échec public de Dumbo, avait quelque chose à défendre en ressuscitant Beetlejuice. Cette suite n’est pas tant une “séquelle” qu’une sorte d’aggiornamento crépusculaire et forain, une manière de régler ses comptes une bonne fois pour toutes avec le monde des spectres et cette esthétique gothique qui l’a rendu célèbre – tout en l’enfermant dans une image forcément périssable. A ce titre, il faut reconnaître à Beetlejuice-Beetlejuice la qualité d’une sorte d’auto-analyse foutraque et régressive, où le scénario-prétexte sert surtout à panser quelques blessures narcissiques – ce dont le réalisateur ne se cache jamais. Après un début mollasson qui laisse présager le pire (écriture poussive, manque d’enjeux, acteurs dirigés plus ou moins n’importe comment) le film bifurque miraculeusement vers le mieux en moitié de bobine. Le scénario s’emballe, tourne presque à l’écriture automatique et dans ses meilleurs moments laisse entrevoir l’excellent film qu’il aurait pu être : un remake bariolé en forme de comédie musicale testamentaire, façon Rocky Horror Picture Show. Parmi les multiples pistes lancées par le scénario, certaines sont vraiment réjouissantes – l’adolescent-tueur enfermé chez ses parents, la vision d’une Amérique contemporaine résumé à des clowns grotesques et veules qui font paraître les morts forcément plus vivants – d’autres sentent le réchauffé – un énième personnage de femme rapiécée, heureusement défendue par la toujours accorte Monica Bellucci, qui porte décidément bien sa soixantaine.

Une comédie de la refiliation

Quant au personnage de Beetlejuice, si Michael Keaton le défend toujours avec une belle énergie, on sent bien qu’il n’intéresse plus vraiment Tim Burton, le réalisateur californien se focalisant presqu’entièrement sur le personnage de Lydia Deetz (Winona Ryder, toujours étincelante) et sur ses rapports contrariés avec sa fille (Jenna Ortega) et sa mère (Catherine O’hara qui reprend son rôle). Le rapport mère-fille est donc bien le vrai sujet du film, qui s’apparente à une sorte de comédie de la « refiliation ». Une manière pour Burton de s’amender après avoir fait son beurre sur les morts, qui culminera dans un final joyeux, comme s’il finissait par hurler à la face du monde sa volonté de s’émanciper du noir. Les hommages, citations et auto-citations, loin d’être lugubres, font mouche : une séquence à la Mario Bava, une référence à l’émission culte Soul Train, un pique bien placé aux romances vampiriques et une conclusion matoise en forme de rêve-gigogne qui pourrait faire office d’épilogue à une carrière chaotique mais néanmoins remarquable.

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