Dans les interstices du monde entièrement technicisé, la résistance s’organise. Car la cause n’est jamais perdue. En tout cas, on ne nous accusera pas d’intelligence artificielle avec l’ennemi.
En 1812, en Angleterre, les « luddites » ont échoué. Ces ouvriers tisserands, brisant les métiers à tisser mécaniques que l’industrie leur imposait, ont été écrasés par l’armée et le gouvernement. Même chose à Vienne en 1819. À Lyon, les canuts aussi ont échoué, en 1831 et en 1834. Résultat : baisse des salaires, augmentation du temps de travail, asservissement à la machine. Puis le taylorisme a affiné un peu plus la domination de celle-ci sur l’homme, qui en devient un véritable rouage. Au XXe siècle, les deux grandes guerres sont avant tout des guerres de machines, et les soldats de la « chair à canon », ou des cobayes pour expérience nucléaire et autres prouesses techniques de l’industrie de l’armement. Entre les deux, les Soviétiques érigent en héros le mineur Stakhanov, véritable homme-machine.
À la chute du modèle communiste, le modèle capitaliste et libéral triomphant parvient à donner une image sympathique et symbiotique de la machine avec l’homme. Ruse de la technologie magique au service de l’homme : Les temps modernes de Chaplin (1936) revisités au ripolin par le satirique Mon Oncle de Jacques Tati (1958). Les Trente Glorieuses instaurent un pacte faustien : confort et pouvoir d’achat contre destruction de la vie autonome et (...)
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