Au départ, il y a les Indiens. Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb, le premier des conquistadors, jette l’ancre dans les Bahamas, face à l’île Guanahani. Quelques jours plus tard, il voit les premiers indigènes fumant des feuilles de tabac enroulées. C’est l’aube d’une grande passion qui va gagner la planète.
Certes, les débuts sont poussifs. De retour en Espagne, un des matelots de Christophe Colomb, a la mauvaise idée de fumer à tout-va. Soufflant de la fumée par la bouche et le nez, les passants sont effrayés et pensent qu’il est possédé par le diable. Le tribunal de l’Inquisition l’envoie en prison pour dix ans. Ces mésaventures ne découragent pas les addicts. Progressivement le tabac s’introduit dans les classes supérieures. Il est apprécié pour l’esthétisme de ses grandes feuilles et ses propriétés médicinales. Étourdi par la fumée, le patient oublie sa douleur !
L’introduction du tabac en France fit de Saint-Claude la capitale mondiale de la pipe en bruyère
Les XVIIe et XVIIIe siècles constituent l’apogée de la pipe. À cette époque, elle n’est pas en bois mais en terre cuite. Les pipes en argile sont produites dans de vastes fours. 1 000 à 5 000 unités sont cuites en même temps. Le fumeur achète une douzaine d’entre elles à la fois, car la pipe en argile est fragile.
Au XIXe, la pipe actuelle en bruyère apparaît. Poussant sur le pourtour de la Méditerranée, la bruyère est un arbuste aux racines profondes qui présentent des nœuds compacts. Secs et légers, les nœuds sont taillés pour constituer des pipes robustes. Les tourneurs de Saint-Claude s’emparent de ce nouveau bois. Lieu de pèlerinage, ce bourg jurassien était connu jusqu’alors pour sa production d’objets religieux en bois. L’introduction du tabac en France fit de Saint-Claude la capitale mondiale de la pipe en bruyère. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !